
En 1992, j’avais 5 ans. Ducati présentait la Mostro. En 1998, elle devenait Monster. J’avais des roller Roces et je ne calculais même pas les motos. En 2003, j’avais 17 ans et je bavais sur la Monster 1000 jaune. 14 ans plus tard, j’ai enfin rendez-vous avec le mythe. Et en plus, elle est jaune !
Dans sa robe quasi-historique, soit le jaune utilisé sur les premières Mostro, la 821 me lance un clin d’œil de son phare rond. Se détachant sur l’adriatique, elle en jette malgré ses 25 ans. Madame s’est entretenue ! Son cadre treillis, plus costaud mais plus compact, met en valeur le galbe de son réservoir. Ramassée sur elle-même, la Monster met en valeur une partie arrière qui fait toujours son petit effet. Le capot de selle se détache sur le bleu de l’adriatique et lance une invitation claire : c’est elle, moi et personne d’autre.
Si la 821 a choisi la jetée du port de Rimini pour notre premier rencard officiel, c’est que la vue est bluffante. Le rouge me monte aux joues alors que le ciel prend la même teinte cramoisie. La mer bleu nuit clapote contre le ponton. Ma flûte de Prosecco tremble dans ma main. Son cadre treillis laisse largement transparaître son bicylindre en L à refroidissement liquide, qui ne laisse aucun doute sur sa santé malgré son passage aux normes Euro4.
109 chevaux, 86Nm de couple et toujours la distribution desmodromique. Le tout respire via un tout nouvel échappement, un rien imposant mais à la sonorité travailéée d’après ses géniteurs. La belle se fait sophistiquée, avec un maquillage de LED qui souligne son regard. Son compteur TFT, emprunté à sa cousine 1200, tout en couleur est l’un des nouveaux points forts de la 821. On navigue via le commodo de gauche très intuitivement et on peut en apprendre plus sur son humeur en quelques clics.
Ce commodo, justement, me fait un peu tiquer. Pourquoi une moto si bien habillée, à l’aura si intense, se dote d’un bracelet au look germanique ? Le bijou est pratique, mais peu seyant. Qu’importe, mon regard se porte vite sur ses étriers Brembo qui pincent d’imposants disques de 320mm. Quand elle dira stop, ça ne sera pas à moitié !
La soirée se conclut par un bon dîner et ce premier contact nous laisse tous les deux impatients de nous revoir. Elle me laisse son numéro, le 32, et me dit à demain dans un dernier clin d’œil, le croissant de lune se reflétant sur son réservoir.
Le lendemain, la Monster m’attend devant l’hôtel pour une petite journée de promenade, histoire de faire plus ample connaissance. Visiblement, nous n’allions pas être seuls, car 30 autres sœurs toutes de jaune vêtues attendent leur cavalier.
En bon gentleman, je lui ai amené un petit cadeau, un porte-clé qu’elle accepte sans rechigner. Elle a fière allure, avec ce petit accessoire, qui met en valeur sa célèbre attache de réservoir façon fermoir de botte de ski. Sans trop tourner autour du pot, je tourne sa clé de contacte et lui demande comment elle se sent, ce matin.
Le son de sa voix et celui de sa trentaine de sœurs achève de réveiller le bord de mer. Elle se sent bien ! C’est guttural, sourd et impressionnant. Mes doigts effleurent sa poignée de gaz et son échappement lance un BRÂÂP empli de promesses. Il faut croire que la Dame a bien planifié notre rendez-vous. Des guides apparaissent et proposent que nous montions en selle pour une balade en ville. Facile à enfourcher, la Monster offre une position ramassée sur l’avant mais vivable. Je noue un bandana jaune autour de mon cou, clin d’œil à sa couleur et à l’époque de sa sortie. Ça la fait rire.
J’empoigne son large guidon, tique encore sur ce commodo gauche mais m’en sers toutefois pour proposer à la Monster de commencer par un de ses trois modes de conduite : Urban. La réponse moindre des gaz est un peu déroutante et la puissance se limite à 75 chevaux. Mais on évolue sereinement dans les rues glissantes de Rimini. Cette facette de son caractère brillera lors de rendez-vous qui tournent au vinaigre. Reste que la Monster en devient presque timide et me pousse vite à passer en Touring. Les 109 chevaux du twin sont tous présents et la réponse des gaz est plus douce, mais le ressenti bien meilleur. Les 86 Nm à 7'750 poussent à tourner la poignée pour tirer le meilleur du cœur de la Monster. Ça tombe bien, nous arrivons sur les petites routes de la chaîne des Appenins, qui s’étend également dans la région . Il va y avoir du sport !