Wheeling à 200km/h - Un motard reconnu par des gendarmes dans un reportage TV risque 6 mois de prison ferme

Le parquet d’Évry a requis mardi six mois de prison ferme contre un motard, reconnu par les gendarmes dans un reportage télé consacré à la délinquance routière, circulant en roue arrière à plus de 200 km/h sur l’A6.

Dans un reportage enregistré en juillet et diffusé sur TMC le 4 novembre, Fabrice Monrose, 44 ans, absent à l’audience tout comme son avocat, est filmé en train d’effectuer plusieurs roues arrières à pleine vitesse sur l’A6 à hauteur de Mennecy (Essonne). Le compteur affiche jusqu’à 285 km/h lors d’une dernière accélération avant de prendre une sortie.

Quelques minutes plus tôt, on le voit téléphoner à l’un de ses amis motards, envoyé en éclaireur pour s’assurer de l’absence de gendarmes sur le tronçon, limité pour partie à 70 km/h en raison de travaux.

L’extrait de quelques minutes le montre ensuite, lui et ses amis, zigzaguer entre plusieurs véhicules, se placer au milieu des voies pour ralentir la circulation quand le trafic se fait trop dense et obliger un poids-lourd à freiner brutalement, évitant de justesse l’accident.

«Je viole la loi. Qu’est-ce que tu veux que je te dise? Oui je suis un délinquant, un délinquant de la route qui essaye de faire au mieux pour ne pas occasionner d’accident envers les autres et envers moi-même», explique-t-il devant la caméra après son petit numéro, le visage flouté et la voix modifiée.

Interpellé par les gendarmes de Mennecy quelques jours après la diffusion, il dit avoir été «piégé». «Je ne voulais pas aller sur l’autoroute mais le journaliste a insisté pour que ce soit dans un milieu ouvert à la circulation», s’est-il défendu lors de sa garde-à-vue.

Quant à la vitesse, il assure que les données de son compteur étaient «inexactes» et transformées pour le reportage. «La moto avait ce jour-là un réglage ne lui permettant pas de dépasser 200 km/h», affirme-t-il, ne reconnaissant qu’une pointe à 145 km/h.

«C’était tout de même une vitesse excessive», a rappelé la procureure Séverine Nicolardot dans son réquisitoire. «On ne l’a pas forcé, on ne lui a pas mis cette moto entre les mains, c’était la sienne. Il est aguerri et connaît les risques», a-t-elle poursuivi, rappelant ses anciennes condamnations, notamment pour délits routiers.
Outre la prison ferme, Mme Nicolardot a demandé la confiscation de la moto et l’annulation du permis de conduire pendant un an.

«Si je suis condamné, je redeviens un délinquant, c’est sûr», a assuré M. Monrose à l’AFP. «J’ai besoin de ma moto pour mes courses, je représente la France au championnat du monde de wheeling (roue arrière)», fait-il valoir, alors que sa saison doit débuter en mai.

Le jugement a été mis en délibéré au 5 mai.