C'est donc sans le sou mais avec le plein et une bonne réserve d'essence (j'emporte désormais 5,5 lt dans deux bidons) que je me suis lancé dans la Valle Fertil. Assez monotone au début, le paysage s'anime apres 150 km avec des collines escarpées couvertes d'une végétation luxuriante.
Malheureusement, la pluie s'est mise à tomber et les nuages ont caché lesdites collines. Apparemment, il devait pleuvoir depuis plusieurs heures car des rivières s'étaient formées et passaient par dessus la route. J'ai ainsi dû passer plusieurs gués mais rien de bien méchant. Peu avant d'arriver à San Agustin, je me suis trouvé devant une route coupée. La rivière en furie passait par dessus le pont et le passage semblait impossible au vu du courant et de la profondeur de l'eau. En plus, le gué faisait bien 80 mètres de long. Heureusement, sur l'autre rive, deux policiers étaient en faction et m'ont fait signé d'y aller. Toujours par signe, j'ai demandé où il fallait prendre, à gauche, à droite ? Je n'ai rien compris et en bon suisse j'ai pris au milieu. La Tigresse n'a pas bu la tasse et tout s'est bien passé. Il faut dire que le fond était sain et qu'il n'y avait pas de gros caillou, ma hantise dans ces situations.
Arrivé à San Agustin assez tard, je me suis mis à la recherche d'un hôtel acceptant les US dollars, puisque ma réserve en pesos était pratiquement épuisée. Echec à la première tentative. La tolière a préféré me voir repartir plutôt que d'encaisser une nuit. Dans mon esprit, comme un semblant de déjà vécu... en Hongrie.
La deuxième tentative fut la bonne mais au double du prix, mais c'était trop tard pour tergiverser. En contrepartie, le propriétaire de l'hotel a accepté de me faire un peu de change et il faut admettre que la chambre était très belle avec des meubles en bois brut taillé à la hache. Il y avait même une piscine et des chaises longues...
Ce matin, je suis reparti sous la pluie avec l'intention d'aller visiter le parc national "Valle de la Luna", à 70 km de là. J'espérais y trouver du soleil, mais le micro-climat de San Agustin avait apparamment décidé de s'étendre jusqu'au parc. J'ai vainement attendu un changement de temps pendant deux heures durant lesquelles j'ai discuté avec un couple de suisse-allemands d'Aarau voyageant en camping car (mon allemand progresse plus que mon espagnol par ici). J'ai aussi été interpellé par un couple de Morges, aussi en camping car. Je suis repéré avec ma plaque neuchâteloise. Ces rencontres sont toujours sympas et source de précieuses informations.
Le temps restant bouché, il était inutile de faire le tour du parc et je suis donc revenu à San Agustin avec l'intention de revenir visiter ce parc demain, si la météo le permet. De toute facon, ma route passe tout près et cela me permettra d'entraîner mes passages à gué puisque il y en a aussi un beau sur ce trajet.
Ce temps pluvieux m'aura permis d'écrire ces nouvelles. Je suis dans un cafe Internet car il n'y a pas de wifi à l'hôtel.
Hasta luego.