Le segment Sport-Touring représente une grosse part des ventes de pneus en Europe. En effet, la plupart des motos du marché peuvent en être équipées et de nombreux motards le privilégient sur route car c’est un pneu qui se doit d’être polyvalent et performant par tous les temps. Ça, on le savait déjà. Or, avec ce nouveau T32, Bridgestone lance un petit pavé dans la mare. Pourquoi ? A cause d’améliorations et nouveautés techniques comme la technologie “Pulse Groove”, dérivée de la branche automobile, qu’ils appliquent pour la première fois sur un pneu moto. Cette technologie permet d’optimiser l’évacuation de l’eau grâce à des variations de la largeur des rainures du pneu, combinées avec des petits déflecteurs qui divisent le flux d’eau en deux et ainsi accélèrent son évacuation. Une sorte d’effet venturi, en somme. Grâce à cette technologie, la distance de freinage sur revêtement humide serait diminuée de 7%, selon la marque japonaise. Bridgestone annonce en outre une augmentation de 13% de la surface au sol de son pneu arrière, des chiffres non négligeables donc.
Lors de la présentation qui nous a été faite, nous avons pu constater qu’il est désormais possible de déformer la carcasse du pneu avant avec les doigts, chose quasi impossible avec un T31, ceci pour améliorer les infos que renvoie le train avant. En marge du T32, Bridgestone a également lancé le T32 GT, une déclinaison adaptée aux motos plus lourdes comme les FJR 1300 et BMW R1250 RT pour ne citer qu’elles. Le GT promet une durée de vie supérieure de 10% ainsi qu’une stabilité accrue comparé à son prédécesseur. La longévité du T32 standard quant à elle est identique au T31.
Au programme du premier jour, dans la région napolitaine, une boucle d’environ 300 km entre terre et mer. C’est au guidon de 3 motos légères, une BMW F900XR, une MT-07 et une KTM Duke 890, que j’effectue mes premiers tours de roues avec ces T32. Première agréable surprise, en 5 minutes seulement les pneus sont chauds et une grande confiance s’installe déjà. Je me surprends à réussir à suivre le rythme soutenu de mon groupe sans forcer. En dépit du faible grip offert par la chaussée sud italienne, je me sens en total contrôle, y compris lorsque le pneu arrière commence à glisser. La glisse justement, est très facile à gérer grâce à un retour d’informations optimal et rassurant. Le train avant, lui, offre une précision exemplaire et rarement atteinte pour un pneu de cette catégorie.
Pour être tout à fait honnête, j’avais un léger apriori sur Bridgestone car je ne suis pas un grand fan des carcasses très rigides, mais mes craintes ont vite été dissipées et je dirais même que le rigide a du bon ! Surtout sur les motos plus puissantes. Le manufacturier japonais a retravaillé sa carcasse en assouplissant la bande de roulement tout en gardant son ADN grâce aux flancs du pneu, toujours bien rigides. Les changements apportés permettent de contenter aussi bien les habitués de la marque que les néophytes comme moi. Sur les 3 motos que j’avais à disposition, le scalpel autrichien est clairement celui qui arrive le mieux à tirer parti des qualités du T32. Ses suspensions plus rigoureuses permettent au pneu de s’exprimer pleinement en étant scotché à la route. À l’inverse, la MT-07 a plus de peine à laisser les 2 roues en contact avec le bitume et est par conséquent moins rassurante. Les très nombreux enchaînements de virages rapides que j’ai rencontrés me mènent à une conclusion : ces pneus présentent des aptitudes dynamiques très satisfaisantes, par contre, côté vivacité ils ne font pas concurrence à un pneu plus sportif.
Deuxième jour, Yamaha Tracer 9 GT, Kawasaki Versys 1000 et BMW S1000XR au menu du jour. Je m’extirpe du centre-ville de Naples, cap sur Rome. Je suis au guidon du tri-cylindre japonais et notre ouvreuse nous fait prendre un bout d’autoroute pour quitter la banlieue napolitaine plus rapidement. L’occasion pour moi de mesurer le confort et la stabilité appréciables de ce T32 sur voie rapide. Les suspensions des motos du jour, toutes réglables électroniquement, permettent enfin aux pneus de pleinement s’exprimer. Et quel régal ! La stabilité au freinage offerte par ces gommards sur des motos d’un certain poids, est bluffante. Le combo bitume-suspensions, de meilleure qualité que la veille, nous autorise des vitesses de passage en courbes plus élevées, le tout sans forcer. Mon seul regret est de ne pas avoir pu tester les pneus sur revêtement mouillé. D’après l’ingénieur Bridgestone de mon groupe, c’est là un vrai point fort du nouveau pneu et nous n’aurions pu être que convaincus. Je n'ai malheureusement pas pu essayer la version GT car la moto qui en était équipée a subi un petit accident.
Un train avant ultra précis, un contrôle total, une rigidité retravaillée, décidément que des points positifs pour ce T32 ! C’est un excellent pneu routier compatible avec un large panel de motos, un peu moins adapté cependant aux machines les plus légères. Nul doute que ce pneu saura satisfaire de nombreux acheteurs, qu’ils soient habitués aux Bridgestone ou non. Le manufacturier japonais annonce une légère hausse de prix (3%) par rapport au T31, en raison de la difficulté d’approvisionnement de certains composants en ces temps troublés qui courent. Le pneu est d’ores et déjà disponible dans une large gamme de dimensions.