Chaque été, Honda Suisse aime réunir quelques journalistes moto de la place pour leur proposer une grosse journée de roulage intensive dans un cadre de choix. Pour participer, il faut obligatoirement choisir une moto de leur parc. J'aurais pu prendre une Goldwing, ou une Crosstourer, mais non j'aime souffrir et je prends la CBR 600 RA (ndlr: ce nom lui est spécifique en Suisse et veut simplement dire que c'est une CBR600RR ABS). Mon premier choix était la CBR1000, malheureusement déjà attribuée.
Je connais bien cette CBR, pour l'avoir déjà essayée à sa sortie, je retrouve presque la même moto cette fois-ci. Elle est toujours aux couleurs HRC, mais généreusement équipée de pièces Rizoma : leviers, clignotants, rétroviseurs, contre-poids, trappe à essence et support de plaque. Honda donne aussi de la voix à sa moto d'essai avec un silencieux Akrapovic homologué en titane et en carbone.
A la mi-juin je suis invité au circuit de Bresse avec la police cantonale vaudoise. C'est l'occasion rêvée pour cette CBR de poser ses roues sur piste. Dépouillée de ses rétroviseurs, support de plaque et clignotants, phares scotchés, j'embarque la moto dans un fourgon et me rends sur place.
Formalité administrative réglée, il faudra attendre 10h avant la première session. D'abord a lieu un briefing théorique mais surtout une démonstration pratique de Sébastien Suchet et Bastien Chesaux. Démonstration qui a eu lieu sous nos yeux ! Et non pas retranchés à bonne distance de la piste, nous nous tenions à environ cinq mètres de la corde quand les pilotes passaient !
Vient enfin le temps de rouler. Je suis dans le premier groupe qui prendra la piste. Depuis 2013, je n'avais plus roulé cette CBR. Attaquer d'emblée sur piste était osé mais je me suis très vite habitué. Honda sait faire des sportives faciles à prendre en main et qui ne cherchent pas à se débarraser de leur pilote la première épingle venue.
J'ai roulé plusieurs fois ici par le passé, je connais le tracé mais il me reste un gros cap à franchir pour commencer à mesurer mes temps au tour. La piste, je l'aime en voiture ; en moto, je n'arrive tout simplement pas à débrancher. Heureusement la CBR600 me met doucement en confiance. Au fil des sessions, je repousse peu à peu mes freinages.
Grâce (ou à cause, c'est selon) à l'ABS, je me permets de saisir le levier sans ménagement, pareil pour l'arrière que j'utilise volontiers en bout de ligne droite. Inscrire cette sportive en courbe est d'une incroyable facilité. Sans frein ni gaz, il suffit de se décaler sur la selle et de regarder la sortie pour qu'elle prenne instantanément de l'angle.
Comme montré par les pilotes, il suffit d'un mouvement de tête pour relever la machine et ainsi accélérer de façon optimale en sortie de courbe. Dépourvue de contrôle de motricité, il faut ressentir combien la roue arrière peut encaisser de puissance. Heureusement, le couple fourni par le quatre-cylindres à bas régime est limité et facilement dosable. Il faudrait réussir à conserver un régime moteur haut en virage pour avoir le couple maximum disponible en sortie de courbe.
Le pilotage sur circuit demandant d'être très mobile sur la moto, on ne peut pas parler de confort dans ce contexte. L'ergonomie de la CBR600RR est faite pour ça, il n'y a que mes grandes jambes qui demanderaient des commandes reculées pour être plus à l'aise.
Le moteur 600cm3 est un régal à utiliser sur circuit. Sur route, il souffre du manque de couple à bas régime, mais une fois affranchi des limites du code de la route on peut essorer la poignée sans arrières pensées. Pour moi qui suis habitué au bicylindre, l'envolée jusqu'à 16'000 tours est enivrante. Passer devant les stands, poignée soudée avec l'Akrapovic qui me hurle dans les oreilles me laissera un bon souvenir. Seulement, j'apprendrais que, depuis le muret des stands, la CBR600RR était presque aphone pleine charge, foutue réglementation contre le bruit...