Les 115 chevaux annoncés se font sentir, surtout quand on roule avec le mode d'injection A et sans Traction Control. Un plaisir sans filtre, brut et authentique : l'esprit de la conception de cette XSR 900. Mais en 2016, on a aussi besoin d'un peu de quiétude. Les deux autres cartographies, sélectionnables à l'arrêt via un bouton sur le commodo de droite, permettent de savourer la Yam' avec sérénité. Le mode Standard lisse un poil le caractère du trois-cylindres, sans rien perdre en efficacité et permet de tirer le meilleur de la machine sans crainte de se faire déborder. Le mode B, lui, bride le moteur sur les mi-régimes et lorsque l'ouverture des gaz n'est pas totale. Il en ressort un ressenti plutôt perturbant, le caractère entier de la XSR étant soudain moins présent.
C'est de retour en mode Standard que je me tire gentiment la bourre avec la fine équipe, sur des routes au bitume très abrasif et au tracé qui oscille entre grandes courbes, lacets bien revêtus et petits virages piégeux. L'adrénaline monte, le compte-tours aussi, la pression sur les leviers s'accentue et la Yam' virevolte avec beaucoup d'enthousiasme! Réagissant aux moindres mouvements sur les cale-pieds ou au guidon, la XSR plonge en courbe comme un adolescent sur une boîte de nuggets et n'en bouge plus avant de se catapulter vers le prochain virage.
Après une pause midi au bord de l'océan, nous repartons sur des axes plus rectilignes qui mettent en avant le confort appréciable de la selle et le manque total de protection face au vent. Passé la vitesse légale sur autoroute, déjà bien pénible avec un casque jet, on s'ennuie. Un très bon point pour notre précieux permis de conduire! On apprécie tout-de-même le petit compteur rond, dont les informations se lisent facilement.
On s'étonnera de devoir refaire le plein aux alentours des 200 kilomètres, alors que l'on nous en annonçait plus de 260 avant de devoir abreuver la Yamaha. Notre guide nous expliquera que vu comme on conduit, c'est tout à fait normal et que la réserve de 3 litres est comptée dans ce calcul. Ah, enfin un reproche du chef, on est tous très fiers!
La fin du parcours nous permettra de traverser un paysage changeant, oscillant entre roches volcaniques, bord de mer de carte postale et étendues désertiques. On croisera même une triplette de dromadaires baladant d'heureux touristes. On est heureux aussi, après une journée à faire les zouaves sur une machine surprenante et attachante à plus d'un titre. Les nombreux curieux venus nous poser un paquet de questions lors de nos arrêts nous confirment que la XSR 900 ne laisse pas indifférent.
En surfant sur la vague du vintage et la mode du tout-personnalisable, Yamaha vise juste avec son concept Faster Sons. Surtout en nous proposant une machine aussi réjouissante, qui convainc sur tous les points. Le cocktail XSR 900, qui peut se déguster de bien des façons, ravit le motard en quête de sensations mécaniques "à l'ancienne" et s'avère très réussi. La XSR 900 a un goût d'avant, un goût de nostalgie mêlé à la saveur d'aujourd'hui. Elle a surtout un goût de moto, qui vous fait aimer vous lever le matin, qui vous donne envie d'ouvrir la porte du garage, d'aller avaler du kilomètre et de mordre la vie à pleines dents à son guidon.