De retour de Bourgogne, j'ai quelques jours pour remettre la moto en configuration route. J'en profite aussi pour installer un sac Kriega US20 sur la place passager. L'installation était facile avec les sangles universelles fournies, certaines motos ont des sangles installées sous la selle arrière ce qui rend la mise en place encore plus simple ! J'emporte aussi ma ceinture Scott Race Day, avec ses trois grands compartiments, c'est le complément idéal au sac étanche fixé sur la moto. A la fin de la semaine, il faut rejoindre le point de rendez-vous pour le Summer Tour de Honda Suisse.
Le rendez-vous était donné pour le repas du soir au refuge La Vouivre au bord du Lac Tanay, au sommet de la piste 4x4 la plus raide de Suisse. Drôle d'endroit pour se retrouver alors que l'accès en moto est impossible. Heureusement, un Taxi 4x4 permet de s'y rendre sans prendre le sentier pédestre en cuir et avec les bottes racing.
J'avais un magnifique itinéraire prévu pour me rendre dans le Valais, avec le petit et le grand Saint-Bernard. La faute à du travail urgent, ce sera une heure trente d'autoroute pour y être à l'heure... Ouf, la CBR600 s'accomode bien à cet exercice que les motards évitent volontiers. Mis à part mon séant endolori, rien à signaler une fois arrivé à destination. En alternant l'appui sur les poignets et s'appuyer sur le réservoir contre la prise au vent, c'était tout à fait supportable.
Le Lac Tanay offre un paysage magnifique dans un cadre exceptionnellement calme. Pour avoir de la réception mobile, il faut littéralement grimper à un arbre. Passer une soirée là-haut vous laisse simplement profiter des gens avec qui vous vous trouvez. J'apprendrais d'ailleurs que notre guide avait pour habitude de venir camper ici en prenant la piste avec son enduro pour ensuite la pousser à travers la forêt jusqu'à l'espace camping pour ne pas être entendu par les quelques habitants. Nous passerons le reste de la soirée à se raconter des histoires de motards, avec la mauvaise foi d'usage entre copains.
Le lendemain, on prend la route du bonheur pour rejoindre la France par le Pas de Morgins. Le roadbook de la journée nous réserve en fait une étape du Alpen Challenge de nos confrères Toeff. Même chargée pour un week-end, la Honda reste agile et facile à rouler. Cependant, les petites routes de col ne sont clairement pas son terrain de jeu. Dans les épingles, la CBR oblige son pilote à engager la première vitesse pour espérer repartir plus vite qu'à pied. En effet, le quatre-cylindres ne fournit pas assez de couple au deuxième rapport dans cette situation.
Après avoir parcouru la Vallée Verte à rythme soutenu, emprunté une section de la Route des Grandes Alpes, nous montons au Praz de Lys par le côté est. La D328 qui y mène est une petite route en assez mauvais état. Le vieux revêtement bosselé voire carrément défoncé par endroit montre les limites des suspensions de la sportive. Maîtriser la CBR dans ces petites enfilades devient plus physique et je me sens forcé de diminuer le rythme, quitte à me laisser distancer par la CrossTourer qui est devant moi.
Cette petite route tortueuse ne me laissera pas un souvenir impérissable, je suis bien content qu'on s'arrête un moment à Sommand. La suite des festivités nous fera prendre la D26 avant de se diriger vers Saxel depuis le Nord. Tout se passe globalement bien avec la CBR600RR, je prends autant de plaisir que sur une autre moto. Ce que je préfère ? Ce feeling mécanique de la poignée de gaz tirant sur un câble pour accélérer. A l'époque du ride-by-wire, cette sensation va malheureusement disparaître peu à peu.
Après la pause de midi, on me propose de partir avec la CBR1000RR ce que j'accepte sans hésiter ! Les deux défauts de la 600 sont effacés sur sa grande soeur : les cale-pieds me tombent droit sous les bottes et le gros moulin délivre ce qu'il faut de couple pour rouler confortablement même à bas régime.
Le groupe met le cap sur la Clusaz en menant bon train sur les routes de montagne. Juché sur la grande sportive Honda, je me sens immédiatement en confiance. Je succombe même à l'envie d'augmenter la cadence pour me tirer la bourre avec les ouvreurs du groupe.
Je n'avais jamais pu conduire de sportive 1000 au cours d'une balade, mais celle-ci est une révélation. J'enchaîne les virages à une vitesse folle. Même en épingle, je me sens confortable aux commandes avant de me catapulter vers le virage suivant. Les routes choisies s'y prêtent aussi très bien. Contrairement au matin, nous sommes sur des axes bien plus roulants, le milieu routier que les sportives affectionnent.
Notre guide prend la direction de notre point de chute pour la fin de la journée : les rives du Lac du Bourget dans la ville d'Aix-les-Bains. Une partie du chemin passe sur des nationales rectilignes et assez fréquentées. Sous un soleil de plomb, nous traversions des agglomérations. En sportive, en roadster ou en trail, ce sera le seul moment désagréable de la journée.
Après une autre belle soirée à parler de nos exploits de la journée et une longue matinée au buffet du petit-déjeuner, il faut se remettre en route. Je me suis fait un itinéraire tortueux pour rejoindre Genève, le reste du groupe ayant bien plus de chemin à parcourir, je les laisse mettre le cap sur la voie rapide et ennuyeuse.
Avec cette CBR600RR, je suis allé d'un extrême à l'autre pour voir tous ses aspects. Même chargée pour plusieurs jours, j'ai été surpris par son agilité. Les envolées du moteurs à très haut régime sont un régal en piste, mais sur route devoir cravacher après 6'000 tours pour que le moteur soit vivant est un léger handicap. Sur le deuxième rapport à 7'000 tours, on a déjà passé les 80 km/h, en tournant franchement la poignée de droite, il y a de quoi se "via-sécuriser" pour un bout de temps...
Un brin pousse-au-crime, la sportive de Honda a quand même fait ses preuves comme pistarde et comme routière. Mis à part une petite route défoncée où garder le rythme était difficile, je me suis beaucoup amusé sur cette 600. Et que dire de la 1000, plus adaptée à ma morphologie et à mes habitudes routières.
Là où cette sportive n'a pas vraiment sa place, c'est en centre ville. Y évoluer à basse vitesse est assez pénible. Garer la moto avec son grand rayon de braquage est aussi un exercice délicat. Je ne dis pas impossible, mais j'imagine plutôt m'offrir un PCX pour me faufiler en ville et conserver ma CBR pour ces week-ends de cols alpins ou de piste.