Un "plan de redressement de l'activité", présenté mardi matin en comité d'entreprise extraordinaire par PSA, a officialisé ce projet de partenariat au terme duquel le conglomérat indien devrait investir 15 millions d'euros et acquérir 51% du capital de Peugeot Scooters, qui emploie 488 personnes sur son site français de Mandeure (Doubs).
"Le plan de redressement comprendrait la sous-traitance de certaines opérations de fabrication ou de logistique pour lesquelles Peugeot Scooters n'a plus la taille critique compte tenu de la baisse de ses marchés", a indiqué l'entreprise française dans un communiqué.
"L'effectif sera ajusté avec le départ volontaire de 90 personnes", dont la grande majorité par un "congé senior", a indiqué le directeur général de Peugeot Scooters, Frédéric Fabre, lors d'une conférence de presse à l'issue du comité d'entreprise à Mandeure.
Dans son communiqué, Peugeot a évoqué "la mise en oeuvre d'un dispositif d'adaptation des emplois et des compétences avec notamment un congé senior sur la base du volontariat qui concernerait environ 80 personnes".
Peugeot a évoqué un "marché européen en très forte baisse depuis plusieurs années" pour les scooters et affirmé qu'un tel accord permettrait à sa filiale "de diversifier ses activités et d'accélérer son développement international en alliant ses points forts et ceux" de Mahindra & Mahindra.
M. Fabre a justifié le partenariat par le fait que "Peugeot Scooter et Mahindra ne sont concurrents nulle part (...) Il y a donc beaucoup de projets à mener en commun".
De son côté, Pawan Goenka, directeur exécutif de Mahindra & Mahindra, a affirmé qu'un rapprochement serait "gagnant pour l'activité deux-roues des deux entreprises. Mahindra ouvre l'accès au marché indien, à des technologies et au marketing de marchés de masse tandis que Peugeot apporte une gamme premium, une forte implantation en Europe et une marque reconnue mondialement".
Mahindra "va soutenir le plan de croissance mondiale de (Peugeot Scooters) et d'effort de renforcement de la marque", a-t-il assuré, tandis que "PSA va soutenir la marque et la stratégie de croissance en conservant une participation minoritaire à long terme".
En 2013, PSA a vendu 79.000 scooters, soit 8,2% de plus qu'un an plus tôt, mais cette activité subit des pertes récurrentes depuis des années.
M. Fabre n'a pas donné d'informations à ce sujet, mais selon des sources syndicales, les pertes ont été en 2012 de 40 millions d'euros et en 2013 de 18 millions d'euros. Les effectifs français de Peugeot Scooters ont fondu de deux tiers en 15 ans.
"L'objectif, c'est un retour à l'équilibre financier dès 2015 et le remboursement de la totalité de la dette de Peugeot Scooters au 31 décembre 2014", a précisé le dirigeant.
Pour réduire ses pertes, Peugeot avait fermé l'an dernier une usine de moteurs pour concentrer sa production française à Mandeure.
Peugeot emploie par ailleurs quelque 300 salariés dans une coentreprise de deux-roues motorisés en Chine.
Mi-septembre, le fabricant de scooters avait annoncé quatre semaines chômées sur son site de production d'ici à la fin de l'année.
Pour Mahindra & Mahindra, qui a commencé à produire des scooters en 2008, une acquisition d'une majorité de Peugeot Scooters offrirait un accès à des technologies occidentales.
La société pourrait ainsi rivaliser avec son concurrent local Hero et avec le japonais Honda qui dominent le florissant marché indien des deux-roues motorisés.
"L'entreprise va être très largement recentrée sur l'activité de montage de véhicules", a affirmé Cyrille Luquet, délégué CFDT: "La crainte pour nous à terme, c'est la fermeture complète de Mandeure".
Lors d'un point de presse commun, délégués CFDT et CGT ont affirmé que les suppressions de postes annoncées n'étaient qu'un minimum et ont dit craindre des licenciements à terme.