J’évolue comme sur des oeufs, les fesses parfois serrées lorsque je sens l’avant bouger. C’est casse-gueule ! J’apprécie à ce moment la progressivité du frein avant. Le contrôle sur le frein est parfait. La puissance est aussi au rendez-vous lorsque je tire vigoureusement sur le levier. Ce n’est qu’à très haute vitesse (au-delà de 130km/h) que le freinage monte ses limites en termes de puissance. La moto étant orientée route plutôt que circuit, je ne lui en tiendrai pas rigueur, je fais la fine bouche. Ce n’est de loin pas rédhibitoire, rassurez-vous, il y a de la marge ! Quant au frein arrière, il joue pleinement son rôle, en ralentissant la moto ou en stabilisant la moto dans les courbes serrées.
Le temps de la séance photos et la pause de midi ont permis à la route de sécher par endroit. Quand bien même les températures ont peine à grimper, je peux augmenter le rythme et profiter des performances du quatre-cylindres. Heureusement, le contrôle de traction veille au grain… ça glisse sur les trois premiers rapports (en ligne droite!). Le contrôle de traction a une action autant discrète qu’efficace, privilégiant l’accélération tout un maîtrisant la traction. Réglable sur trois niveaux (et déconnectable), il est calibré de concert avec les modes de conduite (road, sport et rain). Un quatrième mode de conduite, nommé rider, est entièrement personnalisable, combinant puissance et contrôle de traction.
Les conditions d’adhérence restent précaires. Le couple est très généreux, d’une part pour évoluer en balade jusqu’à 6’000tr/min, d’autre part, pour arsouiller à grandes rotations de la poignée de gaz. Au-delà de 6’000tr/min, c’est l’envolée sauvage ! Le 948cc ne manque pas de niaque ! Aidées par les rapports courts de la boîte, les accélérations sont tonitruantes et les reprises sont vigoureuses. Ce quatre-cylindres a du charisme. Il n’est d’ailleurs pas sans me rappeler le comportement moteur de la grande soeur Z1000 dont il est dérivé.
Le moteur de la Z900 a deux visages. Onctueux à bas régime, il se montre idéal pour l’évolution citadine comme pour les balades tranquilles tout sur le couple. Rageur une fois passé la moitié du compte-tours, pour s’extasier en mode arsouille. Alors que le couple est important à tous les régimes, notez que la puissance arrive progressivement, sans piéger.
Du fait que la selle soit légèrement plus haute, la position de conduite se trouve ainsi plus engagée. Cela reste polyvalent, ni inconfortable sur de longs trajets et suffisamment sur l’avant pour profiter des qualités de la fourche Showa et des remontées d’informations qu’elle offre. A ce propos, le châssis est rigide et les éléments de suspension en adéquation. A basse vitesse, ça sautille un peu sur les routes mal revêtues. Lorsque le rythme augmente, la rigueur de l’ensemble est bienvenue.
A haute vitesse, soit au-delà de 100km/h, la protection est parfaite pour le bas du corps, du bassin aux pieds. Il faut dépasser les 140km/h pour souffrir du manque de protection pour le haut du corps, jusque là le saute-vent fait son travail. Les vibrations sont inexistantes, même dans les pieds, peu importe le régime. Et quand je disais que les rapports de boîte étaient courts, ça se confirme avec un régime à 4’200tr/min à 100km/h…
Peu enthousiasmé à l’idée de tester un quatre-cylindres en ligne japonais, je ne me souvenais pas à quel point il était jouissif de cravacher une Z. Nerveuse à souhait, cette Z900 pleine de caractère me réconcilie avec cette architecture-moteur. De même, je suis aussi tombé sous le charme de ses lignes acérées.
Comme moto du quotidien à la belle saison comme pour les escapades énergiques, la Kawa’ est relativement polyvalente, si l’on excepte l’éventualité de prendre un passager (quasi impossible sur le ridicule strapontin).