Ce n'est finalement que le lundi 5 mai que j'ai quitté Arequipa. En effet, l'état de mon dos au niveau des lombaires à nécessité un massage appuyé et une injection d'anti-inflammatoires dans la fesse. Quel plaisir ! Chose étonnante, au Pérou, on peut obtenir un kit d'injection sans ordonnance à la pharmacie et se faire faire la piqûre dans un dispensaire de rue.
J'ai pris la route du Canyon de la Colca éloigne d'environ 160 km d'Arequipa. Michel m'avait réservé une chambre au Bella Flor à Yanque tenu par son copain Natalio. Il s'agit d'un charmant petit hôtel familial ou j'ai été accueilli de manière très personnalisée. Après un succulent repas arrose d'un jus de fruit de cactus, Natalio m'a accompagné aux bains thermaux du village. Une heure dans de l'eau à 34 degrés à fait le plus grand bien à mon dos. Le lendemain, j'ai enfourché la moto tôt le matin et suis allé voir les condors depuis un mirador aménagé au bord du canyon très profond à cet endroit. Dix minutes après mon arrivée, les premiers oiseaux sont apparus au fond du canyon et ont commencé à monter en utilisant les thermiques. C'est sans donner un coup d'aile qu'ils sont arrivés à ma hauteur. A un moment donne, il y avait une douzaine de condors en l'air et ils passaient parfois à quelques mètres de mon point d'observation. Un spectacle fascinant qui a duré une bonne heure.
Après être revenu à Yanque en empruntant le chemin courant sur l'autre versant du canyon, dans un décor bucolique, Natalio m'a invité dans ses bains aménagés au fond du canyon à quelques kilomètres de Yanque. Pour les atteindre, il faut descendre un abrupte talus clairsemé de cactus charges de fruits sur environ un kilomètre. Arrivés au bord de la rivière, j'ai eu la surprise de voir trois bassins cylindriques en maçonnerie remplis d'eau chaude. Nous nous sommes trempés dans l'un deux après que Natalio ait jeté des branches d'eucalyptus dans l'eau. Sous l'effet de la chaleur, les feuilles ont rapidement infusé et c'est dans une très agréable odeur que nous avons gauge pendant une bonne heure. Mais ce qui m'a surtout impressionné, c'est la détermination dont Natalio a dû faire preuve pour construire ces bassins et le cabanon en dur qui devrait un jour servir de buvette. En effet, tous les matériaux de construction ont du être transportés à dos d'homme dans un terrain on ne peut plus accidenté. Tout cela m'a rappelé l'utopie du mineur anglais dans le film Zorba le Grec.
Le troisième jour de mon séjour à Yanque, je suis allé faire une balade jusqu'aux ruines de l'ancien village de Yanque situe sur l'autre rive du canyon. A leur arrivée, les Espagnols ont obligé les habitants à quitter leur village difficilement accessible et contrôlable sur les hauteurs. Les ruines ont été consolidées et donnent un bel aperçu de ce à quoi pouvait ressembler ce village à l'époque pré-hispanique. En revenant, je me suis accorde un nouveau bain thermal, le troisième en trois jours. Mon dos semble apprécier ce traitement car il ne me fait presque plus souffrir.
Je suis reparti de Yanque le 8 mai en direction de Cusco que je pensais atteindre en deux jours (plus de 400 km avec beaucoup de piste). Finalement, je suis arrivé à destination le soir même après une belle journée de moto. J'ai dû franchir deux cols à 4800 m d'altitude, soit 150 km de bonne piste en terre battue. Une fois de plus, j'étais seul au monde dans ces montagnes, si ce n'est quelques troupeaux d'alpagas ou de lamas. La piste traverse aussi une énorme mine à ciel ouvert juste avant d'arriver à la première localité en redescendant dans la vallée.