Ce millésime 2013 met l’accent sur la sportivité et le dynamisme. Il se range dorénavant aux côtés des trails routiers sportifs. Les Tiger 800 et 1200 assurent, eux, le côté tout-terrain et baroudeur. A l’image de la Versys 1000 ou autre plus puissante Multistrada, le Tiger 1050 Sport souhaite être une moto à tout faire : de la balade à deux aux déplacements quotidiens boulot-maison en passant par les parties d’arsouille entre potes. Comme mon collègue Patrick l’avait testé seul sur les routes catalanes, nous nous devions de le mettre à l’épreuve du duo.
Pour les uns, la moto est un loisir égoïste ; pour d’autres, elle est un divertissement que l’on pratique en couple. Ce Tiger 1050 Sport, bien que sportive de vocation, doit pouvoir accueillir passager (en l’occurrence "passagère") et bagages sans qu’il perde ses qualités dynamiques. Aussi, l’aspect confort durant la phase d’achat d’une nouvelle moto est un point déterminant pour Madame qui joue le rôle ingrat de passagère.
Le Tiger fait partie de ces motos faciles, que l’on apprivoise en quelques kilomètres. Une position très légèrement inclinée vers l’avant, un guidon large accentuant la maniabilité, une selle permettant de surplomber le trafic, un contact aisé avec les commodos et leviers de frein et d’embrayage, une parfaite rétrovision, une instrumentation légère et intuitive, ... à peine le temps de décrire l’ambiance à bord qu’on l’a déjà en main !
Le trois-cylindres 1050 est connu des fans de la marque et éprouvé depuis de nombreuses années. Ce moteur, on l’aime. Il bénéficie d’une grande allonge dès les plus bas régimes jusqu’à la zone rouge. Aussi, le timbre de ses vocalises est reconnaissable entre mille ; il fait un bruit de turbine... rappelez-vous les VW équipées du G60 ! Il a du charme, du charisme et offre un beau bouquet de performances. De plus, depuis sa sortie il y a plus de dix ans, il a su répondre aux normes antipollution toujours plus drastiques en diminuant sa consommation d’essence (mesurée entre 4.8 et 5 litres pour 100 kilomètres durant notre essai). On regrette toutefois l’absence de commande des gaz électronique (ride-by-wire) ainsi que de l’indicateur de rapport engagé. En parlant d'électronique, notons l'absence d'anti-patinage... déjà présent sur sa concurrente directe, la Versys 1000.
Notre Tiger d’essai est équipé d’un top-case de grand volume (55 litres). Nous retrouvons également dans les options une paire de valises latérales de 31 litres chacune, ce qui porte ainsi le volume total de la bagagerie à 117 litres. Pour ceux qui aiment les longs voyages, c’est un atout important. Au menu des gadgets, on découvre aussi une prise-accessoires 12 volts dans le top-case ainsi qu’à proximité du tableau de bord. L’une rechargera votre téléphone portable tandis que l’autre alimentera un GPS "plug-and-navigate", par exemple. Pour affirmer son côté streetbike robuste, le Tiger s’est doté de barres noires de protection moteur en acier.
Ainsi accessoirisé, ce Tiger a une gueule d’enfer dans sa robe rouge (Diablo Red). Remarquez également les magnifiques jantes soulignées d’un liseré rouge et mises en évidence par le monobras oscillant. La boucle arrière très effilée accentue encore le dynamisme de l’ensemble. Quant à l’avant, les lignes deviennent plus acérées mais garde l’identité originelle du Tiger 1050 de première génération. C’est une moto qui fait envie, sans même parler de sa motorisation, tant le design est harmonieux et dynamique ! Madame, qui n’est pas attirée par les trails, la trouve agréable et plaisante, c’est dire !
