Mais on a toujours affaire à une face de gros insecte. On peut même dire que cette impression visuelle s’est exacerbée avec le nouvel opus car, avec ces deux appendices de part et d’autre de la prise d’air frontale, la vue des ¾ avant rappelle les mandibules.
La finition est de très bonne facture. Les confrères qui ont connu le modèle sortant la trouve même en nets progrès, avec d’infinies attentions aux détails (dans les plastiques et la peinture notamment) et des assemblages soignés.
Ainsi parée, dans cette livrée grise, la S1000XR a de l’allure. Assez haute, assez hautaine, elle fait assurément partie de l’aristocratie des voyageuses sur route
La selle, quant à elle, culmine à 840 mm. Ouch.
Il a plu pendant notre pause déjeuner. La chaussée est encore mouillée lorsque nous quittons l’hôtel. Assez vite nous nous engageons sur l’autoroute. Et, comme entrée en matière, on enquille aussitôt sur un rythme de croisière supersonique : la stabilité à haute vitesse est excellente, la protection est bonne, tant bulle haute que basse, pas de remous à signaler pour ma part dans cette dernière position. Les protège-mains (optionnels) offre au passage une protection supplémentaire.
Les courbes rapides, ondulations et autres raccords de la chaussé sont avalés tambour battant. La moto garde son cap, imperturbable. Le moteur aime monter dans les tours, il se jette littéralement sur les hauts régimes, dans un hurlement typique et rageur du quatre en ligne BMW, faisant naître une premier sourire dans le casque.
On arrive sur un terre-plein, un promontoire qui nous sert d’aire de repos et de point de départ pour la première séance photo et vidéo. Une glissade au départ de la séance vidéo… Chaussée humide ou traces de gasoil ? Toujours est-il que j’ai failli m’en mettre une à basse vitesse, à la réaccélération. Devant tout le monde. Electronique aidant et réflexe de survie, je sors le pied, je rattrape l’acrobatie et repars avec précaution. Le dosage de la poignée de gaz est doux et précis, je navigue d’abord sur un filet de gaz. Le photographe me dit de me rapprocher. Je m’acquiesce, le rythme s’accélère. Je reprends confiance en la moto sur cette chaussée parfois humide, mais séchante. Assez déroutante. La forme de la selle fait que l’on « rentre » dans la moto, qu’on se cale dans le réservoir. On roule ainsi, le buste assez droit et relevé, les jambes pas trop repliées. Tout est sous contrôle. Les séances photos imposent des aller-retours fréquents. Les manœuvres à l’arrêt sont laborieuses pour mon 1.73m… La moto se prête de bonne grâce à ces évolutions à basse vitesse mais on sent qu’elle trépigne d’impatience. Qu’elle attend que les espaces s’ouvrent.
La deuxième séance finie, nous repartons. Nous redescendons maintenant des contreforts montagneux. Le paysage est grandiose. Je passe en mode « Dynamic ». L’adaptation des suspensions s’effectue en une fraction de seconde. Et les routes traversent maintenant les petits villages – un plaisir d’entendre le feulement du quatre en ligne venir réverbérer contre les murs des maisons - puis elles serpentent à travers les orangeraies et les champs d’oliviers. C’est beau, c’est serré. Ça tourne, ça tricote, ça tournicote. La falaise n’est pas loin parfois, et le vide juste en dessous. La S1000XR fait fi des éléments ; elle virevolte, rigide et agile. Le freinage est excellent, avec une belle puissance, un bon dosage et un mordant (très) prononcé. La fourche ne plonge pas excessivement et la moto tient la trace ; elle tracte, elle envoie. Elle suit mon regard. Je prends confiance au fur et à mesure et recolle au groupe de tête. Puis la route s’ouvre.
Enfin. Poignée dans le petit coin. L’accélération est vive ; elle s’accompagne hurlement métallique du moteur en charge. Grosse poussée, constante, vigoureuse et soutenue jusqu’aux abords de la zone rouge. Comme une grosse paluche qui vous pousse fermement dans le dos. Rha, ce moteur qui prend des tours ! Ou qui hurle, ou qui respire fort, selon les avis. Mais là, deuxième gros sourire dans le casque.
Lors du retour vers l’hôtel, enquillé à un rythme assez soutenu, la suspension raffermie autorise un comportement encore plus rigoureux sans être (trop) raide, notamment dans les grandes courbes abordées à bonne vitesse et les enchaînements rapides réclamant une bonne assise des suspensions.
Au final, la BMW S1000XR que nous avons essayée est une très belle invitation au voyage. À la condition d’avoir opté pour les options qui vont bien. Et de savoir appréhender ses volumes, apprivoiser sa puissance et maîtriser cette hauteur de selle. Alors le voyage se révèlera rapide, sûr et confortable. C’est donc l’arme pour tracer la (sa) route.
Et aller voir là-bas. Loin. Au-delà de l’horizon courbe, là où le soleil se souche, là où le monde s’endort dans une chaude lumière.
« Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. »