
Ce qui m’a le plus manqué tout au long de mon voyage, c'est les bivouacs sauvages. Pouvoir se poser et planter sa tente n’importe où, sans avoir à faire attention aux personnes et aux animaux. Et bien le Soudan permet cela ! En effet, dans ce pays musulman, le voyageur est très bien accueilli, on l’aide et lui facilite son voyage car il apporte la bonne fortune dans leur tradition.
Ainsi, mon premier soir sera un vrai retour à la nature...
Un habitant du coin passera juste me voir pour savoir si j’avais assez d’eau pour la nuit. En effet, alors que juste avant, en Éthiopie, il faisait froid, ici, il fait chaud, très chaud ! Alors que je me dirige vers Khartoum, la capitale, car j'ai encore des visas à faire et des points administratifs à régler, face à moi, venant de la direction inverse, arrive un drôle d’équipage !
Sur un sidecar russe (Ural), Mel et sa fille aussi autiste. Elles viennent d’Angleterre et descendent en Afrique du Sud. Elles souhaitent sensibiliser l’opinion public sur l’autisme et, par ce voyage, aider la jeune fille à s’ouvrir sur le monde. Un beau projet mère/fille qui porte ses fruits au vue de l’enthousiasme de la petite !
Arrivé à Khartoum, je rencontre un motard belge flamand, en BMW 650GS Dakar.
Durant tout mon voyage, il a été légèrement devant ou derrière moi mais jamais on ne s’est croisé, malgré nos timing similaires.
Notre objectif est le même : rejoindre l’Europe. Malheureusement, la géopolitique joue contre nous. L’option Égypte est impossible depuis quelques mois ; il nous reste l’option Arabie saoudite, pour rejoindre la Jordanie puis Israël où de là, on pourra prendre un bateau vers le Grèce, étant donné que la Syrie n’est pas non plus une option possible. Sauf que, dix jours avant qu'on dépose notre demande de visa de transit pour l’Arabie, le pays ne délivre plus de visa durant le mois de janvier ! Nous voici donc bloqués. On fera malgré tout une demande exceptionnelle à l’aide de nos ambassades, mais pour ça, il faut attendre la réponse.
Je profite donc de l’attente pour faire un tour aux pyramides. En effet, je ne verrai pas celles d'Égypte donc il faut au moins que je vois celle du Soudan !
En route, je m’offre une belle traversée du désert, je ne suis pas un pilote du Dakar, mais là, je revois dans ma tête ces images qu'on voit chaque année début janvier...
Sauf que c’est moi sur la moto !
Et puis, les pyramides... la récompense, après avoir pas mal lutté dans le sable, couché la moto quelques fois et relevé autant de fois par 40°C ! D'où l'importance d’avoir de l’eau avec soi dans le désert...
Cette escapade aux pyramides est ma dernière aventure africaine. Donc le soir, je décide de dormir à la belle étoile en haut d’une dune. Idéalement, j'aurais voulu avoir ma moto à côté de moi, mais impossible de monter : sable trop mou et je suis trop fatigué pour lutter. Ma moto restera plantée au milieu de la dune...
Traverser des déserts, c'est fatiguant mais c’est quand même magnifique ! Et on s’en rend encore plus compte lorsqu'on prend un peu de recul. Entre joie et fierté, on hésite...
Mais il est temps de rentrer à Khartoum et attendre la réponse pour mon visa. Des motards en voyage au Soudan, c’est pas courant, la nouvelle se répand vite. Du coup, un groupe de motards local vient à ma rencontre : Abdu et ses amis.
Abdu, c’est celui sur ma moto. Il essaye de rencontrer les motards qui passent par Khartoum pour savoir s'ils ont besoin d'aide ou autre. Les Soudanais sont accueillants, et cela couplé à la solidarité motarde, valeur internationale, on se lie vite d’amitié ! Pour l‘anecdote, Abdu s'est mis à la moto après avoir rencontré Ewan MacGregor et Charlie Brown durant leur Long Way Down. En effet, lors de leur passage à Khartoum, ils ont séjourné à l’hôtel de luxe où il travaillait à l'époque. On ne vit pas tous la même aventure...
Et puis un jour, un drôle de bonhomme débarque... il est certainement un peu fou, vraiment très drôle et courageux mais surtout... il est suisse !
On ne peut pas vraiment parler d’une mobylette, mais plutôt d’un vélo à moteur. Il me semble que ça s’appelle un Pony, un vélo avec un moteur de 50cc 2-temps. Beats va rallier l’Égypte à l’Afrique du Sud au guidon de son drôle d’engin. Bonne chance à lui !
Et puis, la nouvelle tombe pour moi : pas de visa ! Donc pas de sortie d’Afrique... Reste le plan C : faire partir la moto en avion.
Mais mon budget au Soudan étant très limité, les cartes bancaires ne fonctionnant pas, je dois démonter la moto pour faire une caisse petite et donc payer moins.
Elle partira donc en Turquie, Istanbul, la destination la moins chère au départ de Khartoum. Quant à moi, le temps du transit, je continuerai à découvrir la Vallée du Rift sans moto en passant par la Moyen-Orient... c’est la fin de l’Afrique.
Alors qu'en France, il m’a fallut un mois pour organiser mon envoi vers l'Afrique du Sud, là, en quelques jours tout était réglé !
La caisse est prête, rendez-vous en Turquie !
L’Afrique aura été magnifique. Pas toujours simple, mais c'est vraiment le continent du voyage. C'est avec un pincement au coeur que je quitte ce continent, et c’est encore pire car j'ai dû changer mes plans. Deux fois. Mais ne l’oublions pas, le but de ce voyage, c’est de rallier Lausanne, la route n'est pas finie...
À bientôt !