Ma passagère ne se fait pas prier pour prendre place. Calée entre le dosseret du large top-case et mon dos, elle bénéficie d’une place de choix. Bien qu’installée sur une selle quarante millimètres plus basse que celle du précédent Tiger, le champ de vision depuis la place passager est large et permet ainsi d’anticiper les freinages et virages. La selle n’a pas le moelleux attendu pour une moto a priori conçue pour tailler la route à deux. Elle est ferme et finalement répond à l’appellation sportive du Tiger. A l’usage, sur une longue journée de près de 500 kilomètres, des arrêts plus fréquents seront de mise, tant pour la passagère que pour moi.
Campé sur la selle à 830mm du sol, ma position décontractée me permet de ne pas fatiguer sur la distance. Seules quelques douleurs au fessier viennent ternir le tableau après une quarantaine de minutes de route, comme déjà évoquées plus tôt. Ce n’est pas non plus le poids de la passagère qui me gênera. Au contraire, elle n’a pas le besoin de s’appuyer contre mon dos, ni sur le réservoir ou s’agripper à ma taille, les longues poignées latérales lui offrent une parfaite prise et un gain de sécurité non négligeable lorsque le rythme s’accélère.
D’ailleurs, lorsque le temps presse et qu’il faut rouler à allure plus soutenue, on peut compter sur le nouvel amortisseur du Tiger. Après quelques réglages tout en finesse, l’amortissement, en virage notamment, est proche du sans faute. La suspension Showa est sèche et transmet les nombreuses irrégularités de l’asphalte mais ne saute ni ne pompe. Le Tiger est comme sur un rail et se laisse guider intuitivement d’un virage à l’autre. Sa vocation est réellement sportive et fait l’impasse sur une petite dose de confort qui parfois peut se montrer appréciable. La fourche Showa, réglable dans tous les sens (précharge, détente et compression), travaille convenablement avec le calibrage d’origine. Je préférerai une plongée moindre au profit de la précision du train avant. Avec un peu de patience, quelques clics plus tard, le réglage optimal est trouvé.
Je regrette toutefois qu’un réglage de l’amortisseur soit nécessaire à chaque changement de configuration de conduite, en solo ou en duo, bien que ma passagère soit un poids-plume. Que vous rouliez seul ou à deux, chaque configuration a son propre réglage. Je me contenterai de jouer de la précharge. Une molette ergonomique aurait été plus pratique pour procéder aux réglages... à l’instar du grand frère Tiger Adventure.
Du caractère-moteur, j’ai aimé sa grande souplesse et sa capacité à reprendre sans broncher bas dans les tours. En roulant à deux, un moteur souple est impératif pour le confort du passager. Cela évite d’incessants changements de rapport. Entrevoir un dépassement sur le sixième rapport est envisageable sans se mettre en danger, de même que traverser les localités sur ce même et dernier rapport. Aussi, en mode balade, même à rythme soutenu, rien ne vous empêchera d’enrouler sur le couple- et l’allonge-moteur. Côté vocalises, la sonorité envoûtante du moteur n’est pas envahissante et s’apprécie dès les premiers kilomètres.
Rouler tous les jours et rouler jusqu'à l’autre bout de la Suisse le temps d’un week-end prolongé, mon épouse et moi avons pleinement profité des capacités et du charme du tigre anglais. On s’y attache et on peine à le rendre, après près de 2’800 kilomètres passés sur sa selle (en deux semaines !).
Ce Tiger Sport est une sorte de Speed Triple haut sur pattes. Capable de belles performances et d’intéressantes parties d’arsouille comme de trajets urbains au quotidien ou de longues excursions à deux, il se distingue par sa vraie polyvalence. Bien que dépourvu de toutes les aides électroniques possibles, il s’inscrit comme un concurrent au trail Kawasaki Versys qui, lui, a moins de charisme mécanique et d’attrait esthétique. Et, finalement, il représente LE trail routier à vocation sportive de Triumph.
Ceux qui recherchent une mécanique atypique et performante, une bonne dose de maniabilité et une grande polyvalence, devront s’attarder sur le Tiger Sport !