Photos de Lazar Simeonov, David Zimmermann
Publié le: 26 août 2021 par David Zimmermann
Essai du Sur-Ron Firefly – une enduro électrique de 55 kg

Lancée en 2018, la Light Bee, premier modèle de la marque Chinoise Sur-Ron est un deux-roues tout à fait unique et sur laquelle il est difficile de coller une étiquette. Au premier coup d’œil, elle ressemble à s’y méprendre à un E-Mountain Bike. Toutefois, elle n’a pas de pédales, possède un moteur capable de fournir 5 KW et 250 Nm en pic et et ne pèse que 55 kg. Vous avez dit moto ?

ESSAI

Une innovation venue de Chine

N’en déplaise à certains, les chinois ne se contentent plus de copier, mais innovent également comme dans le domaine des drones où ils dominent le marché avec une belle longueur d’avance. Des marques innovantes comme Sur-Ron montrent clairement le potentiel des véhicules à venir dans la prochaine décennie. Si Sur-Ron n’est pas la seule marque à s’être lancée sur le marché du deux-roues tout-terrain électrique, c’est de loin la marque qui a le plus de succès en ce moment.

Sur-Ron propose deux versions de la Light Bee :

Light Bee X : Cette version non homologuée pour un usage sur la voie publique peut atteindre une vitesse de pointe de 80 km/h. Elle ne pèse que 50 kg et coûte CHF 5’390.-. Sa puissance nominale est de 3 KW (puissance max 5 KW). Attention, elle est destinée uniquement à un usage sur un domaine privé.

Light Bee : C’est la version homologuée pour un usage sur la voie publique. Son moteur est identique, mais sa puissance nominale est bridée à 2 KW et sa vitesse à 45 km/h. Elle est équipée de phares, rétroviseurs, clignotants, klaxon et support de plaque et affiche 5 kg de plus que la X sur la balance. Pour rouler la version homologuée, il vous faudra une plaque jaune et un permis A1 accessible dès 15 ans. La Light Bee homologuée coûte CHF 5’490.-.

Une batterie maousse de 1’920 Wh !

Au vu de sa taille, on peut dire que la batterie Panasonic de 1’920 Wh s’intègre bien dans le cadre. Sa capacité est impressionnante. A titre de comparaison, c’est trois fois ce que l’on trouve sur les meilleurs eMTB. Elle pèse tout de même 12 kg ! On peut facilement la retirer en ouvrant le couvercle supérieur ce qui est pratique pour la charger pendant qu’on repart pour un tour avec une seconde batterie (CHF 1’300.-). Une charge complète nécessite trois heures. La batterie peut également être directement chargé sur la bête, au moyen d’une prise bien mieux pensée et aussi robuste que celles des eMTB à moteur Bosch par exemple…

Le moteur qui développe 2 KW en puissance nominale (3KW pour la version X) et 5 KW en pic est capable d’accélérer de 0 à 50 km/h en 3.9 secondes. Son couple de 250 Nm ferait même pâlir une Triumph Rocket III de 2’500 cm3 qui n’en sort que…. 221 Nm !

Le croisement entre un VTT de descente et une enduro 

Le look moderne et agressif de la Light Bee la situe entre un eMTB et une petite enduro. Avec 200 mm à l’avant et 210 mm à l’arrière, on a un débattement digne d’un VTT de descente ! Sa garde au sol de 210 mm n’est pas en reste et pour une fois, la hauteur de selle (810 mm) est accessible à tout un chacun. D’ailleurs, avec mes 1.82 m, la selle est presque trop basse, en particulier quand on fait la comparaison avec un eMTB. Quasiment tous les composants de la Light Bee sont fabriqués par Sur-Ron qui emploie une centaine de personnes. Sachez que Sur-Ron commercialise également depuis cette année la Storm Bee, qui avec ses 126 kg et 22.5 KW se veut être une concurrente directe à la KTM Freeride E-XC.

Test de la version non bridée

Ce test s’est déroulé en deux étapes. La première séance accompagnée du shooting photo a eu lieu ce printemps et m’a permis de comparer la bête en version non bridée et bridée sur un terrain privé. Pour info la version X est encore différente, je n’ai pas eu l’occasion de la tester. Un simple switch sur la version de test permettait de passer de l’une à l’autre. Il faut savoir que le contrôleur de la version homologuée et de la version X est le même depuis cette année. Je vous avoue qu’une fois qu’on a gouté à la version « full », c’est très frustrant d’avoir l’électronique qui nous coupe à 45 km/h alors que le moteur a encore une sacrée dose de patate en réserve. Même en montée, la Light Bee n’a aucun mal à atteindre les 60 km/h. En full power, en ouvrant les gaz brusquement, c’est le wheelie assuré. Un excellent outil pour apprendre à le maitriser car il est beaucoup plus facile à gérer que sur une « grosse » moto.

