
Je n’ai pas hérité de la version de base pour cet essai, mais d’une série spéciale habillée d’une robe Matt Kaki du plus bel effet. Cette teinte met superbement en valeur un cadre à double longerons de couleur noir.
Même si à l’énoncé de la couleur, la moto ne donne pas vraiment envie ; en vrai, ça en jette. Après, les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas. Certains adorent le look de la Speed avec ces deux gros yeux globuleux (phares) d’autres détestent. Personnellement, je préfère avec le saute-vent qui est proposé en option dans le catalogue constructeur. La suite me dira si ce dernier n’est qu’un simple accessoire esthétique ou vraiment un élément aérodynamique qui soulagera vos cervicales.
La partie-cycle avec le monobras renforce le caractère de ce méchant roadster ; la jante est tout simplement magnifique, associée à des touches de chrome judicieusement placé.
Le compteur provient de sa petite soeur Street Triple R. Si ce dernier a un design et une couleur plutôt sympathiques, il se révèle d’une totale inefficacité en cas de beau temps. Les reflets du soleil empêchent la bonne lecture des diverses indications, qui, pour l’occasion n’évoluent pas, dommage ! Nous aurions aimé un témoin de rapport engagé et une jauge à carburant. Le minimum est toutefois présent, voire même un poil plus : trips partiels, température moteur, témoin de passage en réserve, témoin de pression d’huile, témoin de surchauffe du liquide de refroidissement, témoin de défaut d’injection, consommation moyenne et instantanée, temps d’utilisation, heure, vitesse moyenne, enregistrement de la dernière vitesse maxi et un petit bonus avec un shift light réglable.
Pour conclure sur ce sujet, il faudra donc bien surveiller votre vitesse à l’approche d’une boîte photographique, cela vous évitera une mauvaise surprise.
Sous le compteur, se trouve un té de fourche taillé dans la masse, surmonté d’un superbe guidon de couleur argent mat de chez Magura. Les commandes tombent naturellement sous la main, les leviers de frein et d’embrayage sont réglables via les molettes prévues à cet effet. L’embrayage est mécanique, là où la concurrence directe passe à l’hydraulique. A l’arrêt, ce dernier se veut assez ferme, à confirmer lors du roulage.
Une fois en place, vous trouverez une position naturelle, quoiqu’un peu haute, diront certains. La selle se trouve placée à une hauteur de 815mm. Les petits gabarits se rabattront sur la petite soeur Street Triple R qui permet de perdre quelques précieux millimètres.
La selle est typée sport, légèrement basculée en avant et avec un revêtement granuleux. La fermeté est au rendez-vous. Il se pourrait bien qu’une pause s’impose après une centaine de kilomètres.
Trêve de blabla, il est temps de partir et de vérifier si la Speed est toujours dans le coup !
A la première manoeuvre, la direction vous renvoie immédiatement une information importante ; la moto bénéficie du même angle de braquage que la Street ou que tout autre suspersport du marché, un rayon de braquage des plus réduits. Dommage, car le guidon large permet de manoeuvrer aisément ce train avant qui paraît léger. Il faudra donc penser à anticiper les éventuels slaloms en ville.
Le pouce sur le démarreur, la main sur l’embrayage, il est temps d’y aller. Le moteur démarre aisément, distillant un son typique des trois cylindres anglais. Comprenez par là, un léger sifflement émanant des deux silencieux. Espérons que ces derniers ne réchaufferont pas trop mon SDS lors des différents trajets.
La prise en main est très facile, on se sent immédiatement en phase avec la moto. Le rayon de braquage se ferait presque oublier dans les embouteillages de Genève. L’embrayage reste toutefois toujours assez ferme pour un usage urbain. Le moteur est un régal d’onctuosité, souple et coupleux à la fois. Il permet de cruiser sur les trois premiers rapports et, ce, sans à-coups. Seule la ventilation du 1050cc vous rappellera que cette moto n’est pas faite pour se promener sur les quais. Quoique ! La légende voudrait que les possesseurs de Speed Triple soient des garçons de terrasses à café, juste bon à admirer leur machine ! C’est pas moi qui l’ai dit…
Allez, passons ce chapitre sans grande d’importance et rallions un terrain plus adéquat à ce genre de motos. Les verts pâturages de nos campagnes et ses innombrables vaches qui traversent la route sans avertir nous attendent !
Une heure de ville m’aura mis sur les dents. Il était temps de sortir de ce chaos, jonché de caisseux qui se préoccupent plus de leur téléphone que de savoir si un motard les suit. Sans compter sur la mise en place de ce nouveau radar qui a fait la une des journaux nationaux et internationaux (vous savez, celui qui peut prendre jusqu’à vingt-cinq véhicules à la fois). Mais le dieu des motards existe, le radar ne prend que de face. ABE.
