Il y a même un escalier dont les marches ont été peintes en blanc et noir, figurant un clavier de piano. Du plus bel effet. L'architecture est différente selon les quartiers et la provenance des premiers colonisateurs (anglais, allemand, espagnols) et c'est vraiment étonnant. En bref, j'ai beaucoup aimé cette ville.
Seul bémol : il y a quatre merdes de chien au mètre carré. Consciente de ce problème, la municipalité a voulu erradiquer les chiens errants mais la population s'y est opposée (cela devait être après l'ère Pinochet). En plus, ces quadrupèdes sont agressifs envers les motocyclistes. A trois reprises, j'ai été attaqué et m'en suis sorti en mettant plein gaz. Je déteste faire cela car en pleine accéleration en milieu urbain, on devient très vulnérable.
Dimanche16 mars, j'ai quitté Valparaiso et me suis dirigé vers l'Argentine. Sur l'autoroute, identique à celles de la Suisse, j'ai eu la surprise de voir des cyclistes (équipés comme chez nous aussi) et des joggeurs à l'entraînement sur la bande d'arrêt d'urgence. C'était dimanche et il y avait peu de trafic mais on roule tout de même à 120 kmh sur les autoroutes chiliennes. Un autre monde...
J'ai ensuite attaqué le col par lequel j'étais venu quelques jours auparavant en passant notamment par Portillo, station de ski bien connue de la Cordillière des Andes. Au passage, j'ai aussi aperçu le plus haut sommet d'Amerique du Sud, mais son nom m'échappe (ndlr : l'Aconcagua). La descente côté argentin fut un délice une fois de plus. Les montagnes sont tapissées d'éboulis rouges, jaunes, oranges et les sommets sont enneigés.
A partir d'Uspallata, à environ 1600 m d'altitude, je n'ai pas continué sur Mendoza comme la logique l'aurait voulu. En effet, mon ami Werner, qui est venu par ici en moto il y a quelques semaines, m'a conseillé un itinéraire allant jusqu'à Salta, éloigné de quelques 1600 km. J'ai décié de m'y tenir plus ou moins. Pour cette première partie Uspallata - Barreal, je n'ai pas été déçu. La route, déserte comme presque toujours, était tout d'abord goudronnée, puis j'ai eu 40 km de bon ripio pour finir par une route battante neuve. Mais là n'est pas l'essentiel. Le paysage était superbe dans cette large vallée bordée de sommets enneigés des deux côtés et la végétation assez verdoyante mais tout de même de type steppe. Sur le ripio, j'ai pu tester mes nouveux pneus Heidenau et c'est positif. A 80 kmh, c'est vrai qu'on ne sent plus la tôle ondulée et les bagages ne font plus de bruit (où je ne les entends plus bringueballer). J'ai passé la nuit à Barreal dans un tres bon hôtel perdu au fond d'une rue de sable sans nom et sans issue. Ca fait toujours plaisir, surtout quand on s'est préparé à passer la nuit dans une auberge douteuse.
De Barreal, j'ai pris la direction sud-est pour passer par San Juan et ensuite remonter la Valle Fertil. Ca fait un détour mais je reste fidèle à l'itinéraire de Werner. La première partie de la journée s'est deroulée dans une belle vallée avec des formations rocheuses étonnantes. La route était assez mauvaise et très sinueuse mais à vitesse réduite, j'avais tout loisir d'admirer le paysage. Ensuite, ce fut une montée d'antologie sur une route toute neuve avec des enfilades à n'en plus finir et pas une bagnole. J'ai conscience que je me répète et je ne trouve plus les adjectifs pour décrire tout ce que je vois et vis. Mais cette route, mes amis. C'est le Tourist Trophy sans ses pièges (pas de murets, pas de haies, pas de passages piétons, etc.). Arrivé à San Juan, j'ai fait de nouvelles tentatives pour retirer de l'argent, après un premier échec subi à Barreal. Rien à faire, ces satanées machines ne veulent rien me donner. En désespoir de cause, je suis allé à l'aéroport de San Juan, dans le hall des arrivées. Il y avait bien un distributeur, mais nada. Temporairement incapable de délivrer de l'argent, qu'elles vous disent les bécanes. Le touriste n'est pas vraiment aidé en Argentine à ce niveau. Le retrait maximum est de 1000 pesos par jour, soit l'équivalent de CHF 112.- environ. Cela signifie que l'on est toujours en train de flairer les bancomats car ce montant ne couvre pas les dépenses de deux jours (hôtel, nourriture, essence). En plus, le système vous pique CHF 5.- par retrait. Quant aux paiements par carte de crédit, il ne faut pas trop y compter. L'autocollant Mastercard est sur la porte du commerce mais à l'intérieur il y a une pancarte qui vous informe que le système est temporairement hors service.