Test de la version homologuée pour la route (45km/h)

La 2ème séance de test s’est déroulée au début du mois d’août, avec une version homologuée. Je l’ai utilisé pour mes trajets journaliers afin de me rendre au travail. En conditions urbaine, on a vite tendance à oublier qu’on a un véhicule de la catégorie du vélomoteur tant il est facile de se faufiler dans le trafic comme avec un vélo. Les départs aux feux sont aussi assez spectaculaires, la réactivité de la Sur-Ron fait qu’en général je suis plus rapide que les autres usagers de la route à l’accélération jusqu’à ce que le bridage me coupe en pleine lancée à 45 km/h… C’est un vrai jouet pour la circulation urbaine, aucune autre véhicule à moteur  n’est plus fun et rapide en ville.

L’autonomie annoncée par Sur-Ron est de 100 km (à une vitesse de 20 km/h), une information peu pertinente car personne ne va jamais rouler à cette vitesse…

Lors de mon test j’ai donc tenté de rouler constamment au maximum des capacités de l’engin, afin de déterminer quelle était l’autonomie minimale. Sur mon trajet urbain de 12 km je consomme 20% de batterie. J’ai répété l’expérience plusieurs jours d’affilé et à quelques pourcents près, j’ai toujours la même consommation. En ville, on peut donc compter sur une autonomie minimale de 50 à 60 km.

Test en tout-terrain

Après quelques trajets maison-boulot-maison qui furent bien plaisants à son guidon, il fallait évidemment répéter le test en tout-terrain.

Avec toute la pluie qui est tombée ces dernières semaines, certains chemins de forêt étaient vraiment détrempés et j’ai dû rebrousser chemin à plusieurs reprises. Si ici encore, la version non bridée serait autrement plus fun sur les chemins larges prévus pour le passage d’une voiture, dans les singles trails de VTT, c’est une autre histoire. Passer des 25 km/h qu’on atteint rapidement en eMTB aux 45 km/h du Light Bee, nécessite tout de même certaines aptitudes. Même avec la version bridée y’a vraiment de quoi se faire plaisir car on atteint plus facilement ses propres limites que celle de la Light Bee.

Je termine mon tour après environ 1h30 et 35 km, il me reste encore 33% de batterie, soit une consommation similaire à mon test sur route. J’ai roulé moins vite, mais effectué plus de dénivelé. Je n’ai pas pu tester l’autonomie en version « full », mais là je pense qu’on peut tabler sur une autonomie maximale de 30 à 40 km.

Light Bee vs Enduro

Par rapport à une « vraie » enduro dans des singles tracks la Sur-Ron n’est pas ridicule parce qu’elle compense son manque de puissance par une agilité supérieure dû au fait qu’elle ne pèse que la moitié du poids d’une moto thermique 2 temps. Un débutant et même un utilisateur avec un niveau moyen seront certainement plus à l’aise au guidon d’une Light Bee que d’une enduro quand ça devient technique. Pareil pour une personne qui mesure moins d’1m75. La hauteur de selle de la Light Bee est plus accessible que celle d’une « vraie » enduro et c’est très sécurisant si on ne mesure pas 1m80.

Light Bee vs eMTB

Il me semble pertinent de comparer la Sur-Ron avec un eMTB, car les deux sont très proches. Lors de la première séance de test, j’avais justement pris mon Flyer Uproc 3, et avec mon pote photographe, on les a échangé à plusieurs reprises. Un eMTB pèse en moyenne 25 kg et son assistance est limité à 25 km/h, contre 56 kg et 45 (75) km/h pour la Light Bee.

Le poids supplémentaire a tendance à rendre la Light Bee plus stable en descente que l’eMTB quand ça secoue beaucoup, mais il faut prendre en compte également que les vitesses de passages sont bien différentes. La position est différente également, car on roule debout sur la Light Bee, comme sur une enduro. Dans certaines situations, la façon dont la puissance est délivrée en mode « full » est presque contre-productive car trop brutale pour repartir sereinement en pleine montée. Le mode bridé permet un départ mieux contrôlé.

