Je quitte l'Afrique australe pour entrer en Afrique de l'Est. Un petit pas symbolique dans mon avancée.
À peine la frontière franchie, je suis happé par le trafic routier : énormément de monde sur la route, camions, voitures et de plus en plus de motos ! Petites motos, bien sûr, mais précédemment il y avait peu de deux-roues.
Mais en plus des deux-roues, place maintenant à une vraie nouveauté : le trois-roues ! Si vous imaginez un scooter à trois roues comme on peut en voir chez nous, eh bien rien à voir, je voulais plutôt designer ça, le véritable triporteur.
Ici, ces tuk-tuk que l'on imagine uniquement en Asie du Sud-Est sont appelés Badjajji. Et pour la soirée à Mbeya, ça sera mon moyen de transport.
Ces petits taxis peuvent embarquer jusqu'à cinq personnes plus le chauffeur ! Je suis sûr qu'ils arrivent à faire mieux, cinq c'est juste ce que j'ai testé. Évidemment, aussi chargé et sous-motorisé, c'est pas rapide mais le pilote a un atout dans sa manche : son klaxon ! Prioritaire ou pas, on passe à grands coups de klaxon ! Cardiaques, s'abstenir de monter là-dedans !
Je préfère récupérer ma moto et tracer la route plus sereinement. Je commence vraiment à me faire à la conduite à gauche, je n'y pense même plus et je peux plus facilement profiter du paysage.
La Tanzanie, c'est en plein dans la vallée du Rift, ou plutôt le contraire, la vallée du Rift est en plein dans la Tanzanie. Ce qui crée des paysages très étonnants, partout des rochers éparpillés au milieu de rien... presque menaçants de tomber sur la route !
On passe de 500m d'altitude à 1800m et vice-versa en peu de temps ! J'ai toujours cru que l'Afrique était basse, mais en fait c'est un plateau plutôt élevé : depuis le départ j'oscille entre 1300 et 1700m, l'équivalent de stations de ski de hautes montagnes en Europe ! Sauf qu'ici il fait 40°C...
Et donc je monte et descends au gré de ma route...
La chaleur écrasante m'oblige à faire des pauses. Malgré la chaleur, je garde ma veste de moto, seule protection que j'ai avec mon casque en cas d'accident. Et vu la conduite ici, c'est le genre d'évènement malheureux que j'aimerais éviter mais qui est très probable !
Merci aux baobabs présents le long des routes pour m'offrir un peu d'ombre. Une vraie pause africaines sous un baobab !
La bonne nouvelle ici, c'est donc la présence de motos, car qui dit moto dit magasin de motos ! Ainsi, je vais pouvoir facilement trouver de quoi faire l'entretien de Lasty ! Évidemment, les standards sont africains, mais ont vraiment du charme.
Et l'intérieur ressemble plus à la caverne d'Ali-Baba qu'à un magasin de motos à l'européenne...
On trouve de tout ou presque... sauf de la graisse en spray pour chaîne. La graisse ici se fait en pot uniquement et on graisse au doigt, comme me le montrera le patron de l'enseigne en s'occupant gracieusement de ma moto.
Je roule en direction de Moshi, au pied du Kilimandjaro. L'idée c'est d'attendre là que mon passeport revienne de France avec mon visa éthiopien. Envoyé quelques jours plus tôt par DHL, je me retrouve donc dans un pays étranger sans pièce d'identité, donc je dois me poser pour éviter les contrôles de police.
En route, je rencontre des motards sur des grosses cylindrées : des Suzuki DL V-Strom 650, pour ici ce sont même des très grosses cylindrées !
Il s'agit d'un guide kényan et ses deux clients américains. Ils ont loué les motos à Nairobi et ont fait un périple jusqu'en Afrique du sud, et là sont sur le retour vers Nairobi pour prendre leur avion et rentrer. Ça fait une belle balade tout de même ! Ils roulent énormément en journée car ont des grandes distances à parcourir.
Lorsque j'arrive à Moshi, je croise un Canadien qui a acheté sa moto en Afrique du Sud et voyage en Afrique. Il est en panne, robinet d'essence qui fuit et batterie qui a lâché. On répare le robinet et il tente de trouver une batterie correcte pour sa moto, une KLR650, moto très populaire chez les Américains pour voyager.
Il est dépité, mais c'est sans compter sur la bonne humeur tanzanienne pour le soutenir !
Mais Moshi, c'est avant tout une vue sur le Kilimandjaro...
Bien que je n'étais pas venu pour ça, et que ça soit un budget énorme, je me décide à partir pour cinq jours à l'attaque du toit de l'Afrique ! Quatre jours de marche en haute montagne pour passer de 1800m au sommet à 5895m...
Avant d'atteindre le sommet, la marche a commencé à minuit dans le but d'arriver en haut pour admirer le levé du soleil...
Un souvenir incroyable qui restera gravé dans ma mémoire ! Les plus belles choses sont les choses simples, et ici ma moto ne m'a nullement aidé à monter, uniquement à la force des jambes !
S'il y avait une chose à faire en Tanzanie c'était ça. Mon passeport est revenu avec mon précieux visa qui m'assurera d'avancer un peu plus loin. Direction le Kenya maintenant, où la course aux visas continue...