Cartagena étant un circuit que je ne connais pas, j’ai donc passé la semaine qui précède l’essai sur le tuto vidéo que l’ancien pilote GP500 Simon Crafar lui a consacré. Sans compter l’ultime petit déjeuner en tête à tête avec le plan du circuit collé dans mon bloc-notes en guise d’anti-sèche… C’est un tracé technique qui développe environ 3.5 kilomètres, 18 virages dont 10 à droite, avec un double droite assez délicat au bout de la rectiligne et un pif paf qui suit juste derrière. Un tracé pas évident à mémoriser donc et qui fait penser au Lédenon, les montagnes russes en moins. Séquence petite boule au ventre…
Campées sur les béquilles et chaussées de couvertures chauffantes, les motos attendent sagement dans le box. Une petite armée de techniciens s’affairent autour, gestes précis, dans le calme olympien de ceux qui connaissent leur art. Nous finissons le briefing.
Le moteur ronronne gentiment, calé sur son ralenti. Trois sessions de 15 minutes sont au programme – je décide de rester sur le mode « Sport » pour la première. Puis, on retire les couvertures, et la moto est avancée devant le box ; c’est parti pour une après-midi.
Dans cette phase d’apprentissage du circuit, la facilité et la précision de la Triumph sont des atouts formidables. La concentration est focalisée sur les trajectoires, les points de cordes et les repères de freinages. La moto se fait oublier, elle suit le pilote. Mieux : son moteur coupleux permet de s’extraire correctement de certaines courbes abordées en mode touriste, sa rage dans les tours est un allié précieux dans les bouts droits, et le freinage permet de tempérer des arrivées en courbe un peu optimistes…
Les deux sessions suivantes se déroulent sur le mode « Track », avec une réponse plus agressive et une électronique plus permissive (ABS non déconnectable cependant). Le tracé se mémorisant, le rythme augmentant (un peu…), les qualités déjà entrevues sur route grimpent ici d’un cran.
Le niveau de grip est phénoménal, grâce à l’équilibre de la partie-cycle, aux suspensions bien accordées, mais aussi grâce aux nouveaux SuperCorsa SP v3. Pirelli nous promet une meilleure polyvalence (pour un pneu de ce type) et des performances accrues. Dans les conditions de cet essai (pas de pluie, météo espagnole très clémente), le niveau de grip sur route et circuit est impressionnant pour des pneus de route. Les appuis y sont francs, l’avant étant bien calé, le guidage est précis et le pilote peut retrouver ses appuis, notamment avec ce réservoir fin et bien échancré. Les changements d’angles sont aussi facilités par une selle assez bien dessinée et la légèreté de la moto. Les corrections de trajectoires se font sans le moindre effort.
Un mot sur le shifter, qui est excellent, spécialement dans ce contexte du circuit. Et le rétrogradage possède la fonction auto-blipper qui ponctue d’un coup de gaz automatique chaque descente de rapports. J'adore !!!
Bien équipée, bien finie, saine, stable, rigoureuse, vigoureuse, joueuse, et rageuse quand il le faut, la Street Triple RS semble être au service de son pilote. Par ses qualités, elle saura satisfaire le poireau comme le pilote chevronné. Elle représente donc un choix pertinent pour celles et ceux qui veulent un outil pour rouler au quotidien. Mais également une arme pour s’initier et progresser sur circuit. Les changements techniques et cosmétiques apportés à ce nouvel opus de la Street Triple RS ont sensiblement fait monter le plaisir de piloter d’un cran.