Le débattement de la fourche réglable de la Light Bee est de 200mm contre 130mm sur mon Flyer. On ne se trouve clairement pas dans la même catégorie. L’amortisseur arrière du premier modèle de test avait la fâcheuse tendance à pomper excessivement avec mes 85 kg. Apparemment il avait un défaut et a été remplacé. Lors du 2ème test, la Sur-Ron était équipée d’un amortisseur haut de gamme FOX qui métamorphose le comportent de la bête mais coûte plus de CHF 1’000.-…

Bien évidemment, si l’on se retrouve planté dans un bourbier, sur une crête étroite ou dans un endroit où il faut pousser le vélo sur des escaliers, les 55 kg de la Sur-Ron peuvent vite devenir problématiques… Pour ma part, je sais que si j’avais une Light Bee, il y a forte chance que je n’utiliserais plus mon eMTB…

Customisable à l’infini

Sur-Ron commercialise d’innombrables accessoires sur son site (sabot moteur, repose-pieds taillés dans la masse, pédalier, etc). D’autres fournisseurs proposent des kits de jantes « super-motard » ou un kit de jante avant de 21 pouces, un kit pour rehausser la selle, des kits de renfort et j’en passe. Aux USA on trouve même de sociétés qui commercialisent différents kits de batteries et contrôleurs pour augmenter drastiquement la puissance de la Light Bee. Avec un contrôleur spécial et une batterie de 72 V et 45 Ah on passe de 5 Kw à 16 Kw, et un site parle même de 20 KW, ce que semble démentiel !

Il y a une grande communauté d’utilisateurs qui partagent leurs modifications et expériences sur des groupes Facebook et sur Youtube. Quand j’étais gamin on bricolait les pistons et carburateurs moteurs des vélomoteurs pour gagner de la vitesse, aujourd’hui on fait pareil, mais sur les batteries et contrôleurs…

Conclusion

Vendu 5’490 CHF en 2022 (soit 500 CHF de plus qu’en 2021), la Sur-Ron Light Bee coûte le prix d’un E-Bike moyen de gamme ce qui n’est donc pas exagéré quand on compare la capacité de la batterie, qui est un des éléments les plus coûteux (1’300 CHF). Celle de la Light Bee représente le triple des meilleurs batteries d’eMTB à ce jour. La version non homologuée pour un usage routier n’a que peu d’intérêt en Suisse, d’autant plus que la différence de prix est faible (100 CHF).

Bien qu’elle soit accessible dès 15 ans, au vu de son prix, la Sur-Ron s’adresse clairement à une clientèle adulte. Pour une utilisation urbaine, c’est plus une alternative aux e-Bikes 45km/h qu’aux scooters, car la Light-Bee est pauvre niveau équipement. Pas de coffre ni de place passager. Son autonomie de min. 50 km est tout à fait suffisante pour une utilisation urbaine, et comme il est possible de rapidement déconnecter la batterie du cadre, celle-ci peut être chargé dans un appartement. 3 heures sont nécessaire pour une charge complète.

L’autre public cible, c’est les enduristes. Comme elle ne fait aucun bruit, c’est une excellente option pour ceux et celles qui veulent s’entraîner discrètement en tout-terrain sans gêner tout le monde avec le bruit d’une moto thermique. Ici également, l’autonomie est suffisante pour faire un tour d’une bonne heure et demi. Sachez toutefois qu’en Suisse, cela reste interdit, mais si vous faites preuve d’un peu de bon sens et respectez les marcheurs et autres vététistes, il n’y a aucune raison que cela pose problème. Il faudrait être de mauvaise foie pour prétendre qu’un tel véhicule fait plus de dégâts qu’un eMTB sur les chemins.

Pour toute information complémentaires vous pouvez consulter le site de Rabouland qui les vends en Suisse Romande.

GALERIE

BILAN

ON A AIMÉ :

fun fun fun, léger, hauteur de selle accessible, autonomie de 50-60km, concept unique sur le marché

ON A MOINS AIMÉ :

bridage frustrant, selle basse pour les grands, amortisseur d'origine limite pour les plus de 80 kg, grosse augmentation de prix en 2022

FICHE TECHNIQUE

Dimensions
Longueur
1870 mm.
Largeur
780 mm.
Hauteur de selle
720 mm.
Empattement
1260 mm.
Poids en ordre de marche
55 kg.
Poids à sec
47 kg.
Capacité batterie
1920 kWh.
Électronique
Freinage
ABS
non
Frein avant
Shimano 4 pistons
Frein arrière
Shimano 4 pistons
Moteur
Type
brushless
Refroidissement
à air
Tension nominale
60 V.
Partie cycle
Châssis
aluminium
Course av.
200 mm.
Course ar.
210 mm.
Pneu avant
70/100-19 (jante 19x1.4)
Pneu arrière
70/100-19 (jante 19x1.4)
Performances
Puissance
6,8 ch.
Couple Max
250 Nm.
Transmission
Boîte
automatique
Shifter
non
Embrayage
non
Finale
chaine
Véhicule
Marque
Sur Ron
Modèle
Firefly
Année
2020
Catégorie
Enduro
Couleur
gris, rouge
Prix
5490 .- CHF
Lien site officiel
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