J’ai choisi de débuter cette saison hivernale en force, c’est pourquoi je me suis tourné vers un quad sportif, et, pas n’importe lequel ! Le Yamaha YFM 700 R, ou plus communément appelé 700 Raptor, se présente à moi dans une magnifique robe bleue. Robe me paraît un qualificatif bien délicat et prude ! Permettez-moi l’image d’une charmante jeune athlète nippone en mini-jupe et top en tissu vinyle bleu. Vous y êtes ?
Le Yamaha Raptor 700 est un athlète esthétique. Son design allie des lignes sportives et sensuelles. A la fois racé, radical et agréable, son style fera détourner les regards. La conception du Raptor se veut light. Le carénage, réduit au minimum pour protéger le pilote des projections (provoquées par la rotation des roues), laisse apparaître le gros monocylindre. La partie avant du véhicule, de profil, donne l’impression de vouloir dévorer la route, tant elle est plongeante. Les gardes-boue arrière, toujours dans le même style, serve à l’aérodynamique du véhicule. Le Raptor est petit et trapu ; avant même de le chevaucher, j’imagine déjà ce dont il pourrait être capable. J’y entrevois déjà maniabilité, fougue, adrénaline, fun, ... Vous aviez toujours en tête l’image de la charmante nippone ?
Le Raptor est conçu comme une moto : un moteur dans un châssis-berceau, une chaîne de transmission, deux axes de roues, un guidon et un échappement le long de la selle. N’espérez pas un différentiel autobloquant, un treuil, une direction assistée, ... avec le Raptor, le sport et le fun priment !
Sans devoir me prier, c’est avec empressement que je chevauche ce jouet. J’enfile la clé dans le Neimann et bouscule le monocylindre d’un coup de démarreur. Le ralenti rappelle l’origine de la naissance du quad ; en effet, c’est bien dans le milieu agricole que la pratique du quad est née. Un coup de gaz taiera vos moqueries et jacasseries ! Le gros 700cm3 du Raptor est tout de même bien présent. Ça vibre et ça claque ! Intimidation garantie !
Après avoir consulté le manuel d’utilisation, je découvre où se situe la marche arrière. La manoeuvre est aussi acrobatique que peu précise : passer en neutre (faut-il encore le trouver facilement), tourner un bouton situé dans le pare-boue avant droit, puis, enfin, écraser le pied droit sur le sélecteur de vitesses tout en secouant le quad d’avant en arrière. Un voyant s’allume une fois le rapport engagé. Pas évidente, même avec l’habitude, la manoeuvre décrite n’assure pas à tous les coups l’engagement de la marche arrière.
Vous l’avez compris, le Raptor dispose d’une boîte de vitesses manuelle et, précisons, à cinq rapports. Les rapports sont très courts. La vitesse de pointe culminerait aux alentours de 140km/h... je n’ai pas vérifié, soyons raisonnable !
Sur le bitume, le Raptor est une boule de nerfs. Les démarrages en faisant patiner le train arrière se provoquent parfois même sans le vouloir. Tous les virages serrés se font en glisse et la roue arrière intérieure levée... amusant semble bien modeste ! La transmission arrière est assurée par une chaîne, un pignon de quelques dents et un axe bien rigide. C’est ce qui explique les levées de roue arrière intérieure obligatoire et indispensable pour bénéficier d’une motricité optimale en virage. L’absence d’un différentiel arrière assure aussi une usure rapide des pneus, sur sol dur et offrant un excellent grip.
Les cinq rapports se passent aisément. Etant motard, ce n’est pas gênant de se trouver en présence d’une boîte manuelle. J’ai d’ailleurs bien apprécié, cela contribuait au caractère sportif du Raptor. La direction non-assistée demande une bonne poigne. A haute vitesse, il ne faut pas avoir peur de s’agripper au guidon. Je n’ose pas imaginer ce que j’endurerai durant les séances hors piste.
Le Raptor fait preuve d’une incroyable vigueur. Le moteur est d’une puissance redoutable et son couple transmis aux crampons arrache le bitume. Sans efforts, vous partirez en wheeling. Un excellent châssis très rigide, un combiné ressort-amortisseur parfait, un moteur au souffle inépuisable, voilà ce qui fait du Raptor une machine redoutable. Autant la précision de son châssis peut être amusante, autant elle peut être traitre, gare aux excès d’optimisme et coups de raquette ; en effet, vous n’êtes pas confortablement assis dans un baquet... Une reprise d’adhérence brusque ou un changement de cap inattendu pourraient bien vous faire voler quelques mètres.
