
Sur le marché des pneus, nous voyons de tout ! Des pneus conçus pour les grosses routières capables d’abattre des milliers de kilomètres, à ceux pour les sportives tendres à souhait en passant par les mixtes pour les trails et de nombreux autres styles de pneus spécifiques (supermotard, circuit, cross, …). Enfin, il n’y a pas que les novices qui s’y perdent !
Ces dernières années, la moto a fait des progrès. On trouve des contrôles de traction, des ABS perfectionnés, … Mais si l’on doit parler d’énormes progrès, nous parlons des pneumatiques ! Les performances des gommes bénéficient de technologies très avancées. Le pneu est l’élément unique qui vous lie à la route, lui faire confiance et saisir son comportement sont essentiels pour assurer des balades en toute quiétude. Mais pas seulement ! Il n’y a pas que la balade qui intéresse les motards. A côté de la balade, certains sortiront des chemins pendant que d’autres s’aventureront sur l’asphalte parfait des circuits.
C’est à cette dernière catégorie de motards que le pneu Pirelli Diablo Rosso Corsa s’adresse, des motards privilégiant une conduite sportive sur route ouverte et n’écartant point des journées sur circuit occasionnelles. En effet, ce Pirelli a été étudié pour une utilisation mixte. Les motards souhaitant un pneu capable de balade dominicale et de sorties sur circuit trouveront leur compte, affirme Pirelli.
Grip ou longévité, jusqu’à présent, il fallait choisir ! Jusqu'au jour où les pneus composés de plusieurs densités de gomme ont fait leur apparition. Le Pirelli Diablo Rosso Corsa en fait partie ! Il présente, sur le pneu arrière, trois types de gomme différents. La gomme centrale garantit la longévité et les deux zones de gomme sur les épaules assurent, quant à elles, des propriétés de grip époustouflantes. Ces deux dernières sont issues des recherches effectuées lors du World SuperBike et permettraient de "repousser les limites" aussi bien sur nos virolets que sur circuit. Aussi, ce Pirelli bénéficie de la technologie de trois brevets, dont l'EFT (Enhanced Patch Technology) qui contrôle la déformation dans le but d'optimiser la surface de gomme au sol sur l'angle.
La moto qui a reçu ces Pirelli est une Aprilia Tuono 1000R. Nous ne sommes ni dans le monde des pistardes ni dans celui des sages roadsters. Cette Aprilia est un entre-deux à l'image des Diablo Rosso Corsa, capable de balades dans nos cols comme de sessions sur circuit.
Les pressions recommandées par Pirelli sont 2.8 pour l’arrière et 2.5 pour l’avant. Des pressions valables sur route et, selon le constructeur, également sur piste ! Le Diablo Rosso Corsa est un pneu à vocation multi-usages. Les débutants seront soulagés de ne pas devoir s’interroger sur l’éternel sujet de la pression idéale. D’ailleurs, il n’existe pas de pression idéale. Chaque pneu à sa plage de pression adéquate… et cette dernière varie en fonction des conditions d’utilisation. Autrement dit, c’est la jungle !
Ces pressions ont été appliquées à notre essai sur route ouverte. Le Pirelli Diablo Rosso Corsa demande un peu de patience pour monter en température. Ceci dit, il est dans la bonne moyenne. Quelques grosses accélérations en ligne droite et freinage mettent le pneu à bonne température. Une fois chaud, c’est un régal ! Vif et précis, on apprécie la prise d’angle. La moto ne tombe pas, ne demande pas à être travailler, elle s’inscrit naturellement dans le virage. Une fois calée sur l’angle, la moto est comme sur un rail ! On se régale à l’approche des virolets : pif-paf, gauche-droite, la moto enchaîne les virages avec une aisance déconcertante ! Dans toutes les situations, on peut ouvrir plein gaz sans se soucier de la motricité (ceux qui se targuent du Traction Control de leur moto, tous des lopettes !). Sur route ouverte, nous estimons qu’il est nécessaire de ne pas "effacer cette fameuse bande de peur" ; garder une marge de sécurité est primordial ! Ainsi, dans toutes les conditions, le Pirelli Diablo Rosso Corsa a révélé l’excellente partie-cycle de la Tuono et a transmis tout le couple à l’asphalte sans faillir !
Sur chaussée mouillée, vu la structure du pneu sur les épaules, nous n’avons pas exagérément tenté le diable. Ceci dit, à aucun moment, le Pirelli a montré une faiblesse, même sur des routes gorgées d’eau et couvertes d’éparses flaques d’eau. Contrairement à la croyance populaire, Pirelli maîtrise la situation !
Les circuits de Bresse et du Bourbonnais ont été aussi les terrains d’essai de ce Diablo Rosso Corsa. Bresse, tout comme le Bourbonnais, sont des circuits faciles et présentent un tracé varié. Nous pouvons ainsi nous concentrer sur le pneu et ses réactions plutôt que sur le tracé lui-même.
Les couvertures chauffantes sont de mise si l’on souhaite attaquer dès le premier tour. Par précaution au vu de la météo caniculaire, nous avons préféré dégonfler les pneus (2.4 av et 2.3 ar).
Sur circuit comme sur route, nous ressentons ce même feeling lors de la prise d’angle. Un comportement neutre, aucune contrainte, peu importe l’angle inscrit ! Le Pirelli Diablo Rosso Corsa met en confiance. Toute notre attention peut ainsi se porter sur notre pilotage. Les virages s’enchaînent, et à chaque sortie, on remet les gaz de manière toujours plus virile. Ça croche ! Le pneu est scotché à l’asphalte et ne montre aucune faiblesse. Pas de petites glissades, ni de zones floues !
En situation de gros freinages, en ligne droite ou sur l’angle, le Pirelli ne bouge pas et garde sa précision. Dans le cas d’un excès de vitesse dans l’amorce d’un virage, le Diablo Rosso Corsa répond présent et assure !
Après une séance de vingt minutes de piste, le pneu n’a pas subi de surchauffe. Aussi, on notera qu’il "produit" peu de boulettes ; c’est appréciable !
Jusqu’à présent, avouons, nous lui portons que des éloges ! Le Pirelli Diablo Rosso Corsa est un excellent pneu routier, mais aussi capable de belles performances sur circuit. Par contre, nous lui reprocherons son comportement "à la limite". A l’extrême, en limite d’adhérence, il décroche sans prévenir. Contrairement à d’autres pneus comparables, le Pirelli ne laisse pas place à cette micro-zone d’avertissement : "ça glissouille, fais gaffe, si tu forces, ça ne passera pas !". On se rappelle encore du coup de raquette dans la chicane avant la ligne droite des stands de Bresse (gnak !).
Et, finalement, au sujet de l’usure, le Pirelli a assuré un grip maximal jusqu’à son dernier soupir. Le pneu arrière a parcouru 3’200km, dont 400km sur circuit. Nous relèverons que le pneu arrière s’est usé régulièrement de la bande de roulement aux épaules ; ce qui n’est pas toujours le cas parmi les pneus de type supersport. Le pneu avant, lui, est encore en vie ! Peut-être usons-nous de l’excellent frein-moteur du twin de l’Italienne plutôt que des freins Brembo à fixation radiale !
Le Pirelli a satisfait de par sa polyvalence et ses performances. Il est un pneu qui met en confiance et qui procure d'excellentes sensations de pilotage. Nous irions jusqu'à dire, sans gêne, qu'il métamorphose les motos sportives !