EuropAsia 2015 épisode 4 - Etape finale

Et voici venu le temps de l'étape finale de cette traversée de l'Eurasie, nous retrouvons nos deux compères à travers le Kirghizstan, le Kazakhstan et la Russie avant le retour sur Genève. Au final, Cédric et Lionel auront parcouru plus de 27'000 kilomètres durant cette aventure de 4 mois.

Le Kirghizstan :

D’un contact facile, nous avons partout été très bien reçus, les mentalités varient beaucoup d’un coin à l’autre, peut être est-ce dû a la multitude d’ethnies vivant là. Nous avons généralement eu un très bon accueil, les Kirghiz ont le sens de l’hospitalité.

Les routes et pistes sont généralement en bon état et les forces de l’ordre très professionnelles. Les paysages de montagnes sont exceptionnels, cela vaudrait la peine de louer un véhicule pour passer 2 ou 3 semaines sur place. Il y a la possibilité depuis Osch de faire le tour du Pamir via l’Ouzbékistan et le Tadjikistan voisins.

On a fait 18'000 kilomètres de moto en 82 jours. La procédure de sortie du territoire Kirghiz est faite rapidement, tout comme la procédure de la migration Kazakh. Les problèmes arrivent avec la douane Kazakh. Un gros en uniforme te cause vautré sur son canapé, se lève brasse de l’air et fini enfin par disparaître. Un second arrive, il mettra 45 minute à cocher 3 cases sur le formulaire et nous rappelle 4 fois parce qu’il a oublié une coche sur le-dis formulaire... Finalement le chef nous engueule pour qu’on parte rapidement, le temps de procédure étant compté, nous sommes depuis trop longtemps sur la plateforme…

Les paysages du 2ème séjour au Kazakhstan seront assez monotones, 2’700 kilomètres de steppe en longeant parfois le Syr-Darya, seul cours d’eau jusqu’à la mer d’Aral. La température est de 38C° la journée, mais l’air tellement sec la rend supportable. Notre itinéraire devait passer par Atyrau au bord de la Caspienne. Après lecture de certains blogs, nous partons pour  Aktioube et Oural, la route est en super bon état jusqu’à Samara en Russie.

Le Kazakhstan :

Les gens sont sympas, disponibles, généreux mais parfois particulier. La douane pas trop compétente et la police de la route corrompue.

Les paysages sont beaux, les distances entre les points d’intérêts sont immenses, il est difficile de visiter 2 places sans passer des jours à traverser la steppe.

La qualité des voies de communication, la signalisation illogique, lacunaire ou contradictoire et dangereuse, font du réseau routier secondaire un patchwork peu homogène. Le réseau principal n’est pas toujours au top. L’état de certaines routes est tel qu’il est préférable de prendre les pistes adjacentes.

Pour notre 3ème et dernier séjour en Russie, notre périple nous emmènera de Samara à Vladikavkaz en passant par Toliatti et Volgograd. A Toliatti, en face de l’usine Lada rachetée par Nissan, le musée de la technologie expose : chars, lance missiles, fusées, capsules pour astronautes, trains à vapeurs, il y a même un sous-marin au milieu de la pelouse. En route pour Volgograd la route n’est pas des plus intéressante, passant à plusieurs kilomètres des rives on ne voit presque jamais la Volga.

La visite de la ville est peu aisée, construite le long du fleuve elle s’étire sur presque 80 kilomètres. En son centre le monument de la bataille de Stalingrad et le musée relatif sont à la hauteur du sacrifice. Staline, Joukov et les autres, en adoptant une stratégie peu économe en matériel humain ont perdu 60 fois plus de soldats que les Alliés.

La route descend au Sud les champs ont laissés place à la steppe ; après une petite incursion en Kalmoukie, seule région d’Europe à majorité bouddhiste, nous entrons en Ossétie du Nord et dormons à Vladikavkaz. L’accueil est bon et l’atmosphère de la ville agréable. Le Terek qui coule en son centre est gris anthracite tellement il charrie de limon.

A l’aube du 95ème jour, déjà 22'300 kilomètres parcourus en moto. Nous partons pour la Géorgie, la frontière n’est qu’à quelques dizaines de kilomètres de Vladikavkaz. L’axe est gardé par des postes de police renforcés de sacs de sables et barbelés et des postes militaires tiennent les positions stratégiques de la vallée. A 5 kilomètres de la frontière commence la file d’attente,… et ça n’avance pas vite. Un militaire nous fait signe de remonter la file, on ne lui redemande pas 2 fois. La barrière du poste franchie, la procédure de sortie de Russie est aussi rapide que mal organisée. Un automobiliste commence à gueuler, le garde frontière le met en attente entre 2 files de voiture, je pense qu’il attend encore.

