Reportage publié le 09 novembre 2020

A la découverte de l'Altai! [page 2]

Texte de Laurie Bernard / Photo(s) de Laurie Bernard

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Nous faisons escale au col Seminskiy (1’717 m d’altitude). On peut y boire un café ou grignoter un morceau. Ce lieu n’a rien d’attrayant, mais c’est un très bon spot pour faire des achats souvenirs à des prix intéressants. Nous passons la vallée de Karakol, connue pour sa montagne à « 3 têtes », lieu de culte local, qui relie notre monde au monde supérieur. Plus au sud, en direction du village de Bichiktu-Boom, traduit par "Rochers avec inscriptions", se trouve une concentration de pétroglyphes. 

Nous atteignons le col Chike-Taman (1.460 m). Le point de vue est superbe et le tracé pour s’y rendre, tout autant. Quelques clichés et nous continuons notre virée. Nous retrouvons la Katun et son bleu glacé si caractéristique. Juste après le village d’Inya, nous nous posons un instant pour admirer le spectacle sur l’embranchement de la Katun et de la rivière Chuya. C’est elle qui sera notre guide désormais. Plus on roule et plus le paysage devient minéral. Perchés sur « Mars », l’horizon s’ouvre à 360°. D’ici, la Mongolie n’est plus qu’à 70 km. Et le paysage parle de lui-même : une étendue semi-désertique, qui annonce les steppes à perte de vue. La terre joue des plus belles couleurs, entre ocre, rouille ou nacre… Nous bifurquons sur une piste, pour prendre de la hauteur. Là-haut, c’est le calme. Et l’on profite du panorama dans son intégralité. 

Nous n’irons pas plus à l’Est. Car la prochaine étape, c’est le « Katu-Yaryk » ! Pour y accéder, il faut rouler jusqu’au village d’Aktash. Ici, nous quittons la Chuysky Trackt, en prenant la direction du Nord. 

Une dizaine de kilomètres et l’asphalte n’est plus qu‘un lointain souvenir : quel bonheur ! La « Red Gate», étroit petit canyon aux teintes rougeâtres, marque le début de l’aventure. La piste ondule au milieu d’une multitude de lacs. Les berges du Kidelyu offrent une halte idéale pour un déjeuner. Nous entrons dans le village d’Ulagan pour faire les pleins : nourriture et essence. 

Encore 45 km de pistes, avec plusieurs arrêts pour profiter des paysages ou des curiosités rencontrées. Et enfin, le voilà ! Le Katu-Yaryk. Réputée l’une des routes les plus difficiles au Monde, elle serpente dans le vide sur 3,5 km, via 9 épingles, et 800 m de dénivelé. En bas coule la rivière Chulyshman, donnant son nom à cette superbe vallée. 

Depuis un mirador improvisé sur un rocher dressé au-dessus du vide, j’exulte. J’observe cette trace qui défie les lois de la gravité et qu’il va falloir aborder avec la plus grande délicatesse. Le temps s’est arrêté. Je suis restée en observation presque hypnotique face à ce panorama. Manifestement, je ne suis pas la seule. 

Le soleil qui s’enfuit, nous entamons la descente. En 1ère vitesse, en s’aidant du frein moteur. Accompagnée de mon fidèle ami Vitali, dans le rôle du singe, je ne peux m’empêcher de crier dans mon casque pour évacuer mes émotions. Le côté « girly » peut-être ! Purée, quel pied ! À entendre les échanges animés de chacun à notre arrivée au pied de ce géant, je ne crois pas avoir été la seule à avoir donné de la voix. 

Nous passons la nuit dans un camp de base, logés dans un petit chalet de bois. Les toilettes, c’est la cabane au fond du jardin. Et la douche, c’est le bagna (sauna russe). Rien de tel pour faire du bien au corps qu’une séance au bagna, ponctué de baignade dans la rivière. Enfin, le barbecue sous un ciel étoilé, animé par les amis d’un jour, français et russes. Le programme parfait, n’est-ce pas ?

La piste continue jusqu’au lac Teletskoye. Alors, c’est parti ! 

Un stop aux « Gribby ». Nous quittons la moto pour une randonnée d’une bonne heure. Ça monte, sur un terrain escarpé, pour accéder à ses formations rocheuses qui ressemblent à des champignons (gribby, en russe). Cette excursion, qui mettra à mal nos facultés physiques, en vaut la peine : la perspective sur la vallée est grandiose.

À notre retour, un local vêtu de la tenue traditionnelle nous attend dans sa yourte. Nous nous installons autour des flammes pour écouter ses chants gutturaux : et le temps se suspend…

Dans les Monts Altaï, les russes disent que « c’est le seul endroit sur Terre où tes pensées sont les plus proches des cieux ». C’est aussi une métaphore, qui t’indique qu’ici, tu te reconnectes avec toi-même, avec l’essentiel. 

Pour poursuivre notre itinéraire, à partir des Gribby, deux options : continuer jusqu’au sud du lac Teletskoye ou rebrousser chemin. Aller jusqu’au lac permet de découvrir le paisible panorama de ses berges. Mais pour y accéder, la piste de 50 km n’est pas en bon état. De gros cailloux jonchent le sol et menacent d’endommager sérieusement la mécanique. Ça vaut la peine de tenter si le bac confirme qu’il fait escale au Sud du lac... S’il ne vient pas, c’est le cul de sac assuré. Et il faudra de toute façon revenir en arrière. 

La première année, j’avais filé jusqu’au Lac. Le bac n’est jamais venu…  Il était en panne ! On finit par trouver un pêcheur qui chargera le quad et les hommes pour la traversée (80 km en 8 heures). Le reste du team nous rejoint au nord du lac par la voie terrestre, représentant un « détour » de 700 km… Alors, il vaut mieux prévoir ici (et encore, rien n’est sûr) … ou avoir du temps ! 

Cette fois, avec une logistique plus lourde, l’hypothétique passage du bac n’était pas une option. Nous retournons au campement. Le lendemain matin, c’est l’ascension du Katu-Yaryk qui sera au programme. Loin de la frustration de « refaire le même chemin », les étapes prennent une nouvelle dimension, avec le « verso » du paysage des jours précédents. 

Bientôt, la boucle est bouclée. Retour à Gorno-Altaïsk…

Nos journées furent ponctuées de panoramas majestueux, de rires et de joie, de découvertes de la nature environnante, de rencontre avec les locaux. 

Nous avons vécu l’espace d’un instant, au rythme de ces habitants, dans un confort rudimentaire qui nous rappelle ce qu’est la vie. Et surtout, nous avons partagé, ensemble, un ride inoubliable à travers l’Altaï. 

Pour celle ou celui qui serait intéressé à découvrir l'Altai ou d'autres magnifiques régions de Russie en compagnie de Laurie, que ce soit en Ural, en BMW GS, en petite groupe ou à la carte, n'hésitez pas à faire un tour sur le site de son agence Ride'n'Be.

David
AcidTracks 2019 - Organisation de sorties pistes

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