
La Kawasaki Z650RS est une néo-rétro belle, amusante et accessible.
Mais est-ce la Rétrovolution tant attendue?
Après la Z900RS, Kawasaki remet le couvert et décline sa recette pour nous concocter une délicieuse néo-rétro de moyenne cylindrée. Esthétiquement, on a du mal à croire que la base technique provient de la Z650 (que nous avons testée en 2020) au style Sugomi si affirmé. Et pourtant…
Prenez donc une Z650, puis greffez-lui un phare rond, que vous faites surmonter par une instrumentation composée d’un double compteur analogique (qui cerne un petit écran numérique), et saupoudrez de cette fameuse peinture directement reprise de son aïeule, la Z550 de 1977. Et vous obtenez, grosso modo, la Z650RS.
De fins liserés et des jantes dorés aux bâtons fins qui rappellent furieusement des rayons d'antan viennent compléter idéalement la panoplie. D’autres éléments tels que le réservoir arrondi et la selle renvoient un clin d’œil appuyé vers cette époque (ainsi que le peu d'électronique embarquée), tandis que le pot d’échappement est bien intégré et le bras oscillant en aluminium plutôt valorisant.
Cependant le radiateur est quelque peu disgracieux dans sa finition et quelques câbles apparents rappellent, ici ou là, que nous sommes sur une machine de gamme intermédiaire. Mais globalement Kawasaki est parvenu à maintenir une qualité de fabrication très honorable pour une moto proposée à ce tarif…
Le résultat flatte l’œil, interpelle par le classicisme du rendu, tout en dégageant une indescriptible élégance, surtout dans ces tonalités "esméraldines"…
Bon, autant le dire tout de go : la sortie de la Cité phocéenne n’a pas été une partie de plaisir, tout comme le retour vers l’hôtel d’ailleurs, lequel est situé en plein cœur de la cité - Les deux trajets se faisant aux heures de pointe. Mais avec la Z650RS, nous avions une alliée de choix et l’on pouvait compter sur un bon rayon de braquage, une masse et un volume contenus pour manœuvrer sans trop d'efforts et sans faufiler aisément dans les ruelles étroites, ainsi qu’une belle maniabilité qui ne transforme pas les évolutions urbaines en cauchemars. La position, assez redressée, y contribue pour beaucoup, avec un guidon plus haut que sur la Z650 (+50mm), et plus cintré vers le pilote (-30mm).
La souplesse du moteur représente aussi une solide alliée dans ces situations contraires et contraignantes (lors de ces évolutions urbaines) : ça permet de reprendre en douceur sans cogner, avant de partir dans les tours avec suffisamment de vigueur pour vous extirper du flot des quatre roues. Jusqu’au feu suivant… La hauteur de selle, raisonnable et fine dans sa partie avant, et culminant à 820mm, aide aussi à se sentir à l’aise dans les manœuvres. Pour les court(e)s sur pattes, une selle rabaissée de 20mm sera aussi une alliée de choix.
On est partis, donc, nous les quatre Helvètes, en compagnie de toute la fine fleur de la presse francophone. On s’impatiente gentiment dans le flot ralenti des véhicules. Puis, en suivant une rue en pente, nous plongeons directement vers le Vieux Port, qui se détache des ruelles sombres. Pour longer ensuite le fil de l’eau. Le trafic se fait moins dense, on se décrispe, on se détend. La moto virevolte. Elle se balance sans effort, tout en restant stable.
On enquille. Un peu plus fort, au fil des hectomètres. La chaussée est parfois défoncée, parsemée de trous, de bouches d’égout, de raccords de bitume et autres limaces, mais la Kawasaki file droit sans trop chahuter son pilote et les dos d’âne sont allègrement absorbés par des suspensions plutôt souples.
On assiste aux premiers wheelings, elle lève. Puis arrivent les premiers gros freinages, on vient de quitter Luminy, le rythme s'accélère, la machine respire. Le feeling à la prise du levier est bon, les grosses galettes et le montage axial délivrent un freinage puissant et progressif, la fourche plonge. On est sur cette fabuleuse route, entre Marseille et Cassis. Les vitesses passent avec souplesse, les verrouillages restent assez précis. On retrograde, on relance, et le bicylindre repart dans les tours avec allégresse.
Nous passons ensuite Géménos, et la petite troupe s'achemine à bon train vers le spot de photos, en direction du fameux col de l'Espigoulier. Là, il y a toute une succession de virages: à (grand) rayon constant, qui se referme soudain, serré, puis très corsé (très serré), très obtus (le virage, hein!)... On a pu voir que la 650RS est une moto qui est saine et prévisible dans ses réactions, freinant bien, et qui possède un twin avec un joli petit caractère. Malgré leur bon travail, il faut juste composer avec la souplesse des suspensions, que mon quintal tout équipé met bien à l'ouvrage et en contrainte... Les séances photos finies, nous nous dirigeons vers le restaurant. Où nous attendent le repas, ainsi que l'aïeule de 1977.
L'après-midi étant de roulage libre, je reprends la fameuse Route des Crêtes avec deux compères, mais depuis la Ciotat cette fois-ci, et là, ça attaque. Je retrouve les sensations du matin, à savoir : un bon freinage, du confort, suspensions un poil souples, un moteur allègre, pas trop puissant mais bien coupleux, avec ce petit "pom pom" bien sympathique, en faisant bien attention de bien chauffer les pneumatiques au préalable... Le retour vers l'hôtel fut un calvaire, pas d'autre mot, mais là aussi, la petite fée Verte s'en est sortie avec souplesse et honneur, dans un milieu hostile fait du soir qui tombe, de la circulation frénétique et de routes barrées...
Sauf cyclone, et autres porte-containers qui bloquent des canaux maritimes, la livraison des premiers exemplaires en Suisse devrait avoir lieu début décembre 2021. La version noire se négociera à CHF 8’990.-, tandis que le vert émeraude et le gris seront proposés à CHF 9’150.-. Ces prix restent calés dans ceux de sa concurrente directe, une certaine Yamaha XSR700 - ils sont encore provisoires et peuvent varier légèrement en fonction des fluctuations du taux de change. Bien sûr de nombreux accessoires seront aussi disponibles pour se concocter une Z650RS aux petits oignons: on a parlé de la selle basse (-20 mm), mais seront aussi disponibles une vraie poignée de maintien, une prise USB sous la selle, des protections de réservoir, des crochet et kit de support pour des bagages, sans compter une grille de protection du radiateur...