Roadbook publié le 22 avril 2014

De Montevideo à Austin (12) - Les lacs salés, l'océan et les merveilles naturelles [page 3]

Texte de Daniel Quadri

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Suivant toujours les suggestions de Werner, je me suis dirigé sur San Antonio de Los Cobres en suivant une vallée qu'emprunte également le train des nuages qui monte jusqu'à plus de 4200 m d'altitude. Très rapidement, je me suis retrouvé sur une piste étroite avec la pluie pour compagne. Heureusement, cela n'a pas duré et j'ai eu tout loisir d'admirer le paysage ponctué de nombreux cactus (les mêmes que dans les Lucky Luke). La piste s'est ensuite transformée en route au revêtement parfait et j'ai pu décrassé la tigresse et tester son comportement à plus de 4'000m d'altitude (très bon mais avec un ralenti instable). Les derniers kilomètres avant San Antonio se sont à nouveau déroulés sur une piste sablonneuse ou en tôle ondulée dans un paysage désertique.

San Antonio de Los Cobres, un joli nom pour un gros village à 3'800m d'altitude, en plein désert, pas un arbre, que des maisons basses alignées le long de rues non-asphaltées en damier. Rien de bien engageant à part un hôtel assez moderne. Complet. Les passagers du train des nuages l'avaient pris d'assaut, apparemment. Je me suis donc rabattu sur une auberge et comme souvent ai été surpris en bien. Le tenancier, portant un espèce d'uniforme militaire, aurait pu jouer les doublures de De Niro. A 15h30 de l'après-midi, il m'a preparé la meilleure Milanese que j'ai mangée en Argentine. Après une petite sieste, j'ai prudemment demandé s'il y avait du Wifi et la réponse fut : bien évidemment. Et en plus ça fonctionnait très bien. Le soir, j'ai encore soupé dans cette auberge tenue par De Niro et son fils. L'addition fut également une surprise : l'equivalent de CHF 25.- pour la nuit, les deux repas et le petit-dejeuner.

Mais bon, je n'allais tout de même pas passer une semaine dans cet endroit pour des raisons économiques et je suis reparti le lendemain matin pour San Pedro de Acatama, au Chili. Ce fut une rude journée avec beaucoup de pistes piégeuses et quelques erreurs de navigation. A un moment donné, j'ai pris une piste longeant un salar pour rejoindre la route nationale qui mène au passage de la frontière, au col de Jama. Le paysage était très beau mais la piste particulièrement traître. Elle était constituée de sable dur, ou plutôt d'une croûte qui, par endroits, cédait sous mes roues. Cela provoquait des embardées inquiétantes et je me suis vu plus d'une fois à plat ventre. Cela a duré 60 km et je n'ai pas vu âme qui vive sur cette section. C'est avec beaucoup de soulagement que j'ai retrouvé la route nationale et son bienvenu revêtement bitumeux.

Le passage de la frontière a été assez rapide malgré le fait que les douaniers chiliens m'ont tout fait démonter pour vérifier le contenu de mes bagages. L'importation de produits frais est interdite au Chili et je suppose qu'ils n'avaient pas assez saisi de fruits pour leur salade du soir.

La descente du col de Jama s'est deroulée sur une belle route sinueuse avec de jolis salars à admirer.  Je suis arrivé à San Pedro de Acatama en début de soirée après une journée de 360 km, dont 240 sur pistes.

San Pedro est un gros village de 4000 habitants et aucune de ses rues n'est goudronnées. Les maisons ont gardé leur aspect traditionnel, en adobe. Cette bourgade dégage beaucoup de charme malgré la présence de nombreux touristes. Il faut dire qu'elle se situe en bordure du désert d'Acatama et à proximité immédiate de nombreuses curiosités naturelles.

Au lendemain de mon arrivée, le 28 mars, j'ai loué un VTT et me suis engagé dans la Vallée de la Lune (encore une). C'est une balade d'environ 30 km aller/retour dans un décor minéral étonnant. Alors que je visitais une mine de sel abandonnée, je me suis retrouvé avec deux autres cyclistes francophones, un québéquois et un fribourgeois de St-Aubin/FR. Nous avons fait le chemin du retour ensemble et nous sommes retrouvés le soir pour le souper. A la table, se trouvaient également un couple de Charmey, une fille de Cully et une infirmière de Strasbourg. Le monde devient petit dans les endroits touristiques. Mais ces sympathiques rencontrés m'auront permis de passer encore deux belles journées à San Pedro. Le lendemain, nous sommes allés, avec un tour organise, visiter les geysers de Tatio ä 95 km de San Pedro. Partis à 5h30 du matin, nous sommes arrivés sur place pour le lever du soleil. Fait exceptionnel, il avait neigé durant la nuit et le site était saupoudré de neige, comme du sucre glace et du plus bel effet. J'ai par contre été déçu des geysers qui n'en sont plus. Il y a quelques années, des apprentis sorciers ont entrepris des forages en vue d'exploiter les ressources thermiques du site et ont complètement perturbé le système. Mais l'endroit reste tout de même de toute beauté même avec une température de moins 10 degrés (on est a 4'400m d'altitude). Malgré cette belle température, notre compagne de voyage chinoise n'a pas hesité à se plonger dans une piscine naturelle d'eau thermale à 24 degrés !

Le soir, nous sommes encore allés sur une crête au fond de la vallée de la mort pour admirer le coucher du soleil et le ciel étoile qui, sous cette latitude, est sans pareil. La voie lactée peut être observée très nettement. Nous avons pique-niqué sur place puis sommes rentrés avec nos vélos et nos lampes frontales.

Le lendemain et toujours à vélo, nous nous sommes rendus à la Laguna Cejar. Il s'agit de deux lacs d'eau salée qui ont survécu par je ne sais quel phénomène dans une zone plate et semi-désertique. L'eau est tellement salée qu'on flotte sans devoir nager. L'eau a une température de 18 degrés mais une fois trempé, c'est bien agréable de se laisser dériver assis comme dans un fauteuil.

Presque en même temps que toute l'équipe, j'ai quitté San Pedro le 31 mars, direction Tocopilla, au bord du Pacifique. En passant, j'ai tenté une visite de la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert du monde, à quelques kilometres au nord de Calama, mais sans succès. De la route qui surplombe la mine, j'ai tout de même aperçu l'étendue de cette exploitation qui s'étale sur des kilomètres. Un peu plus loin, je me suis aussi retrouvé derrière un convoi  spécial transportant des bennes basculantes destinées aux camions d'une mine. Elles prenaient toute la largeur de la route et il était impossible de dépasser. Le trafic venant en sens inverse était dirigé sur le bas côté par une patrouille de police avancée. Tout est démesure dans ces mines, ce dont je m'étais déjà rendu compte au Pérou en visitant la mine à ciel ouvert de Antamina.

A Tocopilla, je me suis à nouveau retrouvé dans un hôtel à la devanture peu avenante mais avec un intérieur surprenant avec patio et piscine.

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