De San Diego et de la côte pacifique, filez en direction de Borego Springs ou de Lake Henkshaw ! La Californie, malgré les qu’en-dira-t-on, regorge de petites routes se nouant dans les reliefs. Des paysages côtiers ou de la jungle urbaine et de ses highways, on traverse la campagne, puis passe les cols menant au désert... en quelques miles, vous verrez de nombreux paysages aussi différents les uns que les autres. Dans tous les cas, la Californie jouit d’un charme fou !
Il est temps de choisir sa monture. Veut-on se la jouer bad boy et envoyer du lourd avec la Commander ou plutôt balade relax (prononcez à l’américaine!) en enroulant sur le couple ?
A la façon "californian look", nous jetons notre dévolu sur la Thunderbird LT dans sa livrée bleu caspien et blanc cristal (Caspian Blue / Crystal White). Au moment d’enfiler la clé dans le Neimann, de la tourner et de démarrer le gros twin, on est envahi d’émotions. La magie anglaise fait son effet. Un coup de gaz et tout votre corps vibre au même rythme que le twin longue course. Le "ronron" du moteur est bien présent. A l’échappement, il n’y a pas de quoi rivaliser avec les échappements libres (tubes afriques!) des motos des autochtones... Dans la liste des accessoires Triumph, un échappement "made in Hinckley" sera prochainement disponible (ouf!) et sans aucun doute, des accessoiristes aftermarket proposeront des silencieux qui donneront de la voix, à juste titre, au bicylindre Triumph !
Les pieds en avant, le séant confortablement installé, les bras étendus, ... La position est idéale et invite aux longues virées. On n’a qu’une question en tête qui tourne en boucle : "bon, on y va ?"
On tire sur le long et robuste levier d’embrayage (malheureusement pas réglable) et on passe le premier rapport qui se verrouille aussitôt en faisant un "clong" viril et rassurant. Les commandes sont viriles mais restent précises. Le premier rapport ne sert qu’à mettre la moto en mouvement. Le couple camionesque présent bas dans les tours permet de passer rapidement le second rapport, puis les suivants. Nul besoin de tirer jusqu’à 2’500tr/min pour accélérer de manière dynamique. A bas régime, le twin tremble et distille des à-coups (sans excès!) qui vous donnent le sourire aux lèvres. A contrario d’autres bicylindres, on apprécie particulièrement le comportement du moteur Triumph ! Les vibrations (modérées) contribuent largement au plaisir sans pour autant entacher l’agrément de conduite. Il suffit d’un filet de gaz sur le cinquième rapport pour traverser la ville de Rancho Bernardo.
L’itinéraire menant à la désertique région de Borrego Springs est ponctué des longues lignes droites des highways très fréquentés, mais aussi de belles routes sinueuses traversant les reliefs californiens. Il y a ainsi de quoi apprécier les atouts de la voyageuse Thunderbird LT.
Au-delà de 50mph, soit 80km/h, on bénéficie de la protection du large et haut pare-brise. Ce dernier est (encore!) plus haut de 10cm pour la Thunderbird LT "Launch Edition", ce qui permet d’une part d’être mieux protégé et d’autre part de regarder au travers. Les pieds sur les repose-pieds "highway", on cruise sur l’overdrive. On ne regrette que l’absence d’un régulateur de vitesse pour apprécier pleinement ce détour par l’autoroute. Donnez un peu de gaz et le twin vous gratifiera de "good vibes" (ndlr : bonnes vibrations) tout en tractant sans perdre haleine !
Bien que l’autoroute soit toujours très monotone, on apprécie les qualités de la Thunderbird LT.
En quittant le long ruban d’asphalte, au moment d’emprunter la bretelle autoroutière, on tire sur le levier de frein avant. Ça freine plus qu’il n’en faut ! Lancé à plus de 120km/h, le monstre de plus de 400kg (pilote compris ; 380kg tous pleins faits) ralentit efficacement.
La circulation se fait moins dense. On approche de la campagne et des montagnes. Les virages se resserrent. On tombe un rapport, voire deux. Le bicylindre tourne dans sa plage de régime optimal, entre couple et puissance. On saute sur les freins ; d’abord arrière pour asseoir la moto et gagner en stabilité, puis avant pour bénéficier de toute la force de freinage. Hormis que le freinage manque de progressivité, il se montre redoutable pour un cruiser !
D’un coup de guidon, la moto prend de l’angle sans effort et s'appuie sur le repose-pieds. Il est nécessaire d’étudier ses trajectoires et de rouler en toute fluidité. Cependant, on notera que la garde au sol n’est pas si pénalisante en conduite balade. La Thunderbird LT ne se destine évidemment pas à une conduite sportive. Quand d’autres cruisers frotteront dans tous les virages, la Triumph garde une marge de sécurité pour corriger la trajectoire en cas de nécessité. D’ailleurs, elle sera sans doute tout à fait à son aise dans les petits virolets des cols alpins.
Avant même la sortie du virage, on se régale à tourner la poignée de droite en grand. Le moteur ne rechigne pas à monter dans les tours, bien qu’il soit plutôt à l’aise entre les bas et mi-régimes. Accompagné des pétarades typiques d’un twin, on apprécie l’ambiance sonore qui contribue au plaisir de conduite. Evidemment, d’autres la souhaiteront plus présente, nul doute !
En traversant les larges et longues plaines désertiques de la région de Borrego Springs, on cruise sur un filet de gaz. Le confort offert par la Thunderbird LT n’a pas d’égal. La position de conduite est idéal pour les longs voyages. La selle ultra-moelleuse soigne le séant. Les vibrations du moteur semi-présentes à vitesse constante envahissent notre corps. L’agrément de conduite est à son comble !
Une journée s’est écoulée. Cent septante miles d’intense plaisir au guidon de la Thunderbird LT. Des nombreux cruisers déjà testés, la Triumph fait partie de ceux qui distillent confort, sex-appeal, plaisir et agrément de conduite ! Elle est une invitation aux longs voyages vers des contrées lointaines dans une ambiance classique à l’anglaise.
Le lendemain, nous attaquons la "soeur", la Commander. Bien qu’elle reprenne la mécanique et l’essentiel de la Thunderbird LT (ou le contraire !), nous avons affaire à une machine esthétiquement complètement différente ! Plus massive, athlétique et agressive, on l’attribue volontiers à une clientèle motarde "gros bras".
En s’installant à son guidon, on remarque une position légèrement différente. Par rapport à la Thunderbird LT, le guidon est incliné un poil plus vers le bas pour privilégier une conduite plus sportive.
Puis, dès les premiers ronrons du bicylindre 1700cc, on s’aperçoit que la tonalité des échappements est plus prononcée et plus métallique. L’ambiance se veut d’emblée plus sportive, bestiale et entraînante ! Enfin, quand vous avez moins de quarante ans, on dira que la Commander joue de ses charmes pour vous titiller les sens.
A peine passer le premier rapport, on se délecte à balancer la Commander dans tous les sens. Elle paraît d’une légèreté déconcertante face à l’imposante Thunderbird LT. Sur papier, ça se confirme ; on compte un gain de 32kg sur la balance (348kg tous pleins faits) ! Dès que l’on attaque les premiers virages, la Commander emprunte des trajectoires identiques à la grande soeur. Par contre, elle joue de son poids, tant aux freinages qu’en relances !