En tournant autour cette VFR DCT (pour Dual Clutch Transmission), on ne se fait pas trop de souci. Elle ressemble presque trait pour trait la VFR «manuelle» et pas à un scooter, les commandes de boîte n’ont pas l’air si dures à trouver. Evidemment, il n’y a ni levier d’embrayage ni sélecteur, mais ça, on l’avait deviné! « Dès qu’on coupe le contact, la boîte se remet au point mort», explique un employé de Honda Suisse. «On tire le frein à main pour éviter que la moto soit entrainée par son poids.» Vous avez bien lu! Un frein à main! Situé à gauche du guidon, il ne vous permettra pas d’entrer en glisse dans une épingle mais vous autorisera un stationnement dans une léGère pente. Attention toutefois, dans les zones plus inclinées, la moto ne sera pas suffisamment freinée.
Après le frein à main, le technicien détaille le fonctionnement du mode automatique, sur le commodo droit. Un mode D (Drive) pour tailler gentiment la route et un mode S (Sport) pour… le sport. Bien vu! On peut passer d’un mode à l’autre à tout moment, d’une simple pression sur le bouton adéquat. A l’avant du commodo, une petite gâchette permet de passer du mode automatique (AT) au mode séquentiel (MT). Une fois le mode séquentiel enclenché, c’est sur la gauche du guidon que cela se passe. Un bouton, entre le klaxon et les clignotants, vous permet de descendre les rapports. Une gâchette située à l’avant du commodo enclenche les rapports supérieurs. Facile à comprendre, mais il faut s’y faire… Il est d’ailleurs temps d’enclencher le mode Drive et de se mettre en route.
Où sont les watts?
Rapidement, le mode Drive montre ses limites en ville. A 50km/h, on doute du bien-fondé de ce systême. Le manque de couple de la VFR se fait cruellement sentir au moment de s’extraire du trafic ou de fuir une situation délicate. Le mode S se montrera bien plus adapté à un usage urbain. Une fois sur les grands axes, on repasse le mode Drive pour profiter de la douceur du V4 Honda. Mais là aussi, au moment de dépasser, le mode S se montrera salvateur. Le comportement un peu trop «automobilesque» du mode Drive pourra en décevoir certains.
En regrettant ce mode D plutôt limité, on ne peut que s’extasier devant le mode Sport, bien plus agréable à rouler. Ou effrayant, si l’on décide d’en éprouver les limites. On se retrouve alors à des vitesses plus que répréhensibles! Imaginez: vous êtes sur l’autoroute, en mode S et vous accélÃéez, pour dépasser une voiture. Plutôt que de passer la cinq, gentiment, la VFR continue de tirer sur la quatrième, comme si de rien n’était! Evidemment, plus vous êtes dans les tours, plus la VFR pousse! Extrêmement pousse au crime, totalement jouissif! Il faudra rester lucide et passer en mode séquentiel (ou Drive) pour revenir à une allure plus raisonnable. Une fois sorti de l’autoroute, où la VFR se montre confortable et agréable, l’envie d’aller tâter des routes de montagne se fait sentir. L’occasion rêvée de juger des qualités et défauts des modes Sport et séquentiel.
Playstation
Dans les premières courbes, on constate avec bonheur que la VFR DCT a conservé son comportement sain. Les dix kilos en plus de la boîte automatique ne se font pas sentir. On roule tout aussi facilement qu’avec une moto «normale», même si, à l’approche de certains virages, l’impression de ne rien contrôler peut perturber le pilote. Cette drôle d’impression mise à part, la VFR assure. Après une petite pause, l’envie d’essayer le mode séquentiel dans ces conditions se fait sentir. Hop! Une pression sur la gâchette «AT/MT» plus tard, vous voilà véritablement aux commandes! N’oubliez pas ce détail, ou le rupteur viendrait rapidement vous rappeler de passer le rapport supérieur. Une fois le maniement des deux… sélecteurs assimilé, on commence vraiment à s’amuser. Vous avez l’impression d’être devant votre télévision, la manette de votre console entre les mains? C’est normal! On passe les rapports comme qui rigole, gaz ouverts, sans craindre de faux point mort.
Il est bien sûr inutile de chercher à tomber tous les rapports en moins d’une seconde, la mécanique devant exécuter les ordres de l’électronique à son rythme. On n’est pas vraiment dans un jeu vidéo non plus, mais le gain de temps et d’énergie est réel… si l’on ne klaxonne pas au lieu de tomber un rapport. C’est peut-être le seul défaut du systême sééquentiel: on peine parfois àappuyer sur le bon bouton. Il arrive de descendre un rapport plutôt que d’en monter un, la moto se retrouvant alors au rupteur. En ville, vous en serez quitte pour une grosse honte, mais une erreur pourrait avoir d’autres conséquences dans un col.
Conclusion
Au final, lorsqu’on s’habitue au systême automatique et à la commande séquentielle, on prend vraiment du plaisir à rouler cette VFR. Certes, le mode Drive n’est peut-être pas réellement au point par rapport au couple de la machine. On peut penser qu’une cartographie adaptée résoudrait le problême. Les modes Sport et séquentiel sont redoutables, mais pousseront peut-être à l’excès les motards les plus chauds. Le système DCT représente peut-être l’avenir des motos routières et, comme toutes les solutions d’avenir, il en rebutera beaucoup avant de, peut-être, s’imposer comme une référence…