Présent dans le paddock MotoGP™ depuis près de vingt ans en tant que reporter pour Motorcycle News, Matthew Birt vous propose une opinion venant du coeur du paddock.
À égalité de points en tête du Championnat du Monde MotoGP™ 2015, Jorge Lorenzo et Valentino Rossi sont voués à poursuivre leur duel pour le titre mondial jusqu’au bout de la saison.
Après une véritable démonstration de force de la part de Lorenzo à Brno, les deux pilotes ont encore sept courses devant eux pour se départager, remporter un nouveau titre de Champion du Monde aussi important pour l’un que pour l’autre mais aussi prendre l’ascendant au sein du team Movistar Yamaha MotoGP.
La course de Brno n’a rien eu de la bataille que l’on pouvait attendre entre Lorenzo, Marc Márquez et Rossi, qui étaient côte à côte en première ligne.
Lorenzo s’est en fait très vite imposé en tête de la course pour s’assurer la victoire mais aussi une belle revanche après avoir été battu par Márquez en fin de course à Indianapolis, où il avait pourtant mené durant presque toute l’épreuve.
Márquez espérait de nouveau suivre Lorenzo à Brno mais a vite été décroché par ce dernier, qui s’imposait en solitaire pour la cinquième fois de la saison au terme d’une course parfaitement contrôlée et vierge de la moindre erreur.
Comme lors de sa série de victoires qui s’était étendue de Jerez à Catalunya, Lorenzo a mené du début jusqu’à la fin et réalisé une performance démontrant l’efficacité des armes qui composent son vaste arsenal.
Le tout commence avec un départ parfaitement exécuté, suivi de trois ou quatre tours à la cadence la plus élevée. La régularité du rythme de Lorenzo n’a ensuite laissé aucune chance de contre-attaquer à Márquez et Rossi.
Du deuxième au neuvième tours à Brno, les chronos de Lorenzo n’ont varié que de 0.335s au maximum. Et entre le 14e et le 21e tours, lorsque la victoire lui semblait déjà promise, l’écart entre son meilleur temps et le moins rapide n’était que de 0.376s.
Lorenzo a aussi réalisé deux tours de plus que Márquez dans les 1’56 mais surtout cinq de plus que Rossi sous les 1’57.
Márquez et Rossi ont très vite reconnu leur défaite. Les deux ont admis avoir été battus par un pilote bien plus rapide mais cette défaite fut bien plus dure pour Rossi que pour Márquez.
Et l'Italien n'a pas pu le cacher.
Márquez demeure un outsider pour le titre et n'a certainement plus assez de courses devant lui pour revenir dans la lutte, à moins que ses deux rivaux ne commettent une grave erreur ou soient victimes de la malchance.
Mais le langage corporel de Rossi en disait long. Ses dix podiums précédents avaient été célébrés avec joie et énergie. À Brno, Rossi a esquissé un sourire pour les caméras mais semblait abattu.
Ce n’était pas seulement dû au fait qu’il ait perdu ses 13 points d’avance en l’espace de sept jours, il y avait aussi la manière dont Lorenzo avait repris l’offensive dès son retour de la trêve estivale.
L’importance de cette victoire n’a pas échappé à Lorenzo. Ses gestes et ses poings vigoureusement lancés vers le ciel sur son tour d’honneur parlaient d’eux-mêmes. Lorenzo retrouvait son attitude : le torse bombé, les mains sur les hanches, dressé sur le mur de pneus. Une attitude trop arrogante pour certains mais pour nous, elle montrait simplement l’importance que Lorenzo accordait à cette victoire.
Pour beaucoup d’observateurs, la course de dimanche dernier à Brno est apparue comme l’un des tournants de la saison, lors duquel Lorenzo aurait irréversiblement pris le pouvoir dans la lutte pour le titre.
Cette lutte est évidemment loin d’être terminée et annoncer que Rossi n’a plus ses chances serait un vulgaire manque de respect à son égard. Lorenzo a remporté deux courses de plus que Rossi et mené durant 142 tours de plus que l’Italien. Mais ils ont tous les deux 211 points, un total que l’Italien s’est assuré en finissant sur le podium à toutes les courses.
La saison nous réserve très certainement bien d’autres rebondissements et l’historique de ces dernières années suggère que la lutte pour le titre ira jusqu’au bout. Avant les sept dernières courses de la saison 2014, Rossi et Lorenzo n’étaient séparés que de quatre points et allaient tous les deux finir avec deux victoires, un abandon et quatre autres podiums.
Place au spectacle !