Photos de Denis et Sandra Guyot
Publié le: 23 juin 2022 par Nida-Errahmen Ajmi
Mon premier circuit en moto – L’expérience AcidTracks

Je vous présente mon expérience de novice totale sur circuit en moto. Venant d’un milieu avec très peu de motards, je vous partage ce que j’aurais aimé savoir avant d’y aller. Cet article peut être le guide du total ignorant pour le premier circuit moto.

REPORTAGE

Avant le circuit

Parlons déjà de la période avant le circuit, j’ai beaucoup stressé. Quand je dis que je n’ai aucune expérience circuit, c’est très sérieux. Or avant d’aller sur circuit il faut préparer sa moto, son équipement et ses affaires pour dormir sur place. J’entendais tout le monde parler de dormir dans les boxes, mais je ne savais même pas à quoi ils ressemblaient. Je me demandais comment je pourrais me doucher, manger, à quel point je risquais de fracasser ma moto ou simplement de me blesser ? Allais-je être accompagnée sur place ? À plusieurs reprises j’ai failli abandonner, mais mon amour pour la moto a fini par l’emporter sur les craintes. Ainsi je peux répondre à toutes les questions que je me suis posées avant d’y aller et peut-être rendre service aux débutants comme moi.

Je ne parlerai pas beaucoup des dépenses financières car cela dépend des situations. Avec AcidTracks, une sortie coûte entre CHF 300.- et 400.- mais inclue les repas. Je dirais qu’il faut compter entre CHF 650.- et 900.- suivant l’état de votre moto avant le circuit (pour les pneus, plaquettes de freins) et les possibilités de déplacements personnels (un fourgon, une voiture et une remorque, ou s’y rendre par la route). Cela inclut le prix des jours au circuit, les déplacements et la préparation de la moto.

Préparer sa moto

Pour une première fois j’ai trouvé judicieux de confier ma moto à quelqu’un qui saurait la préparer car je n’ai pas le matériel ou les connaissances pour le faire moi-même. De manière générale, il faut scotcher tous les phares et les débrancher pour éviter qu’ils ne grillent sous la chaleur en roulant. Ensuite, il faut s’assurer d’avoir des plaquettes bien garnies et des pneus à maximum 50% d’usure. Les pneus route sont tout à fait adaptés à un premier circuit, seulement plus la gomme est tendre mieux elle accroche et plus elle s’usera vite. Donc un pneu sportif n’aimera pas les 400km d’autoroute que vous pourriez lui mettre avant le circuit.

Une fois la moto prête, il faut l’amener sur les lieux et pour cela il faut à nouveau prévoir un minibus ou une remorque. J’ai confié cela car je n’ai aucune manière de déplacer ma moto et j’ai cherché qui accepterait de me prendre jusqu’à Alès parmi ceux qui se rendaient également au circuit. N’hésitez pas à vous manifester en cas de besoin car il y a des solutions à tout. Y aller par la route est aussi possible, mais demande pas mal d’organisation et limite le nombre de choses qu’on peut transporter.

Préparer son équipement et son séjour

Pour le circuit, il vous faut un casque intégral, une combinaison en cuir avec des sliders, une protection dorsale dure, des bottes montantes et des gants longs en cuir. Pour ce qui est du matériel pour séjourner sur place j’ai été trop minime, heureusement que mes collègues et organisateurs sur place sont serviables et généreux. L’idéal serait de prévoir de quoi dormir confortablement, se munir contre le froid, pyjama, des bouchons d’oreille et de quoi couvrir les yeux, 1-2 tenues confortables à porter le soir, crème solaire et autres produits d’hygiènes. J’ai fait le choix de dormir sur place mais il y a en général toujours des hôtels à proximité. Si on opte pour l’hôtel, on se repose mieux et il y a moins à prévoir mais il faut mettre le prix. Si on dort sur place, on gagne une belle ambiance, on économise des frais et on est directement sur les lieux le matin. Si on est mal équipé pour camper, on accumule facilement de la fatigue et ce n’est pas optimal quand on veut conduire de manière sportive et intensive sur la piste.

En ce qui concerne l’alimentation et l’hygiène, il y a tout ce qu’il faut sur place et on peut spécifier ses particularités alimentaires (dans le cadre d’une sortie avec repas compris, comme propose AcidTracks). Leur prestataire repas est bien organisé, je me suis bien nourrie et le cuistot était très à l’écoute. Au circuit d’Alès, les douches et toilettes sont propres et non-mixtes, il faut simplement prévoir son linge et ses produits. Il est à noter que tout ce qui est décrit provient de mon expérience à Alès et cela peut donc varier suivant les lieux.

Mes premiers jours de circuit

En arrivant sur place, il faut annoncer son arrivée et présenter sa moto pour vérifier qu’elle soit préparée pour le circuit. Si elle ne l’est pas, les participants peuvent être refusés. Il en est de même pour l’équipement personnel mais la vérification se fait avant chaque entrée sur le circuit par l’organisateur ou un commissaire de piste.

Mon premier jour sur circuit a été bien encadré, les débutants ne sont pas du tout livrés à eux-mêmes. Les sessions de roulage sont séparées en niveaux : débutants, moyens, avancés et racing. Ainsi chacun peut apprendre à rouler à son rythme et sans prise de risque. Le premier jour, le coach Rony nous voyait avant et après chaque session sur piste pour nous expliquer comment rouler correctement sur circuit et se tenir sur la moto. Les explications étaient très claires, personnalisées et pertinentes pour se sentir en sécurité. Une fois ces bases apprises, chacun décide des risques qu’il-elle désire prendre ou non. Le circuit est un lieu adapté même pour des grandes vitesses, si on adopte les bons réflexes.

