Après de chics passages devant appareils et caméras, on reprend la route derrière notre guide pour en prendre plein la vue. D’abord grâce aux paysages magiques de la région, qui valent à eux seuls le déplacement, mais surtout grâce aux petites routes qui permettent de savourer la conduite d’une moto. Tous les sens en éveil, on profite de chaque instant de pilotage et on en redemande
La Tracer participe joyeusement aux festivités. Le séant soigné par la selle moelleuse, le buste et les avant-bras protégés par la bulle et les protège-mains, on ressent l’air juste ce qu’il faut et on garde ses forces pour piloter. Même en altitude, le twin délivre son couple conséquent dès les mi-régimes et on enroule facilement sur le troisième rapport pour se jouer des épingles, cassures, pifs-pafs, cyclistes, bouquetins et autocars qui jonchent le parcours. Le trafic est effectivement dense, mais une fois sur son rythme, on profite de la finesse de la Yam’ pour s’enfiler dans de vrais trous de souris.
En tête du groupe, ça avionne ! Beat, béat (désolé...), fait tout frotter en suivant notre guide. Claudio, le Tessinois de l'aventure, suit dans un style déhanché très pur et agréable à regarder. Derrière, je me contente de balancer la Tracer sur l’angle avant d’ouvrir en grand, profitant de son excellente motricité et du bon feeling du pneu arrière, qui ne décroche que rarement et progressivement sur certaines portions bosselées et poussiéreuses. En entrant fort sur les épingles, en descente, la moto remue un peu, mais sainement, sans se désunir. L’ABS permet à l’arrière de rester sage et limite bien les mouvements induits par le débattement augmenté de 12mm par rapport à la MT-07. Stable, vive, vivante, la Tracer 700 se sort avec mention très bien de cette arsouille. Et la troupe entière s'éclate au guidon.
Si l’on arrive rapidement aux limites de ses capacités sportives, il y a moyen de bien s’amuser à l’attaque avec la Yamaha. Seule une course cycliste, dans la montée d’un tout petit col, freinera nos ardeurs. On dépasse des grappes de vélos, dont bien peu se soucient de l’étroitesse de la route. Notre petit peloton finit par venir à bout du leur avant de bifurquer vers le bistrot du déjeuner. On se détend totalement, en deuxième, en envoyant la roue avant s’aérer d’une cirette sur l’embrayage. Le caractère de la MT-07 est bien présent et la Tracer s’amuse presque aussi facilement sur la roue arrière !
Ivres de plaisir, de sensations de pilotage et d’images à couper le souffle, on profite de l’agréable terrasse, de la vue sur la vallée et les montagnes du coin pour respirer un grand bol d'air et jouir de notre chance.
Après une nouvelle séance photo/vidéo dans un paysage à couper le souffle, au milieu des vaches, on finit par redescendre en vallée. Si le confort de la Tracer reste bien agréable, on se crispe derrière les autocars, les caravanes et autres breaks de famille, à l’arrêt dans de belles portions plus rapides.
Arrivés sur une route plus roulante, on profite de la très bonne protection de la bulle, réglée en position haute à la pause café. Si quelques remous se font sentir sur le sommet du casque, on est correctement abrité à haute-vitesse. Le réglage possible sur 28 positions permettra à chacun de trouver son bonheur. Pour mon mètre septante-six, la position la plus basse protégeait déjà bien mon buste et mon cou. Les vibrations restent contenues à mi-régimes, ce qui permet de cruiser sereinement sur les portions rapides.
On finira tout de même par retrouver une petite portion viroleuse où le freinage de la Tracer aura continué de nous séduire. Imperturbable à rythme tranquille, la Yamaha se laisse emmener où va le regard et permet de profiter de la route avec plaisir, sans subir les contraintes de la machine et en profitant de tout son agrément.
Finalement de retour à notre hôtel, l’envie de retourner s’éclater sur les superbes routes de la région se fait sentir, malgré la fatigue. Mais la raison l’emporte, tout comme les réservoirs quasi-vides de nos montures, après 270 kilomètres majoritairement parcourus à rythme soutenu. Avec un réservoir totalement plein et une conduite plus tranquille, les 350 kilomètres d’autonomie sont imaginables. Gorets…
L’entrée de gamme sport-touring de Yamaha est là pour donner le goût du voyage à ses pilotes, jeunes de préférence. Au vu du plaisir pris à son guidon dans la superbe région des Dolomites, le constat se pose : mission accomplie pour Baby-Tracer ! On n’aurait pas trouvé beaucoup de meilleures machines pour découvrir les petites routes de la région, ni pour se jouer de son trafic touristique et cycliste bien dense.
La petite Yamaha donne envie de rouler, encore et encore. Elle invite à prendre la route sur un coup de tête, à remplir ses valises (en option) et partir découvrir de beaux coins du continent. A une époque où le kilométrage moyen des sorties à moto est en chute libre, la Tracer 700 nous rappelle que l’un des plaisirs fondamentaux du deux-roues reste le voyage. Un voyage accessible à prix sympa, avec une grosse dose de fun sur la Baby-Tracer.