Trêve de plaisanterie, il est temps de vérifier si cette moto mérite réellement les éloges que lui font mes confrères journalistes.
La moto donne immédiatement le ton et l’envie d’ouvrir en grand se fait sentir ! la sonorité typique du trois pattes vous enivre à chaque reprise. Les 132cv et son couple fort honorable de 105NM permettent des relances spontanées. La montée en régime reste toutefois très linéaire. Le moteur commence à perdre de son souffle aux alentours de 9’500tr/min.
Le shift light réglable vous permettra d’anticiper ce régime maximum en le réglant à votre convenance. Il est clair que ce moteur n’est pas fait pour être malmené dans les hauts régimes, mais bel et bien pour rouler sur le couple entre 6’000 et 9’000tr/min. Bref, tout l’inverse de la Street Triple R qui, elle, m’avait comblé de ses montées en régime.
La partie cycle est exemplaire, efficace et relativement facile à emmener. La fourche avant inversée de 45mm et le mono-amortisseur arrière sont relativement fermes, ce qui permet des passages en courbe avec une efficacité déconcertante. Toutefois, du fait de cette fermeté, des sautillements ne sont pas à exclure sur routes dégradées. Sur les épingles, il ne faudra pas hésiter à bousculer votre Anglaise pour la ramener à la corde.
Dommage que la monte pneumatique ne soit pas à la hauteur de mes espérances. Les Metzeler Sportec M3 ne m’ont absolument pas convaincu sur ce type de moto. Je n’ai pas réussi à me sentir à l’aise avec cette monte pneumatique et, ce, même en prenant le temps de bien les chauffer. La confiance a freiné mes ardeurs à plusieurs reprises. Dommage, car je reste persuadé, qu’avec une bonne monte pneumatique, cette moto peut se révéler diaboliquement efficace.
Le freinage qui est confié à Brembo est redoutable. Ça freine fort et longtemps. Les durites aviations assurent, quant à elles, une bonne sensation et permettent de faire des descentes de cols sans appréhension. Le levier de freins retransmet parfaitement les informations et permet de jouer au stoppie en toute décontraction. Je suis impatient de voir la différence avec le modèle 2011 qui, pour la Suisse, sera pourvu d’un ABS de série.
Déjà qu’en temps normal, je n’apprécie que moyennement les étapes autoroutières, les faire sans saute-vent devient un véritable calvaire. Passé 120km/h, il faudra vous équiper d’une minerve, tant les turbulences dues à l’absence de protection rendent difficiles les voyages sur le long ruban. Mieux vaut rester sur nationales et départementales, (mode sécurité routière ON) ainsi calé à 90km/h ou 110km/h suivant la situation et la route choisi, vous ne risquerez rien et éviterez certainement un séjour chez l’ostéopathe.
Mises à part les turbulences, la moto se sort très bien de cette étape. Elle permet des dépassements aisés sans avoir besoin de tomber un rapport. La consommation mixte relevée était de l’ordre des 6.5litres pour 100km tous types de terrains confondus. Ainsi, je dis : vive le saute vent et son incroyable efficacité ! J’ajouterais même que la ligne s’en trouve améliorée. Que du bon !
Lorsque l’on s’assoit sur une Triumph, on reconnaît tout de suite la fermeté de sa selle… Au début, c’est plutôt sympa. Mais au bout de quelques kilomètres, cela devient douloureux. J’ai apprécié la lanière sur la selle qui permet de s’y maintenir d’une main, ce qui soulage le dos en ayant une posture plus souple. La position, pas trop haute qui permet de bien se tenir au pilote sans avoir les casques qui s’entrechoquent à chaque freinage est très agréable. Si vous le pouvez, optez pour l’option selle-gel ; cette dernière fait des merveilles.
La Speed ne faillit pas à sa réputation d’Anglaise délurée. Avec un châssis qui s’est amélioré au fil du temps ; tel un bon vin qui mérite de vieillir pour s’apprécier, vous pourrez consommer du Speed sans modération.
Attention toutefois pour les jeunes conducteurs qui voudraient acquérir ce genre de machine. Si la prise en main est relativement aisée, il faudra tout de même une certaine expérience pour pouvoir l’emmener vite. Efficace mais vive à la fois, il ne faudra pas relâcher son attention, faute de quoi, elle vous remettra à l’ordre rapidement. Bref, une moto 100% plaisir à manier avec doigté.
Reste à voir si le modèle 2011 sera amélioré ou pas. Cette dernière fera l’objet d’un essai tout prochainement.