Sa lettre n'est pas restée sans réponse, puisque le Conseiller National a pris la peine de répondre.
Monsieur le Conseiller national,
Je vous sais motocycliste, et c'est à ce titre que je me permets de vous interpeller, en m'excusant par avance d'une longue exergue.
Je viens de recevoir une amende, comme tout bon genevois, pour avoir utilisé une piste de bus avec ma BMW R1150 GS (le modèle n'a rien à voir avec ma diatribe, mais me pose peut-être en tant que motocycliste quelque peu avisé...du moins ais-je la fatuité de le croire) tout cela donc à Genève.
Ayant refusé de payer cette amende, je me vois infligé d'une décision pénale, m'enjoignant naturellement de m'acquitter de mon dû, aggravé de la surtaxe idoine.
Je ne payerai nonobstant aucune amende de la sorte, me mettant délibérément hors la loi, et cela pour plusieurs raisons:
Je suis un motard tous temps. Je suis un motard par passion. Je suis aussi un motard opportuniste. Et je suis un motard asthmatique.
Mes trois premiers postulats, je les assume, et les vis dans et hors du cadre de la loi, comme la plupart (ne nous voilons pas la face) des utilisateurs cyclo motorisés des voies publiques.
Le quatrième, estimai-je, justifie toutes les infractions au code de la route que j’enfreins chaque jour...
En tant que motard, j'assume sans problème quelque risque que ce soit, dont le plus évident est de n'avoir nulle protection autre que celles de mon équipement de motard responsable et vacciné (58 ans...) : un casque homologué, des gants renforcés, un blouson et un pantalon renforcés répondant aux normes légales, et des bottes idoines.
Malgré toutes ces protections, et j'en viens enfin à 2 risques que ni la loi, ni mon bons sens et ni mon équipement ne sont prêts à assumer au nom de la supériorité de la loi .
Pour faire simple, j'utilise les pistes de bus, les piste cyclables, bref, toutes les voies qui m'évitent de me trouver bloqué dans le trafic ( trafic étant, à Genève, souvent synonyme de bouchon)
1° Je REFUSE , en tant qu'être humain, d'être réduit à l'état de tranche de jambon. En effet, gentil motard suisse obéissant à la loi, je me mets dans le trafic au même titre que n'importe quel véhicule, c'est à dire en général à l'arrêt, derrière une voiture et devant une autre, et ce faisant, je cours le risque de me faire pulvériser par un véhicule venant par l'arrière, qui n'avait pas vu que la file était justement à l'arrêt... et de finir en Ketchup...
2° Je REFUSE (voir plus haut le gentil motard suisse) de rester en bon mouton dans le trafic, et d'inhaler l’atmosphère pestilentielle des véhicules me précédant durant d’interminables bouchons, car, malgré mon casque, rien ne me protège des rejets des pots d'échappement...
Je vous rassure...
Se posent alors quelques questions, qui pour moi, ne sont pas seulement factuelles ou métaphysiques, mais VITALES.
1° Sachant qu'à Genève, et dans bon nombre de cantons frontaliers, environ 50% du trafic est du aux véhicules suisses, en majorité carburant à l'essence, et que l'autre 50% est du aux véhicules genevois et frontaliers carburant au diesel.
2° Sachant que l’usage du diesel est officiellement, selon l' OMS,caractérisé comme hautement cancérigène, et responsable de la plupart des syndromes d'asthme et de problèmes respiratoires, dont bon nombre cancéreux.
Je vous remercie par avance de bien vouloir lire ma diatribe, je me réjouis par avance (le cas échéant) de vos critiques et commentaires concernant ce sujet.
Je vous serais obligé, si vous êtes sensible à mes arguments, de bien vouloir interpeller les autorités compétentes (?).
Dans cette attente, veuillez, Monsieur le Conseiller national, trouver ici l'expression de ma considération distinguée.
Cher Monsieur,
Je vous réponds brièvement à votre message pour lequel je vous remercie.
La CI Motards avait essayé, d’abord par une initiative populaire, puis par une pétition, de permettre aux motards d’emprunter les voies de bus, comme l’exemple probant fait à Baden le suggère avec pertinence.
Le Parlement n’a pas donné suite à la pétition, ce qui est le sort de la plupart des pétitions !
L’initiative n’avait récolté dans le délai imparti qu’environ 30'000 signatures et n’avait donc pas abouti.
Les motards sont très peu appuyés au Parlement fédéral. Le dernier exemple est le refus d’une vignette pour motards dans le projet que le peuple vient de refuser. Nous reviendrons à charge lorsque le projet remanié et diminué reviendra sur la table.
Je vous souhaite néanmoins du plaisir à deux roues ! Très cordialement.
Dominique de Buman, motard de 58 ans également !
Nous apprécions et félicitions le fait qu'un Conseiller National ait pris le temps de répondre à une question d'un citoyen. Ce n'est pas toujours le cas.
Toutefois, et force est de constater, nous regrettons que les motards, par les différentes associations de défense de motards ou de fédération qui se disent pour la défense des motards, ne prennent pas le guidon pour se faire entendre et ne mènent pas d'actions en réponse au refus de notre Parlement !
Des actions seraient pourtant simples à mettre sur pied : Soit ! Vous, le Parlement, ne nous autorisez pas à remonter les files par les voies de bus, nous en prenons bonne note. Sachez toutefois que dès aujourd'hui, chaque deux-roues prendra la place d'une voiture dans une file.
Le Peuple suisse serait-il composé de moutons ?