
La compétition moto internationale bat son plein en Suisse. Tout le monde connaît la glorieuse dream team de Fred Corminboeuf et ses purs-sangs Tom Lüthi, Dominique Aegerter et Robin Mülhauser, mais peu encore ont découvert les étoiles montantes de Christian Perritaz, à savoir le Jurassien Stéphane Frossard, le Vaudois Adrien Pittet et le Valdo-Genevois Alexandre Soguel. Tous trois font partie du Swiss Junior Team Moto2 engagé en Championnat européen Moto2 CEV Repsol.
A l'issue de ce dernier week-end en Algarve (Portugal) marqué par les deux premières courses du Championnat, AcidMoto.ch a eu l'occasion de s'entretenir avec les trois pilotes romands. Satisfaction, émotion, déception, inquiétude, le Swiss Junior Team Moto2 est ébranlé par toute sorte de sentiments, mais dans tous les cas, chacun des pilotes maintient ses objectifs et reste confiant face à cette nouvelle saison.
Adrien Pittet sortait d'une saison 2014 en demi-teinte. Alors qu'il était engagé en Championnat européen FIM STK600 au guidon d'une Yamaha R6, il n'a pas réussi à sortir son épingle du jeu, par manque d'entraînement essentiellement et aussi à cause du stress engendré par son apprentissage qu'il mène de front avec sa carrière de pilote.
Toutefois, Adrien garde le moral et son talent de pilote. Il l'a confirmé ce week-end en s'affichant quinzième puis neuvième lors des deux courses, la dernière étant interrompu par la pluie.
Les cinq jours de roulage de ce début de saison lui ont permis d'apprivoiser sa nouvelle monture et de procéder aux premiers réglages. Satisfait de sa moto et à l'aise, il se montre très confiant en l'avenir. Il reste conscient qu'il y a encore beaucoup, voire tout, à apprendre dans cette nouvelle catégorie et avec cette moto2 au châssis Suter.
L'objectif de la saison ? Se placer dans le top 10 au classement général et briguer la place du meilleur suisse de ce Championnat.
Et à Adrien de se confier : "Je suis content d’avoir réalisé d’excellents départs de courses ! J’avais la pression car j’étais partagé entre le fait de devoir apprendre la moto et à la fois de vouloir remplir mon objectif d’être le meilleur pilote suisse. Alors je suis très content car, aujourd’hui, j’ai rempli doublement mon objectif, en finissant en plus dans le top 10 ! Je remercie les mécaniciens pour tout le travail effectué pour la remise en état de ma moto après ma chute de la semaine dernière. Grâce à eux et à leurs compétences, j’ai pu participer à ces deux courses à Portimao."
Quant à Stéphane Frossard, lui, il prend ses marques. Il a passé sa saison 2014 entre deux Championnats, avec des motos différentes. Et de plus, durant cet hiver, il n'a pas pu rouler comme souhaité. Cependant, il a pu s'entraîner en s'adonnant à la course à pied et à quelques sessions sur le circuit de Levier avec sa supermotard.
Il chute durant les qualifications et ne peut reprendre pour établir un meilleur chrono. Il se trouve alors à la onzième place sur la grille de départ. Ensuite, dû essentiellement à un manque de grip à la roue arrière, il ne parvient à tenir le rythme et termine dix-septième à la première course, puis quatorzième à la seconde. Toutefois, il comptabilise deux points en se classant dix-huitième au général.
Stéphane le déclare lui-même : "Durant les courses, je n’avais pas de grip à l’arrière et ne pouvais rouler comme je voulais. Avec les mécanos, on a regardé ensemble pour tenter de trouver une solution pour la seconde course mais on n’a pas réussi, parce que le problème a récidivé. Pourtant tout allait bien hier. Contrarié par ce résultat, je veux oublier cet épisode et me concentrer sur ma préparation pour la prochaine course."
Stéphane compte bien tenir la dragée à son coéquipier Adrien tout en mettant l'accent sur l'acquisition continue d'expérience. Notons au passage que le parcours du Championnat européen CEV Repsol lui est familier, puisque seul le tracé d'Albacete lui est inconnu !
Le Valdo-Genevois Alexandre Soguel, issu du Championnat allemand IDM, témoigne à son tour : "Au bout du cinquième tour, j’ai commencé à avoir très mal dans mes bras alors que j’avais déjà devancé huit pilotes durant les deux premiers tours et, avec ces douleurs intenses, je n’arrivais plus à freiner ni embrayer correctement. Malgré tout, j’ai continué ma course jusqu’au bout. Dans les premiers tours, sans douleur, je m’étais bien amélioré, donc je suis assez content pour cela et je sais que j’aurai pu me battre pour un meilleur résultat entre le dix-neuvième et vingt-cinquième rang."
Au retour de ce week-end de course, le médecin d'Alexandre soupçonne les symptômes du syndrome des loges. Le pilote craint le pire mais espère tout de même mener à bien cette saison 2015.
Les mécaniciens du Swiss Junior Team Moto2 ont encore à peaufiner l'adaptation de sa moto en fonction de sa morphologie, dans le but d'aider Stéphane à trouver un bon feeling... pour qu'il puisse chasser les points durant tout le championnat.
Le Swiss Junior Team Moto2 participera à une course du Championnat suisse (SMR) à Dijon, en août prochain. Ce sera l'occasion pour les fans de faire le déplacement, puisque le circuit de Dijon n'est qu'à quelques heures de route de la Suisse !
Et pour clore ce premier week-end du Championnat, le manager du team, Christian Perritaz, se montre très satisfait des résultats obtenus par ces poulains. Il se dit même surpris (en bien!) du niveau atteint dès le début du Championnat. Voilà de quoi entamer la saison sur une note très positive et motiver (encore plus) la troupe !
"Avec le niveau atteint pour cette première course, il est fantastique de constater une entrée dans le top 10 ! Alors qu’on s’était fixé dans une tranche de vingtième à trentième, ils se sont déjà situés entre le quinzième et le vingtième rang ! C’est donc le top, vu le manque d’expérience acquis à ce jour sur ces nouvelles motos. La mise en place de la nouvelle structure a été difficile, avec une charge de travail énorme. En à peine trois mois, tout le travail de six à huit mois, a été réalisé, grâce à des personnes très compétentes, donnant de très précieux coups de main en mettant en avant toutes leurs qualités et expériences professionnelles déjà acquises dans les teams du niveau GP et plus. Monter une telle structure professionnelle en si peu de temps aurait été quasi impossible à faire, sans ces précieux apports."
Prochain rendez-vous, le 21 juin sur le circuit de Catalunya !