
Le premier titre mondial de Phil Read et de Yamaha arrive à Monza, en Italie, le 13 septembre 1964, dans la catégorie 250cc, avant que le pilote anglais soit aussi couronné en 500cc, avec MV Agusta en 1973 et 1974.
« C’est incroyable que je sois ici et encore en vie, et Dieu merci, je le suis ! » déclare Read en plaisantant dans une interview avec motogp.com. « Je suis tombé pas mal de fois et j’ai couru des centaines de courses face aux meilleurs pilotes du monde. »
« J’avais fait le voyage depuis l’Angleterre avec ma Citroën Safari et deux motos à l’arrière. J’étais arrivé au circuit un jour en avance et c’était incroyable d’écouter le son de la Honda 6. Nos adversaires faisaient des tests. Mon coeur se serrait. Je me disais, ‘C’est fini ! Je ne remporterai jamais le titre !’ Mais avec mon mécanicien japonais, nous avions produit une Yamaha très fiable. La course était dure, il fallait utiliser l’aspiration et Honda était trop enthousiaste alors qu’ils n’avaient pas suffisamment testé leur moto. En un ou deux tours, elle s’est mise à chauffer de manière excessive et Jim Redman était forcé de couper les gaz pour continuer à rouler en sixième. Mon coéquipier Mike Duff roulait sur ma deuxième moto et a fini par doubler Redman avait de battre le record du tour. C’était donc un brillant doublé pour Yamaha. Je suis ensuite rentré à l’hôtel, j’ai raccompagné mon mécanicien à l’aéroport, je suis parti sans conférence de presse, sans obligation pour la télévision, et j’ai pris la route pour rentrer en Angleterre. Après ça je suis allé au Japon pour le dernier Grand Prix, à Suzuka, Yamaha Motor Company avait donné un jour de congès à toute l'entreprise et organisé une fête dans le centre ville, c'était incroyable. J'étais tellement heureux ! Depuis, j'ai toujours été heureux de faire partie et d'être étroitement associé avec le happy team, qui pour moi est Yamaha. »
« Ils ont énormément de travail, » déclare Read au sujet de Marc Márquez, Dani Pedrosa, Valentino Rossi et Jorge Lorenzo. « Ils ne travaillent pas seulement sur leurs motos, mais il y a aussi les qualifications, le warm-up et plusieurs séances. Ils doivent ensuite voir la presse et ils ont des engagements avec leurs sponsors, dont ils ont besoin. Ils sont cependant bien payés… même très bien ! C’est télévisé à travers le monde et il y a un important retour pour les sponsors et les pilotes qui les portent sur leurs casques, leurs cuirs, leurs gants, leurs bottes et partout où on peut mettre un autocollant. Il y a beaucoup plus d’argent maintenant. »
« Mon premier contrat avec Yamaha était de 5 000 livres sterling pour l’année ! Si on compare par rapport à aujourd’hui, ça ferait à peu près 37 000 livres (~ 47 000 euros), ce qui n’est pas beaucoup. Mais nous avions l’autorisation d’utiliser nos motos pour des meetings internationaux privés, qui payaient bien mieux que les Grands Prix. Pour le Dutch TT ou le Grand Prix d’Italie, nous gagnions peut-être 300 lires, mais sur des évènements internationaux sur la côte adriatique, on nous offrait 3 millions de lires. Ça valait donc vraiment le coup de descendre là-bas. Honda et Suzuki venait avec des motos officielles et il y avait aussi des Benelli et des Marini. La compétition était très intense mais aussi très fun. »
« J’ai eu l’honneur de donner à Marc sa médaille d’or au Congrès de la FIM en décembre dernier. Je lui ai dit : ‘Marc, tu es tombé 15 fois cette saison, c’est beaucoup trop !’. Il m’a répondu en souriant ‘No problem!’ Nous savons effectivement que ça n’a pas été un problème. Je pense qu’il a élevé la barre si haut qu’il sera vraiment très, très difficile de le battre mais je pense que Honda commence à avoir du mal à suivre la progression de Yamaha qui travaille très, très dur et compte sur deux brillants pilotes avec Jorge et Valentino. »
Phil Read est l’un des six pilotes britanniques à avoir remporté le titre mondial en catégorie reine (1973-74) aux côtés de Les Graham (1949), Geoff Duke (1951, 1953-55), John Surtees (1956, 1958-60), Mike Hailwood (1962-65) et Barry Sheene (1976-77).