Ni le procureur Laurent Moschini ni la présidente du Tribunal de la Gruyère Frédérique Bütikofer Repond n’entreront dans l’histoire judiciaire comme des pionniers de l’application stricte des contestées mesures Via sicura. Ce n’est peut-être que partie remise (lire ci-dessous).
L’ex-motard - le retrait de permis de deux ans que lui a valu son exploit de juillet 2013 l’obligera à se déplacer à vélo pendant un bon moment encore. Il a certes été condamné jeudi pour délit de chauffard au sens de la Loi sur la circulation routière (LCR). Ce qui l’exposait à une sanction pouvant aller jusqu’à quatre ans de prison.
Mais il n’a écopé «que» d’une peine avec sursis: 15 mois assortis d’un long délai d’épreuve de cinq ans, subordonné à la poursuite d’un traitement psychologique et d’un cours de sensibilisation dispensé par le Bureau de prévention des accidents (BPA). Le procureur Moschini estimait que ce dépassement de vitesse «aberrant» de 72 km/h (marge de sécurité déduite) méritait 18 mois avec sursis.
Le prévenu avait pourtant des antécédents: trois retraits de permis entre 2008 et 2011, pour des pertes de maîtrise et des contrôles positifs à l’éthylomètre (0,6 pour mille) alors qu’il se trouvait au volant d’une voiture. Aucun de ces incidents n’avait toutefois impliqué d’excès de vitesse.
Au moment de son «flashage» de juillet 2013, il pilotait une moto appartenant à son père. «Je voulais juste aller boire un verre au col des Mosses», a-t-il expliqué. Bonne visibilité, météo idéale, route déserte («J’ai dû croiser trois véhicules ce soir-là»), il avait un peu malaxé la poignée des gaz. «Je savais que j’allais trop vite mais pas à ce point. Je regardais devant moi et n’ai pas vu le compteur de vitesse. C’était une connerie irresponsable, heureusement qu’il n’y a pas eu d’accident et que je suis le seul impliqué…»
Grâce à un patron compréhensif, le prévenu a pu conserver son emploi malgré son retrait de permis. Il s’est spontanément inscrit à un cours du BPA et a entrepris des démarches pour entamer une psychothérapie. Autant d’éléments qui ont conduit le tribunal à faire preuve de clémence. Ils ne sont toutefois pas allés jusqu’à suivre le raisonnement de Bernard Loup, avocat de la défense, qui estimait que son client n’avait pas agi de manière intentionnelle et ne devait donc être condamné que pour violation grave d’une règle de la circulation routière.
Un cas similaire a été jugé à Genève en juillet dernier : 1 an de prison et 2 ans de retrait de permis pour un excès de 64km/h - Via Sicura vient de frapper !
Un comité d'initiative a également vu le jour sur Facebook, à vous de voir si vous voulez que les choses bougent ou non : Via Sicura Comité d’initiative