Les jours suivants ont été consacrés à la visite de la ville, avec notamment le monastère de San Francisco et l'église des jésuites dont l'intérieur est couvert d'or. Le lundi, j'ai aussi assisté à la relève de la garde devant le palais gouvernemental. Le président et ses ministres sont restes au balcon durant toute la cérémonie. Quito est aussi dominé par un volcan spectaculaire, le Pichincha (4680 m) mais ce dernier est reste cache dans les nuages pendant toute la durée de mon séjour. J'ai donc renoncé à toute approche. À plusieurs reprises, j'ai aussi revu Marianne et Bernard et c'était bien sympathique de pouvoir partager nos impressions et nos repas.
Lundi après-midi, j'ai amené la tigresse chez le concessionnaire Triumph pour le service des 30´000 km. J'aurais bien voulu qu'ils débarrassent la moto de tout ce goudron encore présent mais j'ai essuyé un refus. Ce type de travail n'entre en effet pas dans les compétences d'un mécanicien. Si à Santiago du Chili la moto est ressortie comme neuve du service, à Quito, elle est ressortie dans le même état qu'à l'entrée. J'espère que les travaux mécaniques auront été exécutés correctement par ce grand garage qui est aussi concessionnaire pour Husaberg et MV Agusta. Un bon point tout de même : le défaut qui empêchait le GPS de se recharger a été éliminé. Un fusible défectueux en était la cause.
J'ai quitté la capitale équatorienne le 5 juin et après une petite étape de 140 km, j'ai atteint la ville d'Otalavo, célèbre pour son marche artisanal qui se tient le samedi (demain). Il y a aussi de belles randonnées à entreprendre dans la région mais, de nouveau, la meteo est capricieuse. Aujourd'hui, j'ai quand même réussi à faire une balade à pied jusqu'au lac San Pablo sans me faire rincer. La durée de mon séjour ici va dépendre du temps. La Colombie se trouve à 150 km et me tend les bras et peut être un peu plus de soleil.
La forme est bonne et mes soucis de santé sont oubliés. Il y a juste le moral qui est un peu à la baisse mais ça ira mieux le 21 juin avec l'arrivée de Maroussia à Bogota.
Hasta luego.
Les précipitations s'étant enfin calmées, j'ai prolongé mon séjour à Otalavo (Equateur) jusqu'au 10 juin. J'en ai profité pour aller voir la chute de Peguche, à pied. Le lendemain, je suis monté en moto et avec tous les bagages jusqu'au lac Mojanda. La route qui y mène est pavée mais c'est très cahotique. Plus d'une fois j'ai hésité à faire demi-tour. J'aurais du car je n'ai pas trouve cet endroit extraordinaire. Mais peut-être qu'avec un peu de soleil, le lac et son environnement auraient été plus attractifs. En redescendant, je suis tombé sur une auberge de campagne nichée dans un écrin de verdure et y ai passé la nuit. Après l'agitation d'Otalavo, j'ai apprécié le calme de cet endroit. Depuis le balcon, j'ai eu tout loisir d'observer des colibris. Ces petits oiseaux sont capables, grace à des battements d'ailes d'une vitesse phénoménale, de se maintenir sur place pendant que leur long bec pompe le sucre des fleurs des arbres.
La veille de mon départ d'Otalavo, j'ai tenu à passer la nuit dans une hacienda également nichée en pleine nature dans les coteaux surplombant Otalavo. La propriété est magnifique et comme seul client, j'ai eu droit à une visite guidée par le maître des lieux. La maison familiale, partiellement transformée en hôtel, à 220 ans. Elle contient de nombreux objets antiques tels que fusils, couteaux, sabres, balances, radios, malles, fourneaux, etc. Un véritable musée aménagé avec beaucoup de goût. Le domaine à une surface de 220 hectares et comprend tout un flanc de la montagne. C'est comme si un paysan de St-Blaise vous disait que son domaine va jusqu'à la crête de Chaumont.
Le but de ma visite à l'hacienda était aussi de monter à pied à la lagune Cuicocha, ce que j'ai pu faire durant l'après-midi. Ce plan d'eau s'est forme dans un cratère de volcan et comprend deux îles en son milieu. C'est un endroit sauvage peu visite et c'est très joli. En redescendant, j'ai fait un bout de chemin avec deux hommes et une femme surgit de la forêt, machette à la main. Bien que maintenant habitué à voir les paysans munis de machette, je n'ai pas pu m'empêcher de me faire du cinéma. Au bout de 100 m, nous avions fait connaissance. L'un des deux hommes parlait français et est président de la société de développement touristique du lieu !
C'est le mardi 10 juin et entouré par les trois générations des propriétaires de l'hacienda que j'ai pris la route pour la frontière colombienne, éloignée d'environ 150 km. À Tulcan, affreuse ville frontalière côté équatorien, je me suis copieusement fait arrosé. Pour une fois, c'est tout heureux que je suis entré dans les locaux de la douane car j'y étais à l'abri. Une fois toutes les formalités accomplies et en retournant vers ma moto, j'ai eu la surprise de voir une Honda Transalp immatriculée en Argovie parquée à côté de la tigresse. Leurs propriétaires, Daniel et Yvonne, voyagent aussi à travers l'Amérique latine. Les présentations faites, nous avons décidé de rouler ensemble dans cette première partie de la Colombie classée zone rouge. Une fois de plus, la chance m'aura souri. Nous nous sommes donc mis en route en direction de Pasto ou Daniel et Yvonne avaient réservé un hôtel. Nous avons bien sur fait le détour par la fameuse église de Las Lajas construite au fond d'une profonde gorge. C'est paraît-il le Lourdes colombien et le chemin d'accès est tapissé de plaques gravées témoignant des bienfaits du lieu. C'est en grande partie de nuit que nous avons parcourus les quelques 120 km qui nous séparaient de l'hôtel. En raison d'un intense trafic de poids lourds et d'une route très sinueuse, nous ne sommes arrivés au but que vers 21h00, soulages et affames. Notre dernier repas remontait en effet au petit-déjeuner. La cuisine étant déjà fermée, nous avons du nous contenter de quelques croissants et d'un peu de fromage ressemblant à de la mozzarella.