Sur des routes malheureusement humides et très glissantes, c'est avec la cartographie B, plus douce, et le contrôle de motricité très intrusif (2) que débute l'essai. C'est dans ces conditions qu'on est bien content d'être équipé de la sorte. Le TC travaille en deux temps : d'abord il permet un filet de gaz plutôt que la louche qu'on essaye d'y mettre et si la situation est désespérée, il coupe complètement.
Une fois appréhendé, on se prend vite au jeu de rouler fort sans déclencher le second niveau du contrôle de traction. Force est de constater au passage que le grip de cette MT-09 est excellent. Le travail sur la suspension est aussi à saluer. Pour les routes sinueuses qu'on emprunte, un setting de suspension plus dur a d'ailleurs été concocté.
Le nouvel amortisseur est cependant trop rigide à mon goût. Sur quelques vagues du goudron, j'ai été soulevé de la selle. À ce niveau, seule la précontrainte est réglable, laquelle n'est pas en cause. La fourche réagit bien mieux au traitement qu'on lui inflige, je ne reconnais pas le portrait qu'on m'avait brossé de la précédente.
La MT a gagné en stabilité, la fourche ne bronche pas lorsqu'on attrape les freins précipitamment. En courbe, on peut lâcher une main sans mauvaise surprise. Les kilomètres s'enchaînent et il me prend des envies d'essayer les autres réglages électroniques. Une pression sur le bouton droit engage la cartographie standard. D'abord je glisse de l'arrière en permanence, mais sur un meilleur revêtement la conduite deviendra plus confortable qu'en B où on sent le moteur sous calmants.
Sur la route récemment refaite qui monte au point culminant de l'île, je continue mes changement avec le contrôle de traction que je réduis à 1. Connaissant déjà mieux la moto, je n'ai pas allumé le témoin TC et ai surtout découvert le vrai comportement imaginé à la conception. Le moteur répond volontairement à chaque sollicitation. En sortie de courbe, on peut précisément enrouler la poignée de gaz pour se propulser au virage suivant.
Dans la foulée, je passe à la cartographie A, la plus extrême. La nervosité du CP3 est exacerbée ; sur de grandes courbes, c'est probablement comme ça qu'on s'amuse le plus. Mais sur un tracé très sinueux, le domptage de la bête demande plus de concentration. La roue avant a aussi une grosse tendance à prendre les airs, défendant le statut de machine à wheeling de la MT-09. Par instinct de préservation, je garderai le D-Mode Standard et le TC sur 1.
La position de conduite a très légèrement changé avec +5mm de hauteur de selle et une assise plus plate. Le réservoir est toujours aussi fin entre les genoux et on reste basculé vers l'avant. J'ai aussi pu essayer la selle plate du catalogue accessoire, avec laquelle j'étais plus à l'aise pour attaquer, mais le confort pour l'autoroute n'y est plus du tout.
Le freinage n'a pas perdu de sa superbe en étant toujours aussi puissant et endurant. Menant bon train, le feeling à la poignée est resté constant avec un freinage progressif parfaitement dosable. Je m'en servirai volontiers pour charger le train avant que je trouve trop léger en temps normal. Ainsi maltraité, on peut mieux inscrire la moto en courbe, le problème ne subsiste qu'en ligne droite.
La gamme MT représente 43,5% des ventes Yamaha en Europe et avec cette nouvelle 09, il y a peu de chances que cette proportion tombe. Elle n'est pas parfaite, mais elle vise juste pour à peu près tous les aspects. D'abord le moteur CP3 au caractère bien trempé qui reste cependant accessible à n'importe qui et utilisable en toutes occasions grâce aux D-Mode et au contrôle de traction.
La suspension, qui était un sérieux reproche du premier modèle, s'est rachetée une conduite, en particulier la fourche. L'amortisseur m'a semblé trop ferme, mais je préfère largement cela plutôt que le sentir pomper en courbe. Enfin, tout ce concentré de moto sera vendu à un prix très concurrentiel (annoncé officiellement d'ici quelques jours), soit un rapport prix/prestation très avantageux. Les Hyper Naked Yamaha ont encore de beaux jours devant eux.