Son écran LCD vert algue d’aquarium m’informe d’un minimum d’informations utiles à la conduite. On regrettera l’absence d’un compte-tours et d’une jauge d’essence. On recommande ainsi vivement de faire le plein d’essence avant chaque sortie... car les 11 litres du réservoir se verront rapidement consommés !
Par là, n’imaginez pas non plus que le 700 Raptor présente une consommation gargantuesque, loin de cela ! Le monocylindre ne se contente que de 7-8 litres pour 100 km en conduite passablement soutenue. Ce résultat est honorable pour un quad de cette cylindrée. Ceci dit, son poids joue un rôle important ; pour l’anecdote, le gros Can-Am Outlander 800R de 300 kg à sec récemment testé ne consomme pas moins de 12 litres sur 100 km parcourus. Le Raptor, lui, affiche 180 kg et ne dépasse pas les 200 kg tous pleins faits.
Il est temps de se rendre sur les sentiers forestiers et sur les lacets enneigés des crêtes du Jura.
Ma première sortie hors piste s’est faite sous une pluie battante et dans la nuit noire. Pour une sécurité accrue et une ergonomie adaptée à la pratique du quad, j’enfile un équipement cross mis à disposition par iXS Motorcycle Fashion.
Les longs phares du Raptor éclairent juste ce qu’il faut pour ne pas flirter avec l’écorce si menaçante lors des virées nocturnes. Rouler de nuit en quad a plutôt trait à l’aventure, ce pourquoi le Raptor n’est pas destiné ; ainsi, on lui pardonnera la faiblesse de ses deux appendices au design pour le moins agressif.
Le confort d’utilisation est une notion quasiment inexistante. Les suspensions sont fermes, mais juste assez souples pour amortir les gros chocs et permettre une conduite décontractée sur des chemins forestiers entretenus. Dès que l’on s’attaque à des terrains accidentés, le poids plume du Raptor et la fermeté de la suspension me chahutent sans ménagement. Je saute de cailloux en pierres et les chocs dans la direction violentent sans cesse mes bras et le haut de mon corps. A grande vitesse, il faut tenir fermement le guidon pour garder le cap... le quad se laisserait volontiers emporter brusquement par un dévers ou un choc inattendu.
Les grimpettes dans les charrières ne sont ainsi vivement pas conseillées ; en effet, c’est dans ce genre de situation que le quad manque de motricité. Le gros couple présent dès les plus bas régimes permet cependant de garder un minimum d’adhérence sur les roues arrières. Par contre, dès que la vitesse augmente, ce sont les violentes secousses qui vous calmeront vos ardeurs.
Le Raptor, dans les virées hors piste, se prête plus volontiers à des chemins forestiers caillouteux et/ou enneigés et des circuits cross. Sur ce genre de terrain, on y roulera vite, parfois très vite en gardant un contrôle total sur la machine. C’est bien dans ces situations que je m’y amuse le plus : l’adrénaline de la vitesse, le train arrière se dandinant, les reprises phénoménales, la vigueur du quad, ...
Le franchissement de gros obstacles, les passages de charrières et la grimpe ne sont pas pour lui. Il est trop léger et deux roues motrices lui manquent parfois cruellement.
Au niveau du freinage, le Raptor fait fort ! Un bon dosage afin d’éviter le blocage des roues vous assure un arrêt sur une distance très courte. Gare à l’excès de confiance ; bien qu’il soit pourvu de pneus à crampons, les surfaces enneigées et glacées ne lui conviennent pas particulièrement. Tout comme en voiture, les freinages sont à anticiper. J’imagine bien que la pose d’un train de pneus adéquats lui donnera la possibilité d’être à la hauteur.
Le Raptor ne fait pas de compromis. Les éléments de confort sont réduits au minimum afin de privilégier le poids et le comportement général de l’engin. Bien que la vocation sportive soit clairement mise en avant, rouler un Raptor 700 apporte une bonne dose de plaisir !
Certes, cette ultime version n’est pas à mettre entre toutes les mains. La prise en main est relativement aisée. Par contre, l’agilité et la vigueur du Raptor demande une certaine rigueur de pilotage.
Ceci dit, vous le comprenez, la pratique du Raptor demande une bonne condition physique. Les séances de quad se soldaient par de bonnes douleurs dans les épaules et les bras.
Ces quelques jours d’essai du Raptor 700 m’ont permis de faire le plein d’adrénaline pour les mois à venir, nul doute ! Pour celui ou celle qui cherche un défoulement pour le week-end, n’hésitez plus ! Le Raptor est réellement une référence en la matière. Sur piste et en compétition, il a fait ses preuves et chaque année, il ne cesse de s’améliorer. Il est une machine de guerre accessible... alors, foncez !