Bien installé sur sa béquille latérale, le T-Max se la joue. Dans sa robe noire très chic, avec sa finition impeccable, il détone face aux autres véhicules. Ce scooter a la classe et il le sait. Il est énervant, ce T-Max. A bien le regarder, il n’est pourtant pas très différent de ses « congénères » scooters. Du plastique partout, un moteur bien caché et… une facture de plus de 16’000 francs! Ah, là, il y a en effet une différence! Une telle somme pour un scooter, même de 500cm3, ça fait quand-même réfléchir. A ce tarif, il a intérêt à en avoir dans le variateur!
En démarrant l’engin, pas de surprise, on est bien sur un scooter. C’est silencieux, très silencieux. Tellement silencieux que vous vérifierez d’un coup de gaz si le moteur tourne bien. Ce dernier vous répondra d’un petit bourdonnement de scooter qu’il est bien là, quelque part sous les plastiques. Il fait peut-être un bruit de scooter, mais son tableau de bord est digne d’une GT! Beau, lisible, le compteur de vitesse est placé au centre et surplombe un compte-tour électronique plus ou moins lisible selon la luminosité. Sous ce compte-tours, une batterie d’informations comprenant l’heure, deux trips partiels et un totalisateur (tous trois disponibles via les commodos à droite du tableau de bord. Sur la droite, justement, on trouve un petit cadran indiquant la température d’huile. Son jumeau, tout à droite, c’est la jauge d’essence.
Un scooter se doit d’être pratique. Le Tmax est donc pourvu de deux rangements (non verrouillables) sous le guidon. L’un d’entre eux peut même accueillir votre iPhone grâce à un petit rangement dédié. Vous n’avez pas de iPhone? Ne paniquez pas, le Tmax peut démarrer sans être connecté à un produit Apple.
La selle, bien sûr, s’ouvre largement pour vous offrir un espace… un peu limite sur un scooter! Loger un intégral dans la soute n’est pas une mince affaire! Il faut « coucher » le casque pour refermer la selle, en forçant un peu… La position du moteur, dans le cadre, explique peut-être ce léger manque de place dans le coffre. L’espace disponible est plus dédié à un casque jet qu’à un intégral… Qu’à cela ne tienne, mieux vaut remettre ledit casque sur la tête et se mettre en route!
Après s’être fait tourner autour pendant cinq minutes, le Tmax peut enfin s’exprimer. Dès les premiers tours de roues, il se montre agile, léger et intuitif à la conduite. A basse vitesse, il fait montre d’une bonne stabilité et ne se « promène » pas comme certains petits scooters, très sensibles au niveau de la direction. Au démarrage on s’élance tranquillement puis, une fois passé 2’000 tours, la puissance augmente de façon linéaire mais efficace. Le bourdonnement devient plus rauque, plus « moto ». Enfin! Le Tmax se voit pousser des ailes et s’extrait sans mal de la circulation. Il faudra d’ailleurs surveiller le compteur, la limite des 50km/h étant très vite dépassée. L’imposante bulle, très efficace, gomme beaucoup l’impression de vitesse. Un facteur de plus qui facilite les excès. Le bicylindre est un régal pour la ville. Doux, volontaire, il permet au Tmax d’évoluer sereinement en milieu urbain. Pas de doute, le roi de la ville, c’est bien lui!
Après son sans faute en ville, le maxi-scooter Yamaha serait bien allé fêter son succès garé devant une terrasse. Mais voilà, malgré une consommation urbaine relativement élevée, le réservoir reste presque plein. La pause attendra, il est temps de sortir des bouchons pour se diriger vers de belles routes sinueuses. Pour cela, un passage sur l’autoroute s’avère nécessaire. Le Tmax s’affranchit de cette épreuve avec les honneurs. Son moteur, très réactif dès les mi-régimes, suffit largement pour s’insérer dans le trafic. Les kilomètres défilent dans un confort appréciable. On notera toutefois des bruits aérodynamiques et quelques remous sur le haut du casque, occasionnés par la bulle peut-être un peu haute.
Une fois sorti de l’autoroute, en attaquant les premiers lacets d’une route montagneuse, le Tmax continue de surprendre. Son moteur souffre certes un peu en montée, n’ayant pas plusieurs rapports pour rester sur les bons régimes, mais le châssis comble presque cette lacune. Yamaha n’a pas menti, le Tmax se pilote comme une moto! Une fois habitué aux sensations induites par la position typée scooter, on n’hésite plus à balancer l’engin d’un angle à l’autre, le buste incliné vers l’intérieur du virage. A cette fantastique agilité s’ajoute une stabilité impériale qui, combinée à la douceur du moteur, permet d’ouvrir en grand dès l’entrée en courbe. Le Tmax mérite son patronyme de « scooter sportif »! Le rythme augmente naturellement et le plaisir de pilotage, bien que différent de celui procuré par une vraie moto, est bien présent. Au niveau du freinage, les deux disques avant de 267mm, pincés par des étriers quatre pistons, vous ralentiront très efficacement. L’arrière, pourvu d’un simple disque du même diamètre, s’avère plus discret mais remplit bien son office. Au cas où un imprévu vous forcerait à tout planter, l’ABS de série veille au grain.
A force d’exploiter l’excellente partie-cycle du Tmax, la béquille centrale vient rapidement lécher le bitume et incite à limiter la prise d’angle. Revenu à des allures plus tranquilles, le Tmax continue de se faire apprécier. Avec environ 200 kilomètres d’autonomie en conduite mixte et un confort royal, il ira où vous voudrez sans rechigner!
Au final, s’il ne procure pas les mêmes sensations qu’une moto, le Tmax s’avère d’une étonnante efficacité en toutes circonstances. Peu de motards craqueraient pour un scooter, mais beaucoup perdraient sûrement leur latin après avoir essayé un Tmax. Yamaha a peut-être réuni le meilleur du scooter et de la moto en un seul véhicule. Pour certains, il ne restera jamais qu’un gros scooter qui se prend pour une moto. Pour d’autres, il ne sera qu’un moyen de transport rapide et pratique. C’est peut-être le défaut du Tmax: être placé pile entre raison et passion… et ne jamais savoir quel camp choisir.