Derniers contrôles des affaires, des jerricanes, du plein de la moto, changement de roues avant et arrière, des plaquettes avant et arrière, le tour est joué et la BMW est prête pour affronter les 500 Miles !
Marc m’annonce que je serais celui qui tiendra la moto sur la ligne de départ. Je suis honoré et flatté de pouvoir le faire. Tout le monde est équipé, Steve et Caroline sont partis dans les gradins. Marc part pour le tour de chauffe et moi je saute le muret pour me retrouver sur la piste afin de réceptionner Marc et la S1000RR.
Cette sensation d’être là au milieu, à tenir la moto et de voir courir les pilotes vers leurs machines, c’est de la science-fiction. Le départ est donné. Les quelques encouragements de voix sont instantanément couverts par la centaine de moteur qui se mettent à vrombir en même temps. J’ai la gaule...
Je débande très vite en courant entre le box et le muret pour panneauter Marc. Après 20 tours, je me prépare à le réceptionner pour faire le plein de la brèle. Steve est au taquet, il ne tient plus en place et son visage est un doux mélange d’appréhension et de joie. Un bisou sur son front et advienne que pourra, Frangin ! Lorsque Marc arrive, "tout le monde s'écarte" !! Eh oui, règlement oblige, je fais le plein en combinaison ignifuge marquée "Chipie" (certain-s-es comprendront...) et casque sur la tête.
Lorsque je vois Steve s’éloigner sur la moto, je me dis qu’il doit vivre un instant vraiment unique, qui va le marquer à jamais. Pas le temps de me plonger dans mes pensées : je rempli le jerricane et je cours sur mon muret pour panneauter Steve. Autant pour lui que pour Marc, les temps de passage sont réguliers, c’est cool la course se passe nickel !
Entre un croque-monsieur et un verre de Perrier, je change une roue à la BMW à un relai entre nos pilotes. Ensuite, je change le pneu le plus vite que je peux, car pas le choix ils ont besoin de moi.
Alors que le crépuscule a fait son apparition, une nouvelle fois je suis pris d’inquiétude car Steve ne repasse pas dans la ligne droite des stands dans ses temps de passage réguliers. Dix secondes, une minute et toujours pas de Steve. Bordel... ne me dites pas qu’il s’est foutu au tas !
Quelques minutes après, je vois Steve rentrer dans la Pitlane sur l’Acidbike, mais sans casque. 1012 choses se passent dans ma tête. Steve nous explique qu’il s’est fait percuter par un T-D-C qui lui a avoué arriver beaucoup trop vite. Mais quel espèce d’empafé !! Il n’aurait pas pu se coucher seul, au lieu de percuter Steve de la sorte ! Bref, des antisportifs comme heureusement, nous n’en croisons pas souvent.
Le verdict ne se fait pas attendre très longtemps. Araignée brisée, cale-pied cassé, commodo HS et réservoir qui tire la gueule, la fin des 500 Miles a sonné. Steve, furieux, s’éclipse pour aller débriefer dans son coin. J’essaie de lui apporter mon réconfort à ma manière. Mais bon... on connait tous l’amer goût de la déception, surtout quant il ne s’agit pas de notre faute. Marc aussi est déçu, tout comme moi. Mais ainsi va la vie de la compétition sportive.
On terminera la soirée à boire quelques verres, fêter l’arrivée, tant des "Ducat’Boys" que celle des vainqueurs que nous connaissons très bien, les frères Labarthe. Après un bon gueuleton, nous allons tous nous coucher, pour une dernière nuit dans les paddocks.
Dimanche, dur retour à la réalité. Après avoir rangé tout le matériel, on prend la route du retour à la maison. Si pour Marc et Steve, la sensation d’un vide se faisait ressentir, je peux affirmer que je partageais également cette émotion.
Ce weekend des 500 Miles m’a permis de faire la connaissance de Marc, un type généreux, drôle, sympathique, souriant ! Un pilote hors pair et un homme au top ! Il m’a également permis de resserrer encore plus les liens avec Steve, mon collègue, frère d’arme et de cœur ! Quant à moi, il m’a permis de constater une chose : je n’ai plus dix pouces aux mains...