Je m'attendais à une moto du vert le plus typique et extravagant, mais finalement le modèle d'essai est noir. Mais quand je parle de noir, c'est de l'avant à l'arrière et de haut en bas. Même les cale-pieds passagers et le bocal d'expansion du frein arrière sont passés au traitement furtif.
En 2005, les lignes étaient plutôt rondes et bouffies. Sur ce modèle, les traits sont plus directs, plus anguleux. Tortueux sans en faire trop, le dessin est plus fin que celui d'une R6, tout droit sortie d'un manga.
La bulle qui semble se détacher de la moto souligne bien l'agressivité apportée par la gueule béante encore plus ouverte qu'avant. Il faut bien ça pour gaver d'air le moteur. Deux discrètes écopes latérales ont aussi fait leur apparition mais cassent la ligne des carénages latéraux sans pour autant en dégrader la beauté.
Mon sentiment est plus mitigé pour les phares avant. Ils ont bien un style sportif, mais la courbure du verre les fait ressembler à des yeux d'extra-terrestre. Enfin le support de plaque et l'échappement, je n'ai pas besoin de vous en parler, ils vous ont sauté aux yeux au premier coup d'oeil.
La fourche Showa de 37mm de diamètre est une grande évolution pour la ZX-6R. Auparavant, la surface d'action de l'huile était presque quatre fois plus petite. La nouvelle fourche offre un ressenti de stabilité très clair en plus des possibilités de réglages complètes qui plairont aux motards les plus fins ainsi qu'aux pistards.
La Ninja d'essai revenait d'un petit tour sur piste et la suspension avant avait gardé son réglage très dur. Très limite pour le confort mais très efficace pour la précision du train avant, ça n'a pas rendu la moto incontrôlable même sur un revêtement irrégulier.
Autre changement, un anti-dribble empêche de bloquer la roue arrière lors d'un rétrogradage précipité. Vous seul pourrez bloquer la roue avec le frein. Kawasaki a aussi greffé à la sortie d'usine un amortisseur de direction Öhlins réglable ainsi qu'un nouveau tableau de bord complet avec indicateur de rapport engagé, shift light mais pas de jauge d'essence !
En prenant un essai à cette période de l'année, je m'exposais forcément à un climat plus froid et humide. Alors que la grisaille compromettait les séances photos, heureusement, il n'a pas fallu rouler bien longtemps pour trouver le soleil. Vous pouvez me croire que j'ai bien profité de mes quelques jours en sportive !
Partir du garage était déjà plaisant. Surpris par la légèreté et la maniabilité, je me suis immédiatement réconcillié avec la sportive en usage quotidien. J'ai aussi été surpris par les rétroviseurs qui en méritent vraiment le nom ! Reste l'abysse sans fond dans la courbe de couple à bas régime qui me rappelle que la ZX-6R n'est pas faite pour un usage urbain.
Une sportive, c'est fait pour envoyer du gaz et celle-là le fait à merveille. Lorsqu'on essore la poignée de gaz, le compte-tours commence par grimper tranquillement jusqu'à 6'000 tours. Alors que vous approchez de la limite de vitesse, l'aiguille entre dans une zone verte et le moteur change de comportement pour atteindre rapidement les 11'000 tr/min.
Si vous n'avez pas encore lâché la poignée de gaz et que l'allongement de vos bras n'est pas trop handicapant, le quatre-cylindres s'énerve et vous catapulte alors jusqu'à 16'000tr/min. Arrivé là, une petite LED vient vous suggérer de passer le rapport pour agraver votre cas de délincant routier, si le coeur vous en dit (et qu'il bat encore).
Quand le régime moteur se situe dans la zone verte, la Ninja permettra des temps de reprise extrêment courts, en un coup d'oeil le pilote sait que la réaccélération sera violente et directe. Tout comme au départ arrêté, il suffit de lâcher l'embrayage avec l'aiguille du compte-tours à l'horizontale et la moto s'envole.
Bien installé comme pilote ou passager, on est bercé par la sonorité régulière et aseptisée d'un quatre-cylindres en ligne. Le silencieux d'échappement, en plus de ne pas être esthétique, étouffe totalement les vocalises du moteur. Pourtant, ce moulin ne demande qu'à chanter, pourquoi pas avec un cornet slovène entièrement couvert de carbone ou un tube d'inox italien.
Bien protégé du vent, j'ai évité les premiers assauts du froid dans la région. Je me suis aussi permis une conduite sportive avec un sol relativement froid, connaissant déjà le temps de chauffe des BT016R monté sur la ZX-6R. Sans surprise, elle se balade d'un angle à l'autre avec une certaine facilité.
Au freinage, avec les réglage de fourche cités précédemment, la moto ne plongeait pas d'un centimètre et reste parfaitement droite en attendant le commandement de tourner. Les deux étriers Nissin sur les disques de 300mm offrent un excellent mordant et rendent un très bon feeling au levier. Leur endurance sur route ne fait aucun doute. Cependant ,sur piste, les durites aviations me semblent obligatoires pour ceux qui tournent à un rythme intensif.
L'indicateur de rapport aidera aussi les étourdis comme moi pour entrer dans un virage avec la meilleure vitesse pour s'en extraire à nouveau. Restera à se trouver un poisson-pilote pour suivre sa trajectoire à la trace et ainsi élever progressivement son rythme.
Vider un réservoir en une matinée (soit 200km environ) est un exercice étonnament agréable. La position de conduite déleste suffisamment les poignets pour améliorer l'endurance du pilote. Par contre, j'ai moins aimé serrer le réservoir entre mes genoux, la faute à l'espace mi-châssis, mi-plastique, mi-réservoir où l'on vient les appuyer.
Sur le nouveau tableau de bord, il y a encore un bonus : le chronomètre intégré ! C'est ainsi qu'à la place d'un banal bouton pour les warning, un bouton Lap est apparu à gauche et un Start/stop à droite. Comme cela, vous pouvez sans aucun accessoire mesurer votre progression au tour sur vos quelques sorties circuit annuelles.
Toujours cette même phrase lorsque je rends une sportive avec laquelle je me suis bien amusé alors qu'une fois de plus j'ai totalement révisé mon jugement sur la question.
Cette ZX-6R est une option sérieuse pour qui recherche une machine avec une grande liberté de pilotage, que ce soit au niveau du freinage ou de la maniabilité. Tout la suspension entièrement réglable, sans oublier l'anti-dribble, le chronomètre facile d'emploi et l'amortisseur de direction sont autant d'arguments qui peuvent vous convaincre. Après l'avoir essayée, je peux dire que je suis convaincu.