Reportage publié le 12 août 2012

Roadtrip Supermoto 2012 - Ca passait, c’était beau…

Texte de Yann

Désolé pour le peu d’informations que nous avons communiquées jusqu’ici, mais le roadtrip a pris d’emblée une tournure assez extrême.  

Annonçons la couleur tout de suite : Nico s’est planté avec la XTX et la moto est pliée (plus d'infos et photos en bas de page). Le pilote n’a heureusement presque rien, mais la suite des évènement est pour le moins incertaine… Revenons donc sur ces quelques jours très mouvementés.

Avec 2 vidanges à effectuer avant le départ (la XTX et la SMC de Cyrille), il s’agissait d’être efficace. Loupé ! Même si on a laissé tomber le jeu de soupapes sur la XT pour gagner du temps, on est partis qu’à 17h au lieu de 13h, et on était censés arriver à l’auberge de Brienz à 18h. Mission impossible donc, et on a pris le temps de s’enfiler quelques routes à virages françaises (vers la route de Chatel) puis suisses (dans le Valais et le canton de Berne). Entre petits cols très escarpés où les supermot’ font merveille et portions roulantes avec de grandes courbes rapides sur bitume nickel (vidéos à venir !), cette première journée était vraiment prometteuse malgré l’heure de départ tardive. Malheureusement, en arrivant à 21h30 à l’auberge de jeunesse, nous avons trouvé ce mot collé sur la porte :

On avait pourtant réservé pour la nuit du 8 août, et on n’a reçu aucune information à propos de ces travaux… Pas très classe. Il fait donc nuit depuis un moment et nous sommes à Brienz sans aucun toit pour la nuit… Après plusieurs tentatives infructueuses, nous finissons par trouver une autre auberge de jeunesse avec des chambres libres à Interlaken, ville de taille moyenne la plus proche (Balmers herberge, que nous recommandons chaudement !).

Une douche, une pizza et une courte nuit de sommeil plus tard, nous voilà en train de préparer le roadbook du jour et de coller les stickers de nos partenaires sur les motos.

Roadbook homemade, mais très pratique !

Un XTX carrément racing

Nous voilà donc partis pour une boucle empruntant les cols de Grimsel, Furka, Gotthard, Susten, Naufen, Novena, avant de tailler la route pour Disentis par le col de l’Oberalp. Sauf que… On a perdu la carte et on ne peut se guider qu’au roadbook, sans pouvoir se repérer. Ce qui devait arriver arriva et on s’est perdus de nombreuses fois. On a finalement réussi à faire tous les cols prévus, mais pas du tout l’ordre qui avait été planifié ! Et on s’est encore perdu sur la route de Disentis, faisant un détour d’une centaine de kilomètres, ce qui nous a amené à faire l’Oberalp de nuit et à arriver à Disentis à une heure du matin… Une journée assez hardcore donc, avec plus de 13h (!) de roulage intense sur des cols magnifiques mais épuisants tant au niveau mental que physique. Les vidéos à venir rendront compte de cette expérience unique, mais on peut déjà vous montrer quelques photos des quelques endroits où nous nous sommes arrêtés.

Le lac de Brienz et ses eaux turquoises

Sur le barrage du Grimselpass

Au sommet du Grimsel, avec vue sur la montée du Furka en arrière plan

En haut du col de Furka, Cyrille me dit que sa bécane à un problème : “Tu me déposes à l’accélération, c’est pas possible je dois être en bridé en 34 !” Effectivement, un XT qui dépose une SMC, il y a un problème… En bas du col, il décide d’essayer la SMC de Kevin. Verdict : la différence est radicale (“Comment ça chie, ce truc !”). Max essaye la SMC de Cyrille pour confirmer et conclue lui aussi que la moto est bridée en 34ch. Depuis le début, Cyrille se plaignait que sa moto n’avançait pas, qu’elle tirait trop long et qu’il devait trouver un pignon de 15 pour lui redonner un peu de pêche… En fait, le problème venait d’ailleurs. Il faut donc trouver un concess’ KTM pour reprogrammer la cartographie d’injection. En attendant , de

L’Oberalp de jour ? Trop facile… De nuit et dans le brouillard, là y a du challenge !

Encore une nuit très courte et on repart direction Brunico, sauf que cette fois, on n’arrivera pas à bon port… Vu la distance à parcourir, on se résout à raccourcir le trajet et à manquer le col de San Bernardino, pourtant décrit comme l’un des 7 plus beaux du monde. On se fait quand même le col de Julier et quelques autres.

Le lac du Julierpass

Au sommet du Julierpass

Ensuite, on s’est attaqué au gros morceau du jour : le Stelvio. On savait que ça serait quelque chose d’exceptionnel, mais pas à ce point. La montée côté Ouest est tout simplement dantesque : bitume parfait, virages serrés et très rapprochés, épingles non-stop, et surtout visibilité au top. Autrement dit, le terrain de jeu idéal pour le supermotard. Sur n’importe quel autre type de moto, il faudrait vraiment se sortir les doigts du c** pour suivre le rythme ! De l’avis de tous, c’est la meilleure route sur laquelle on ait jamais roulé. Freinages tardifs, glisses, wheel et raclage de câle-pieds à gogo, un kiff total, avec néanmoins une pointe de frustration pour Cyrille et ses 34 chevaux qui se font déposer à la sortie des épingles.

