
S’il y a bien un pilote qui remporte tous les suffrages au niveau de sa cote de popularité, c’est Dominique Aegerter. Sympathique, souriant, disponible, dur au mal, les qualitatifs manquent pour le décrire. Et dire qu’il n'aura pas eu la vie facile durant sa carrière est un doux euphémisme.
En effet, tout au long de sa carrière, Domino n’aura pas été souvent sur la bonne machine au bon moment, mais il aura surtout été ce qu’on appelle un pilote payant ! A savoir qu’il devait amener une part, voire tout le budget pour financer sa saison. Du coup, entre la recherche des sponsors et toutes les tâches annexes ainsi que la crainte du coût des « pièces de chute », il lui aura été difficile de piloter l'esprit libre en se consacrant à 100% à son grand art du pilotage.
Pour vous donner une idée, en 2018 alors qu’il était pilote pour l’équipe allemande Kiefer Racing, Aegerter a dû amener l’ensemble du budget de CHF 600'000.-, ce qui a été rendu possible grâce à une opération de crowdfunding. Ce n’est rien que moins que de trouver le chiffre d’affaire d’une PME !
De son parcours, on retiendra surtout les années 2013 et 2014 où il termine deux fois cinquième du championnat du monde Moto2 au guidon d’une Suter. On retiendra également sa disqualification lors du Grand-Prix de la République de San Marin en 2017, toujours au guidon d’une Suter, pour une histoire d’huile trop fluide dans son moteur… alors qu’il n’y était pour rien.
Jamais épargné par les injustices, à notre sens le pilote helvète vivra la pire en cette fin de saison 2021 alors qu’il était en lice pour le titre de Champion du Monde MotoE. A l’attaque de Jordi Torres dans l’avant-dernier virage du dernier tour du dernier Grand-Prix (vous avez suivi ??), Dominique et Jordi se sont touchés alors que le Suisse se trouvait à l’intérieur. Cette touchette entrainera la chute de l’Espagnol qui perdait ainsi le titre alors qu’il l’aurait conservé en laissant passer Aegerter… Malheureusement Dominique se verra pénaliser de 39 secondes par les commissaires ce qui permettra à Torres de coiffer la couronne…
Sans cela, et bien qu’il ait fait l’impasse sur la double course WSS de Barcelone, Aegerter aurait pu être le premier pilote Champion du Monde à la fois en Championnat WSBK et MotoGP. Faut-il y voir un conflit d’intérêt ? Nous n’entrerons pas dans le débat, mais…
Toujours étant, et c’est là qu’on reconnait un grand champion, ces événements n’ont pas réussi à ôter, et encore moins à émousser, la bonne humeur et le sourire dont est toujours paré Domino.
Aujourd’hui, on sait que le n° 77 poursuivra avec l'équipe Ten Kate en 2022, le team manager Kervin Bos évoquant même déjà 2023 tant le pilote helvéte donne satisfaction : « Nous sommes très fiers d’annoncer que Dominique Aegerter courra à nouveau pour Ten Kate Racing Yamaha la saison prochaine. Cette annonce est assez tardive, mais nous sommes parvenus à un accord au début de la saison. Dominique correspond parfaitement à l’équipe et sa mentalité suisse colle à notre manière de travailler. L’objectif est aussi de grandir ensemble en 2023, nous en reparlerons plus tard. Nous avons encore une course à disputer cette année en Indonésie. Nous pouvons rouler sans pression, et je m’attends à voir un magnifique Dominique Aegerter. »
Pour que tout un chacun puisse se rendre compte de l’humanité d’Aegerter, nous sommes aller piocher des anecdotes et des avis auprès de personnes qui ont eu la chance de le cotoyer.
On commence par Sonja et Olivier, deux valaisans passionnés de moto :
Sonja : Tu le mérites, trop contente pour toi.
Olivier : Belle revanche sur le "vol" en motoE. Tu es le meilleur.
Sonja : Son sourire et sa grande présence sur les réseaux sociaux, accessible vis-à-vis de ses fans, respectueux.
Olivier : Sa capacité de communiquer sur les réseaux sociaux ainsi que sa jovialité, il a toujours la banane.
Sonja : En 2014, lors de notre arrivée sur le circuit du Mugello, je portais un t-shirt où je faisais un bisou à Domino. Les officiels ont cru que j'étais sa maman et se sont empressés d'ouvrir les portes du circuit pour y entrer avec le camping-car.
Olivier : Chaque année, au Mugello, nous faisions la raclette avec le moto-club dans l'hospitality du team. Malgré son départ pour un autre team, Domino venait chaque fois nous rendre visite au "campement" avec le sourire. Il nous cherchait avec son scooter pour nous dire bonjour.
Sonja : S'il avait été espagnol, il aurait eu le double titre.
Olivier : Dégoûté de la "mafia" espagnole. Une deuxième place aurait suffi à Torres pour être sacré champion du monde, mais il a voulu jouer et a perdu. C'est une injustice de plus dans le sport.
Sonja : une année en WorldSSP, puis en WorldSBK.
Olivier : La WorldSSP lui convient bien, malheureusement, il a le rythme de la Moto2. Une année en SSP pour confirmer son titre et ensuite pourquoi pas tenter la WorldSBK.
Enfin, pour ceux que ça intéresse et qui veulent avoir un morceau d'histoire dans leur garage, la R6 Ten Kate championne du Monde 2021 est à vendre pour la somme de € 39'990.- (hors TVA de 21%).