
Je me trouve a Cafayate, au sud de Salta et profite d'un temps maussade pour écrire cette nouvelle.
Rentré bien humide de mon expédition au parc Valle de la Luna (150 km sous la pluie), j'ai remis la compresse le lendemain, mais cette fois sous un soleil radieux. Je suis juste arrivé à temps pour joindre une colonne de véhicules qui partait faire le tour du parc sous conduite d'un ranger. Le tour fait 40 km et dure environ 4 heures. J'ai retrouvé les deux couples de suisses rencontrés le jour d'avant et il y avait encore un autre suisse-allemand voyageant avec un guide privé pendant deux mois. Comme je viens d'éditer une série de photos sur le parc, je vous laisse les découvrir (galerie en bas d'article). Juste un petit mot quand même pour préciser que le parc est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO en raison du fait qu'on y trouve sept couleurs différentes de roches. Les concrétions parfaitement sphériques se forment comme les perles dans les huitres, mais à partir d'un fragment d'os de dinosaure. Ca se passe dans les profondeurs des sédiments et les sphères apparaissent petit à petit en surface par le jeu de l'érosion. L'endroit est aussi connu pour les nombreux squelettes de dinosaures retrouvés en surface grâce aussi a l'effet de l'érosion. Bref, ce n'est pas le bon endroit pour enterrer sa belle-mère.
En quittant le parc vers 14h00, je me suis dirigé vers Chilecito où j'ai passé la nuit et ai enfin pu retirer de l'argent au bancomat. Je me trouve de nouveau sur la Ruta 40. Cette grosse ville ne présentant pas d'intérêt particulier, je suis reparti le lendemain matin en direction de Fiambala, ville thermale qui se trouve sur la route du col Paso San Francisco qui mène au Chili. Ça me faisait un détour de 220 km mais le parcours faisait partie des suggestions de Werner et, une fois de plus je n'ai pas été déçu. Les régions traversées etaient tres variées, allant de vignobles à des vallés semi-désertiques avec plein de cactus. J'ai aussi traversé plusieurs villages dont les maisons sont construites en Adobe (briques de terre rouge). Fiambala est une oasis en plein désert que l'on voit apparaître de loin. J'aurais voulu passer la nuit à l'hôtel des thermes, à 14 kilomètres du village, en pleine montagne, mais c'était complet. Je me suis donc rabattu sur Fiambala, y ai passé la nuit dans une auberge très bien tenue (pour 100 pesos, soit l'équivalent de CHF 11.50. A la péninsule de Valdes, nous avons payé 1'000 pesos pour une nuit d'hôtel. Ce sont là des extrêmes et y ai mangé la pizza la plus dégueulasse de ma vie (il n'y avait qu'un restaurant ouvert et la carte était très limitée). A peine rassasié, j'ai acheté une glace dans une épicerie et, comme la pizza, je n'ai pas réussi à la finir car elle n'avait aucun goût. Il y a des jours comme cela.
Le lendemain, je suis donc revenu sur mes pas sans aller jusqu'au col San Francisco éloigné de 200 km, soit 400 km aller-retour sans station d'essence. Près de San Blas, j'ai retrouvé la Ruta 40 que j'ai suivie jusqu'à Cafayate en passant par Londres (!) et Belen. Une journée à 460 km, avec une partie de ripio et des passages à gué, mais cette fois en passant dans le lit caillouteux de la rivière. Tout s'est bien passé, la fourche de la tigresse a bien amorti et au milieu j'ai visé un point sur l'autre rive et ai mis plein gaz comme si j'avais un chien aux trousses.
Je suis arrivé à Cafayate en début de soirée et ai pu assister à un super coucher de soleil sur des montagnes rouges avec, au premier plan des vignobles à perte de vue. J'ai fait des photos mais il faisait déjà un peu trop sombre. L'endroit ne se trouve qu'à quelques kilomètres de la ville et j'y retournerai demain en vélo et vous ferai decouvrir quelque chose d'unique.
Les événements d'hier me font publier cette nouvelle avant le récit couvrant le parcours Cafayate - Arica, tout au nord du Chili.
Je suis arrivé à Arica assez tard après 550 km de route, dont 400 dans un désert déprimant. Après être allé manger dans la zone piétonne, je suis entre dans un magasin d'optique pour acheter du produit pour mes lentilles de contact. Alors que j'attendais mon tour, le sol s'est mis à trembler. J'ai tout d'abord pense qu'un métro devait passer juste au-dessous du magasin. Quand les lunettes exposées dans les vitrines se sont mises à dégringoler, j'ai réalisé qu'il s'agissait d'un tremblement de terre. L'opticien de donnant aucun signe rassurant, bien au contraire, je suis sorti en vitesse dans la rue. Il était 20h45 et il faisait déjà nuit. Je suis reste plante au milieu de la rue, pensant être plus en sécurité qu'à l'intérieur. Les façades des immeubles ondulaient fortement sous les secousses. Je me suis dit que tout allait s'écrouler. Ce n'est pas possible qu'une maison puisse résister à cela. C'est alors que je me suis aperçu que les câbles électriques au-dessus de moi étaient fortement chahutés. À une cinquantaine de mètres, un câble s'est abattu au sol dans une gerbe d'étincelles. Puis toute la ville a été plongée dans le noir et les gens, surtout les femmes, se sont mis à hurler. Je me suis réfugié dans l'embrasement d'une porte ou se tenaient déjà quelques personnes. J'ai senti des trucs légers me tomber dans le dos sans pouvoir les identifier dans le noir. Le tremblement a cessé au bout de 2 ou 3 minutes qui ont semble une éternité. Étonnamment, je n'ai ressenti aucune peur me disant même que j'avais la chance de pouvoir choisir ma mort: par électrocution ou par écrasement sous un immeuble. Après les secousses, les éclairages de secours de quelques commerces se sont enclenchés et les gens, visiblement préparés,ont sorti leur lampe de poche. C'est alors que je me suis aperçu que les trucs qui me tombaient dessus étaient des mannequins pour vitrines.