Petite pause en haut du col pour prendre des photos :

It’s all about riding a KTM bike…

Euh… On les colle où, les stickers ?

On entame alors la descente “tranquillement” car le bitume est beaucoup moins bon, la pente très raide et les virages une succession d’épingles sans fin avec de grandes lignes droites au milieu. Surtout, la route est extrêmement étroite, au point que les voitures ne peuvent pas se croiser dans les virages, et le fond presque à l’arrêt dans les lignes droites ; et pour corser le tout, on est à flanc de ravin du début à la fin (pour avoir une idée du ravin, il faut savoir que le sommet du col est quand même à 2800m).

Tranquillement donc, jusqu’à ce que Cyrille, frustré de la montée, décide de faire parler la poudre dans la descente où le manque de puissance est moins handicapant. Il passe tout le monde comme un goret et décide d’ouvrir la route à sa façon. Sa façon, c’est un peu du style “poignée dans le coin dès le milieu de l’épingle, pas plus vite qu’à fond dans la ligne droite, freinage de trappeur quand l’épingle est à 20m et trois rapports en moins d’un coup”. Je décide de suivre, mais avec le poids de la XTX et le freinage carrément obsolète en comparaison des SMC, ça devient carrément du sport. Tout ça sur une route  qu’on ne connait même pas, c’était de moins en moins raisonnable. Au bout d’un moment, je sens ma pédale de frein devenir toute molle. Rien de très surprenant, car l’absence de durite aviation à l’arrière rend le freinage peu endurant si on le sollicite trop. En descente et avec le poids des bagages, ça m’était déjà arrivé deux fois auparavant. Je décide de rendre la main car il est trop dangereux de suivre ce rythme avec le seul frein avant, et je laisse les autres me dépasser. Je continue donc la descente prudemment, en attendant que mon frein arrière refroidisse. Mais il faut croire que ça n’était pas suffisant, car après quelques épingles je sens mon levier de frein faiblir lui aussi… Et à l’épingle suivante, plus rien.

En plein descente bien raide, alors que j’amorce mon freinage pour aborder le virage, mon levier vient toucher la poignée comme si elle avait traversé un flan à la vanille. Paniqué, je teste le frein arrière, rien non plus, les deux en même temps, rien de rien et j’arrive déjà à pleine vitesse dans l’épingle. Face à moi, un muret et légèrement à gauche un petit talus en terre. Comme le talus, avec la vitesse, me ferait faire un beau plongeon dans le ravin, je choisis le muret.

“Eh merde…”

Bam, ça tape très fort et je vole au dessus sans rien comprendre, je sais juste que le choc a été violent, mais j’atterris vite dans un petit arbre après une sorte de salto vrillé. J’ai mal à la jambe, j’ai peur qu’elle soit cassée et j’ai immédiatement un sentiment de déception en pensant que c’est certainement la fin du trip. Après quelques minutes, voyant que personne ne passe, j’essaye de me relever. Je constate qu’a priori je n’ai rien de cassé, juste une douleur au pied, au genou et à la main droite. Je m’assied sur le muret alors que des motards hongrois qu’on avait dépassés au début de la descente s’arrêtent pour m’aider. Il me donnent un antidouleur, désinfectent les petites blessures que j’ai à la main droite et l’un deux file chercher les autres qui m’attendaient sûrement en bas. Ces derniers reviennent et les Hongrois repartent, on fait le point sur la situation et comme il est évident qu’on ne pourra atteindre Brunico ce soir, on décide d’appeler l’assistance.

Les gars, je suis vivant !

Ce coup-ci, je freine pas !

Vue depuis l’endroit où j’ai atterri : on pourrait presque y faire la sieste…

Une fourche qui tire un peu la gueule

Ils le disaient bien dans la pub : Insane Parts Energy drink, la boisson qui fait mal !

Il y a pire endroit pour se planter…

La dépanneuse arrive de nuit vers 21h30 et son chauffeur ne parle pas un mot de français ni d’anglais, mais on se débrouille. Il ramène la moto à Bormio, donc côté Ouest, ce qui impose aux autre de se farcir à nouveau le col, de nuit  cette fois. Après de multiples galères pour trouver un hotel/auberge de jeunesse, et avec l’aide d’autochtones sympas, on finit par se trouver un logement pour la nuit. Et pour l’instant, la suite du roadtrip est fortement compromise.

Mais toutes les options sont ouvertes et nous sommes actuellement à la recherche d’une moto en Italie qui nous permettrait de continuer le voyage…

Courage les gars !

El Yannou
Source :  Roadtrip Supermoto 2012
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