La Russie :

Les Russes sont froids au premier abord, puis quand on casse la glace, ils sont accueillants, généreux et amicaux. Ils se sentent très proches des Européens qui comme eux on combattus le Nazisme, une notion de sacrifice patriotique perdue chez nous qui reste très présente ici, même pour les jeunes générations. Les Russes sont très sensibles à l’opinion que nous pouvons avoir d’eux en Europe. Autant dire que les messages de la propagande télévisuelle occidentale actuelle les présentant comme des rustres corrompus aux mœurs arriérées menant une politique internationale agressive, sont ici assez mal perçus.

Les forces de l’ordre sont professionnelles aux frontières et nous n’avons pas eu de problème à l’intérieur du pays non plus. Le pays est tellement grand qu’il y a tout type de paysages. La Sibérie est immense et portions de steppe, de marais ou de forêts sont plus que monotones à la longue.

L’entrée en Géorgie sera une formalité. Le Caucase est une très belle chaîne de montagne très verdoyante. Le réseau routier de la Géorgie est moderne et bien entretenu. Nous passons 2 nuits à Tbilissi, une très belle ville moderne avec un centre ville historique bien entretenu. La population est sympa, serviable et accueillante. Les motos ont dormi dehors 2 nuits, la veste de moto et les sacs de Cédric simplement sanglés sur le porte bagages, personne n’a rien touché. Le président précédent a paraît-il fait le ménage.

Le 98ème jour du voyage, nous passons la frontière Turque à Batumi, la route est bonne, elle longe la Mer Noire jusqu’à Samsun puis rentre dans les terres. En 4 jours nous traversons le pays.

L’entrée en Bulgarie se fait sans problème particulier. C’est le 101ème jour de voyage, après 24’500 kilomètres en moto: Europe nous voilà. La première ville de Bulgarie que nous visitons est Plovdiv. Avec une histoire riche remontant à plus de 3'000 ans, elle est la plus vieille ville d’Europe encore peuplée.

Le 10.08.2015, 102ème jour du voyage, après 24'700 kilomètres parcourus ensemble, Cédric rentre à Genève, sa famille lui manque. Pour ma part, la moto a souffert et je dois passer chez BMW à Sofia faire un service, réparer les fuites d’huile de la fourche et surtout du pont arrière. Ils en ont pour 2 ou 3 jours.

Ma femme me rejoint à Sofia pour les vacances, nous rentrerons ensemble à moto à travers les Balkans : Serbie, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Slovénie. 1'500 kilomètres en 2 semaines, à se reposer, se baigner et profiter des paysages de montagne sur la M20 en Bosnie et le long de la mer Adriatique en Croatie notamment.

De retour à Genève le 30.08.2015 après 4 mois, 27’200 kilomètres en moto et 9’259 kilomètres de train, ce voyage me laissera un souvenir inoubliable et une inévitable envie de repartir. Peut être pas pour un si long périple,… quoi que… Mais plutôt pour un séjour ciblé en Mongolie ou au Kirghizstan. Là je pourrais louer une moto pour pleinement profiter de cette liberté et de ces paysages.

Les vacances coûtent cher, mais pas forcément les voyages. Durant ce périple de 4 mois, les principales dépenses ont été les frais en Suisse : loyer, assurance maladie, assurance accident, caisse de retraite,… Enfin vous connaissez ! 

La nourriture est bon marché, l’essence est à 65ct/l. et vu le prix des auberges, nous les avons systématiquement préférées aux bivouacs.

Côté manque à gagner, il n’y a pas d’entrée d’argent certes, mais tu fais ce que tu veux, il n’y a plus de raison d’être indemnisé par son employeur pour le temps perdu au travail.

Même si les gens n’ont pas notre pouvoir d’achat, il y a là-bas une certaine douceur de vivre les gens s’entraide facilement. Quoi que l’on puisse entendre, cela ne va pas si mal ailleurs.

Si vous partez et voulez passer du temps avec les gens, prenez quelques cours de Russe cela vaut la peine. Offrir une clope ça coûte rien et c’est nickel pour engager la discussion. En Mongolie, on peut offrir des clopes ou des bonbons, ils en raffolent.

Le mieux est l'ennemi du bien.

Lionel

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