Interview publié le 30 mai 2011

Julien Bill: «C’est plaisant de jouer les premiers rôles»

Propos recueillis par Jimmy Gurtner / Photo(s) de Patrick Schneuwly

Julien Bill, le top-pilote du Team Pellicari, se bat cette année pour le titre mondial en MX-3. Après une saison 2010 compliquée et malgré peu de moyens, 2011 sera peut-être une année en or pour le Genevois!


AcidMoto.ch: Julien, pour commencer, une brève présentation, ton âge, ce que tu fais dans la vie…

Julien: Julien Bill, tout juste 28 ans, pilote professionnel de motocross depuis l’âge de 16 ans, en Grand-Prix depuis six ans. J’ai commencé la moto à quatre ans et j’ai fait ma première course deux ans plus tard. Une passion devenue mon métier: je vis uniquement pour la moto, j’ai tout donné pour ce sport et cette année, j’ai un gros objectif avec le titre mondial. J’espère que ça marchera!

2010 a été une année difficile pour toi, avec l’arrêt de ta collaboration avec Aprilia et une fin de saison compliquée, malgré ta victoire au final MX-3 à Genève. Pourtant, en 2011, tu vises le titre! Qu’est-ce que ça te fait?

En fait, quand j’ai quitté Aprilia à la mi-saison, j’ai fait quelques courses sur KTM et j’ai gagné les deux manches de la finale MX-3 à Vessy. Ça m’a ouvert les yeux sur cette catégorie: j’ai réalisé que j’avais une chance de gagner ce championnat. Au lieu de repartir en MX-1 pour un top-10 et très peu de retombées, j’ai préféré changer de catégorie pour viser un titre mondial. Je crois qu’en effet, jusqu’ici c’est un bon choix. C’est également plus plaisant de jouer les premiers rôles que de se battre pour la dixième place…

Actuellement, tu es juste derrière Milko Potisek au classement. Ce sera ton seul rival pour le titre?

Non. Il y a aussi Martin Michek, un tchèque qui roulait en MX-1 chez TM, qui roule vraiment fort. Je pense que le titre va se jouer entre nous trois. Maintenant, Milko a vraiment fait un très bon Grand-Prix en Bulgarie, c’est vrai qu’il a fait deux super départs. Moi, au contraire, je suis assez mal parti. La piste était rapide et un peu mono-trajectoire, j’ai donc mis longtemps à remonter. Quand je me suis retrouvé troisième, les deux leaders avaient déjà fait le trou.

Je n’ai pas pu jouer la victoire, mais mes chronos étaient vraiment bons. Sincèrement, je pense être polyvalent, à l’aise sur tous les types de circuit. Je ne me fais pas soucis, c’est clair que ce sera un adversaire, mais je pense que je peux le battre.

Quelle est ta moto et quelles sont les principales différences avec des machines d’usine?

On roule sur des Honda, qu’on achète, parce que Honda Suisse ne nous aide pas du tout. Du coup, on peint nos motos en noir et blanc, pour ne pas leur faire trop de pub. J’ai quand-même roulé pour eux pendant six ans en championnat Suisse, avec quatre titres nationaux à la clé. Mais ils ont décidé de ne pas me donner d’aide… C’est comme ça.

J’ai été pilote HRC officiel en Grand-Prix en 2007-2008 chez Honda Martin, un team italien soutenu par le Japon. Les Honda sont de très bonnes motos et je me sens bien à leur guidon. On a la chance de pouvoir compter sur BUDracing, un préparateur moteur et suspensions français, qui fait du super boulot. La moto marche vraiment bien, on a pu la développer assez rapidement, même si elle s’est montrée très performante avec peu de modifications.

Comparé à une moto d’usine, ce n’est tout simplement pas le même monde. Les suspensions sont différentes, le châssis est différent, le moteur est complètement revu. Bon, aujourd’hui, les motos « de série » sont très performantes et je reste persuadé qu’avec une moto comme j’ai actuellement, on peut faire de très bons résultats en Grand-Prix. De là à aller jouer la victoire en MX-1, je pense qu’il faudrait encore un peu plus.

Rouler dans un petit team privé, en plus tout jeune, ça a ses avantages et ses inconvénients…

Oui, effectivement. Alain a décidé de monter cette structure privée pour permettre à Tim et Lucas de progresser en championnat suisse. En parallèle, on me fait participer à l’intégralité du championnat du monde. On a dû chercher un budget assez conséquent rapidement, c’était difficile. Beaucoup de gens qu’on a abordés ont décidé de ne pas nous suivre dans l’aventure. Ça peut se comprendre, mais je trouve dommage que le 70% de nos sponsors soient étrangers. Ça fait partie du jeu et j’espère faire en fin d’année les résultats que j’attends pour leur prouver qu’ils ont eu tort de ne pas nous suivre.

Sur le plus long terme, on voudrait faire évoluer la structure et le team encore plus haut, avec pourquoi pas de jeunes pilotes suisses de talent qui arriveront au niveau international et mondial.

Et pour toi, l’objectif serait un retour en MX-1?

Pour l’instant je suis vraiment focalisé sur ma saison MX-3 et sur le titre mondial. Maintenant, je sais que Youthstream (promoteur et organisateur des GP) offre une place en MX-1 au champion MX-3 sortant. On n’a pas encore pensé à ça, la saison est encore longue. Si je devais choisir, je ne saurais pas vraiment quelle décision on pourrait prendre. Rouler avec une plaque de numéro un, c’est quand-même plaisant, surtout que certains sponsors n’attendent que ça. C’est un choix difficile.

Le MX-1 c’est bien, mais ça coûte très cher aussi. C’est quand-même la catégorie reine, dans laquelle j’ai roulé cinq ans, donc je connais aussi le topo. Il faudra voir: si on a un budget conséquent et que nos objectifs sont revus à la hausse, pourquoi pas, mais j’estime que ce n’est pas faire marche arrière que de rouler avec une plaque de numéro un mondial. On prendra cette décision en fin de saison.

Le sport moto en Suisse, ça n’intéresse pas grand monde, que ce soit médias ou sponsors. Ayant voyagé dans plusieurs pays, quelle est ta vision de la situation?

C’est vrai que la situation est vraiment déplorable. Dans toutes disciplines, on a de grands talents, mais si on veut parvenir au niveau mondial, il faut s’expatrier. Tom Lüthi l’a fait en partant pour l’Allemagne, je l’ai fait très jeune en allant en France. Les jeunes qui veulent percer en MX doivent aller dès leur plus jeune âge, parce que notre fédération ne fait pas grand chose pour les aider. Surtout, on n’a pas de filières comme on en trouve en France, qui dispose de pôles Espoir, d’une équipe de France Junior, qui emmènent les jeunes au plus haut niveau.

Pour finir, peut-on avoir un aperçu de l’emploi du temps de Julien Bill?

Cela dépend des jours, mais c’est assez le train-train. Le matin, c’est entraînement physique avec vélo ou course à pied, musculation. L’après-midi, c’est roulage moto. Si j’ai une course le weekend, je vais m’économiser durant la semaine pour être frais. En semaine type, sans course le weekend, c’est cinq jours de roulage par semaine et de l’entraînement physique tous les matins.
Je m’accorde un jour de repos, généralement le lundi d’après un Grand-Prix, mais actuellement je mets les bouchées doubles afin d’être prêt pour la Finlande.

Merci à Julien pour sa disponibilité et au team Pellicari pour son accueil. Bonne chance à Julien pour la suite de la saison!

Jimmy
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