J’ai ainsi appris à prendre les bonnes trajectoires sur un circuit, à quel moment accélérer et freiner, comment me tenir sur ma moto et quels sont les gestes qui peuvent me mettre en danger. Si on intègre bien tout l’apprentissage, la vitesse à laquelle on évolue est fulgurante et surtout on prend énormément de plaisir à rouler. Je me suis rendu compte que le danger n’était pas forcément dans la vitesse que je prenais mais dans la manière dont je roule. D’ailleurs, pour un premier circuit, j’ai décidé d’ignorer mon chrono et la vitesse et plutôt de travailler un maximum mes trajectoires et ma position. Si je devais résumer la position, je dirais qu’on bouge toujours sur la moto. Avant chaque virage on recule les fesses et n’en posons qu’une moitié sur le siège, on positionne correctement les jambes de manière à sortir le genou extérieur et on se retient avec l’autre genou contre le réservoir. Pour ce qui est des bras, il faut littéralement faire ce qu’on appelle un « dab » en tirant un bras de manière à positioner sa tête direction trajectoire.

D’ailleurs, en pratiquant tous mes apprentissages j’ai eu une surprise inattendue, j’ai posé le genou ! À aucun moment je n’ai visé cela et pourtant à travers les sessions mon genou se frottait de plus en plus souvent au sol. Au début j’ai été si surprise que j’ai crié dans le casque… et finalement c’est devenu une satisfaction. Je savais que ma trajectoire et ma position s’amélioraient à mesure que mon genou caressait la piste. J’avais plus de facilité avec le genou gauche et ce n’est que le lendemain que j’ai pu poser le droit aussi bien que l’autre côté.

Il y a des photographes sur places qui capturent nos moments sur la piste et qui plus tard nous permettent d’évaluer notre position. Des fois il faut payer les photos, avec AcidTracks elles sont gratuites. J’ai par exemple vu mon évolution mais aussi à quel point il me reste du travail pour perfectionner ma position. Voici un exemple, une des premières et une des dernières photos. On peut voir que dans la première je ne savais pas comment prendre une bonne position alors que dans la deuxième, je performe ce qu’on m’a appris.

Le second et dernier jour, voir mes progrès m’a énormément étonnée. Je pensais n’arriver à ce stade qu’après 2 voir 3 circuits, mais le fait d’avoir été correctement accompagné par les coachs était tellement sécurisant qu’on ne pouvait que s’améliorer.

Durant les 2 jours, nous avions la possibilité de nous inscrire pour un coaching personnalisé de 15-20 minutes où un coach de notre choix nous suit sur le circuit et corrige de manière ciblée (prestation parfois inexistante, payante ou gratuite selon l’organisateur). Je ne me faisais plus dépasser tous les quarts de tours et je parvenais de plus en plus à appliquer ce qu’on m’avait appris en y prenant du plaisir. Les trajectoires et la position devenaient de plus en plus naturelles. Entre chaque session de roulage, je ressentais une adrénaline et un plaisir inattendus.

Parlons de mon baptême, je suis montée derrière notre coach Rony pour faire 3 tours en guise de baptême (ça aussi, ça n’existe pas partout et il faut payer un supplément). C’est à ce moment que j’ai compris que les motos ont des freins et que les pneus sont littéralement fixés au sol. Les accélérations étaient si fortes et les freinages si prononcés que soit la roue avant pointait vers le ciel, soit j’étais soulevée de la selle. C’était riche en sensation et je dois dire que j’ai absolument adoré ces tours que plusieurs appréhendent. Depuis ce baptême, j’ai pris confiance en ma moto car je suis loin de conduire de façon aussi extrême, donc également loin d’atteindre une limite qu’à deux nous n’avons pas atteinte.

Y a-t-il des risques ?

Comme partout il y a des risques, mais sur piste le plus gros risque c’est soi-même contrairement à la route ou le danger peut provenir d’autrui. Vitesse ne rime pas forcément avec danger et pour être rapide il ne faut pas penser à la vitesse. Tout se trouve donc dans la manière de rouler, chacun fait le choix des risques à prendre ou non. Les accidents ne sont pas rares et ils se produisent lorsqu’on fait une erreur ou quand on se met à chercher les limites. Seulement les chutes sont bien moins graves que sur la route, on est bien équipé et le dispositif de sécurité est important. En tant que débutants, nous recevons tous les outils pour rouler de manière sécurisée donc c’est la phase où on risque le moins, les chutes sont généralement bénignes.

Ambiance au circuit

Grâce à AcidTracks, outre le roulage sur piste, plusieurs moments sont partagés autour d’un verre ou dans une bonne ambiance. On retrouve par exemple l’apéro le soir du premier jour où on peut se détendre et faire connaissance avec les autres participants. On peut également parler du traditionnel échauffement matinal qui allie humour et préparation. Une chose est sûre, il est impossible de s’ennuyer avec une telle équipe ! Au final, commencer la piste avec des personnes aussi enjouées, accueillantes et pédagogues m’a fait aimer l’expérience sous tous ses angles. Ce que je retiens c’est le plaisir intense et la passion partagée en collectivité, après une telle expérience il est très difficile d’arrêter ce qu’on a commencé.

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